Ou le Croissant, ou les coups !

Le 16/10/2024

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Devant la riposte iranienne jugée limitée par certains commentateurs (soit pourtant 200 missiles, excusez du peu), le Courrier des Stratèges a tenu à interroger Thierry Meyssan pour obtenir des clés de compréhension sur l’état actuel du conflit qui oppose l’Iran à Israël. Les deux compères que sont Edouard Husson et Eric Verhaeghe l’ont ainsi questionné une heure durant. Certes Meyssan a osé s’interroger sur des indices troublants concernant le 11 septembre, certes il connait le monde arabe de l’intérieur pour y vivre, semble-t-il. Pour autant cela fait-il de lui un observateur fiable parce qu’objectif ? Loin de là. Il manifeste de plus en plus ses a priori contre l’Etat hébreu et en arrive à défendre l’indéfendable, le fanatisme islamique. Mais le pire au cours de cette petite table ronde, c’est la convergence de vues entre les trois hommes, à quelques nuances près. Aucun différend sur le fond ne parait les opposer. C’est aussi l’absence totale de citation précise des sources. Tout est dans l’à peu près. Or, ne dit-on pas que le diable se cache dans les détails ? La géopolitique régionale y est décrite avec beaucoup d’approximations et l’aperçu qui en est donné repose essentiellement sur des spéculations.

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Et puis, dès lors que Verhaeghe insiste auprès de Meyssan pour qu’il cite textuellement les phrases attribuées à un « sioniste » par exemple, on n’est pas plus avancé, on reste dans le flou. Verhaeghe se justifie, arguant que son auditoire réagit vivement contre des affirmations péremptoires non sourcées. Mais Meyssan ne s’exécute pas. Soit il répète vaguement la citation affirmant qu’elle est extraite d’un podcast quelconque sans autre précision, soit il revient carrément sur ses dires. Tout ceci n’est pas sérieux. Quant aux interventions orientées d’Edouard Husson, elles me font penser qu’il a bien mal évolué depuis son « Nous pouvons vivre sans les juifs » Novembre 1941. Mais j’ai déjà dit ce que je pensais de sa vision du conflit au Moyen-Orient. Enfin, lorsque l’un d’eux affirme de but en blanc qu’Israël se livre à une purification ethnique en Palestine et au Liban, mon sang ne fait qu’un tour devant une telle allégation. Cette opinion ne se fonde que sur la propagande de deux milices, le Hamas et le Hezbollah, propagande qui est tout sauf recevable comme source d’informations. Si nos trois observateurs veulent vraiment évoquer des bains de sang indiscutables, ils vont en avoir avec ce qui suit. Nous allons voir en quoi consiste l’essence du régime iranien, loin de l’impression fallacieuse qui ressort de ce dialogue entre gentlemen.

Que peut-on retenir de l’intervention de Meyssan d’un point de vue factuel ? Eh bien, que deux factions s’opposeraient en Iran. L’une, dans le sillage du « guide suprême » Khamenei, ultra conservatrice, et l’autre, plus pragmatique et, le cas échéant, encline à un dialogue avec Israël. Cette dernière, composée de représentants de riches familles du bazar, revendiquerait d’augmenter son volume d’affaires. Ils voudraient que l’occident abandonne ses sanctions en contrepartie de l’abandon par l’Iran de sa politique agressive. Mais de cette scission au sein des « élites » iraniennes, nous n’avons en fait aucune preuve qu’elle soit déterminante. Elle est évoquée depuis plus de trente ans, sans qu’on ait vu quoi que ce soit changer. Meyssan, en tous les cas, n’apporte aucune preuve solide. Les médias nous avaient déjà fait le coup, lorsque Khatami était président, il y a quinze ans. Celui-ci, à les entendre, devait faire souffler un vent nouveau de liberté. Oualou ! Il n’en a rien été. Je me méfie donc de cette analyse, qui repose, au mieux, sur des sables mouvants. Mais passons.

A défaut d'une opposition structurée, peut-être y a-t-il effectivement des taupes qui travaillent pour le Mossad au plus haut niveau de l'appareil iranien.

En ressortant de cette interview, à supposer que vous ne connaissiez rien de l’Iran auparavant, vous penseriez que les mollahs règnent sur le pays, tel un doux zéphyr dans un ciel bleu. Ses dirigeants passeraient pour des gens équilibrés et attentionnés envers leur peuple, qui ne souhaitent que faire valoir leur souveraineté devant les agissements américains. En revanche, l’Iran aurait en face de lui un état belliqueux qui fait peu cas de la vie et ne cesse de lui chercher querelle en voulant s’étendre, qui sait peut-être jusqu’à Téhéran ! Décidément, cette interview est lunaire, comme on aime le dire à propos de beaucoup de déclarations de macronistes. Lunaire, parce que décalée de la réalité au point que tout est inversé.

Aussi ai-je décidé de rappeler un certain nombre de faits au bon souvenir de nos trois observateurs. Ma source principale n’est autre que la monumentale Histoire secrète de la révolution iranienne de Ramin Parham et Michel Taubmann. Il s’agit d’un ouvrage autrement plus sérieux et documenté, qui couvre les trente premières années de la dictature islamique iranienne. Les extraits que j’ai choisis montreront la véritable et effroyable nature du régime iranien, qui n’a pas changé depuis 1979. Je rappelle que l’actuel « guide suprême », Ali Khamenei, faisait déjà partie du cercle des proches de Khomeyni en 1979. Et puis ce titre ronflant de « guide suprême », n’en dit-il pas long à lui tout seul ?

A son retour en Iran, au mois de février 1979, l’heure est venue. Le Shah est renversé. Khomeyni installe son QG dans une école qui deviendra une prison et les purges débutent, sans oublier « les prises d’otages, le chantage, les meurtres en direct, les scénographies sadiques… » Les premiers à faire les frais de la révolution sont les cadres de l’armée. « Certains des meilleurs soldats et officiers seront tués trois fois : fusillés, pendus et noyés ». Chaque jour, juchés sur le toit de l’école, Khomeyni et ses comparses bénissent les exécutions. « La cour de l’école Alavi est un bain de sang qui n’a pas le temps de sécher. » Les mains encore rouges, Khomeyni reçoit Arafat et scelle avec lui une alliance contre le pays qu’ils ne veulent même pas nommer et qu’ils appellent « l’entité sioniste ». On voit très tôt l’orientation que prend la révolution islamique en se liant si intimement et d’emblée avec le mouvement palestinien censé être laïque. La gauche iranienne, alliée de la première heure des mollahs, sera la victime suivante. Elle, qui avait prôné le mariage entre le marxisme et l’islamisme, va vite en faire les frais. Le parti communiste Tudeh sera décapité, qui avait pourtant collaboré avec les mollahs, poussé en cela par l’URSS et le KGB. Puis ce sera au tour des minorités, les « baha’is, les juifs, les chrétiens, les femmes, les dissidents kurdes, les intellectuels, les athées, les buveurs de vodka, les séducteurs, les artistes, bref tout ce qui ne ressemble pas à Khomeyni ». En mars 1979, on compte déjà 20000 prisonniers politiques. La correspondante de Libé ne l’enverra pas dire : « la révolution est dirigée par des voyous ». A ce propos, l’histoire d’Hassan Pakravan est éloquente. Pakravan dirigeait la Savak, la police secrète du Shah, du temps où Khomeyni était prisonnier. Néanmoins, il était parvenu à tisser des liens avec l’imam. Cette relation insolite incita Pakravan à obtenir la grâce du prisonnier et à œuvrer pour sa libération et son départ vers la Turquie. En dépit de sa protection passée, Khomeyni ne daignera pas surseoir à son exécution en avril 1979. Son corps sera livré à la foule qui le dépècera et éparpillera ses morceaux. « Spectacle écœurant : certains jeunes tremperont leurs mains dans son sang » !

Le mois de mai 1979 verra la création du CGRI, le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique. Son objectif est d’« assurer [sans délai] l’expansion de la révolution islamique à travers le monde ». Le message est on ne peut plus clair. L’islamisme est un impérialisme. Il a pour vocation la domination du monde. Apparemment pas pour les aveugles, ni pour les sourds. Débutera alors « une longue ère d’assassinats politiques commandités par le nouveau régime iranien, un peu partout dans le monde ». Petit rappel à tous les antimondialistes qui pensent que seule la CIA peut commanditer des meurtres. « Quiconque prend une voie autre que celle de l’islam est un ennemi, s’écriera Khomeyni. Quiconque s’oppose au clergé est un ennemi. » Le message annonçait la couleur, le rouge sang. Ça avait le mérite de la clarté. Et personne ne douta qu’il serait suivi d’effets redoutables : interdiction de la musique, de la presse critique, du cinéma, des bains mixtes, du théâtre, de la danse… Après les intellectuels, le régime visera les femmes dans son collimateur. « Ou le voile, ou les coups ! », leur lance-t-il. C’est son slogan, tout empreint d’humanisme comme on le voit. « Massacres, exécutions sommaires, violences faites aux femmes… appartiennent désormais à la routine. »

La Justice, lorsqu’elle délire au point de blâmer la victime et d’encourager le coupable, on ne le sait que trop aujourd’hui en France totalitaire, c’est le signe d’une inéluctable dérive vers le mal de la société. Et dès 1979, en Iran, c’est ce qui se passe. Ainsi, « si un homme viole une femme, c’est la femme violée qui est condamnée à la prison. Si un homme tue une femme et si par extraordinaire il est condamné à mort, la famille de la victime devra quand même indemniser celle du meurtrier. La femme est toujours coupable de quelque chose et même d’être victime. » Le renversement du verdict judiciaire est le symptôme d’une bascule dans la folie totalitaire. Chose que l’on constate ici aussi quand la victime qui se défend est poursuivie et que son agresseur bénéficie d’une grande mansuétude. Le Monde parlera même de « sanglante inquisition » envers les iraniennes. L’âge légal du mariage pour les filles sera abaissé à neuf ans ! Autant dire que l’islamisme voit d’un assez bon œil la pédophilie pour la légaliser de la sorte. Encore un signe de convergence entre totalitarismes, avec la dépravation patronnée par les mondialistes. « Ces années 1980 sont celles, où rasoir et fiole d’acide en main, les miliciens islamistes, souvent à deux et à moto, font régner la loi », notamment pour le respect de l’obligation du port du voile islamique. Au « paradis des mâles », la domination de l’homme sur la femme est institutionnalisée. Deux femmes s’insurgeront contre la sauvagerie du régime, à l’orée des années 2000, l’ancienne juge et militante des droits humains, Shirin Ebadi, qui se verra décerner le Prix Nobel de la Paix en 2003 pour son combat de défense des droits des femmes et des enfants, et une jeune fille de seize ans, Atefeh Rajabi. Accusée d’actes incompatibles avec la chasteté, Atefeh est arrêtée ainsi que son ami. Celui-ci s’en tirera avec cent coups de fouet, quand Atefeh sera pendue en haut d’une grue, le 15 août 2004. Pendant son procès, elle se défend toute seule, faisant preuve d’« une audace inouïe ». Non seulement elle ne flanche pas devant le juge, mais au contraire elle accuse le régime corrompu de Téhéran et ôte certains de ses vêtements en pleine cour. Ce juge, qui a tout du boucher, poussera l’abomination jusqu’à mettre lui-même la corde au cou d’Atefeh ! « Enterré le jour même de son exécution, son corps [est] déterré par des inconnus…, raconte Elisabeth Badinter. Il ne reste donc rien de cette adolescente suppliciée par des barbares au nom de la charia. »

En septembre 1980 débute la Guerre Iran-Irak, une guerre des tranchées, qui durera huit longues années. Entre Saddam Hussein et Rouhollah Khomeyni, ce sera « une véritable boucherie entre deux adversaires, dénués l’un comme l’autre de tout respect de la vie humaine. [Ces années] rappellent l’affrontement germano-soviétique pendant l’hiver 1942-1943 à Stalingrad », notent Parham et Taubmann. Je préciserais, les enfants en plus ! On évalue à un million le nombre de morts et à deux millions celui des blessés. Dans ce charnier inconcevable, on dénombrera des milliers d’enfants iraniens de moins de quatorze ans et des dizaines de milliers d’adolescents de quinze à dix-neuf ans. D’un côté, Saddam Hussein dégaine ses armes chimiques, et, de l’autre, Khomeyni ses bombes humaines : « des gosses qu’on sort des écoles pour les transformer en soldats kleenex, jetables après usage unique ». On les endoctrine, on les lance par vagues successives sur des champs de mines pour se faire déchiqueter. Mais « la guerre est une bénédiction », persiste à dire le « grand chef spirituel » dans son langage fleuri. Il aurait tort de se gêner, car personne n’ira jamais manifester contre lui et l’accuser de génocide envers les baha’is ou les kurdes ou que sais-je encore. Par nos trois commentateurs, comme par l’activisme islamo-gauchiste, le régime iranien a toujours été estimé sans la plus petite réserve. Le grand sage dira encore : « L’Islam veut conquérir le monde entier […] ceux qui ne connaissent rien à l’Islam prétendent que l’Islam désapprouve la guerre. Ceux qui disent cela sont sans cervelle […] L’Islam dit : le bien n’existe que grâce à l’épée et dans l’ombre de l’épée ! ». Si Netanyahu avait prononcé de telles incantations, nul doute qu’on l’aurait gratifié du titre de nouveau führer. En revanche, personne ne s’est jamais risqué à en faire autant avec Khomeyni sous peine de voir un contrat sur sa tête, comme Salman Rushdie. De même, personne ne descendra dans la rue contre son successeur Khamenei ou contre l’illuminé Mahmoud Ahmadinedjad, qui une fois sur le trône appelait à la destruction d’Israël dès qu’il ouvrait la bouche et que Thierry Meyssan semble tenir en considération. Ce faisant, Meyssan donne du grain à moudre à ceux qui le traitent d’antisioniste et davantage encore. Comment ensuite s’appuyer sur ses analyses devant tant d’indulgence pour le fascisme islamique ?

L’ayatollah au regard torve ne cessera d’inciter à l’exportation de la révolution islamique, et son fer de lance sera le Hezbollah. « C’est là, [au Liban] vers la fin de l’année 1982, que l’Iran envoie des hommes issus des rangs du CGRI. Ils y formeront les premières cellules souches  du Hezbollah […] tous inspirés par la révolution islamique et son leader, l’imam Khomeyni. » L’Iran financera ensuite la télévision de propagande du Hezbollah, Al-Manar, à côté de laquelle BFM passerait pour une télé séditieuse. Pendant ce temps-là l’Iran est exsangue avec ses 20 millions de sous-pauvres et une corruption qui gangrène le haut clergé, à commencer par le crapuleux Rafsandjani.

L’Iran va devenir au fil du temps un vaste cimetière. C’est d’ailleurs depuis un cimetière que Khomeyni fit son premier discours une fois de retour en Iran. C’était un signe. Cependant, c’est à son propre peuple qu’il infligera des sévices et la mort au bout du chemin, non à un peuple ennemi avec lequel il aurait été en guerre, ce qui lui aurait constitué au moins une circonstance atténuante. Le despote martyrisera les siens. Il légalisera la lapidation, la flagellation, l’amputation et les mutilations plus généralement, en remettant au goût du jour des textes du XIVème siècle. L’obscurantisme ressuscité !

Si l’on sait que le régime, en trente années, exécuta 4000 homosexuels, «  de 1979 à nos jours […] combien de fugueuses enrôlées dans les réseaux de prostitution ? Combien d’intellectuels, d’officiers rebelles, de Kurdes, de Turkmènes, d’étudiants condamnés à la pendaison en haut d’une grue, à la lapidation, à l’arrachement d’un œil et à la mutilation sous les cris d’Allah Akbar ? Combien ? » En guise de bilan provisoire, dans les trente premières années du régime « l’Etat islamique d’Iran aura perpétré pas moins de cinq grands massacres d’opposants et d’intellectuels. »

Juillet 1989 est une date qui ne dit rien à personne et pourtant c’est celle de la décapitation du mouvement kurde en Iran. Or, qui en a fait la publicité ? Qui est descendu dans la rue apostropher l’Iran ? Qui a dénoncé son régime inique ? Qui a qualifié sa politique envers les kurdes de purification ethnique ? Pourquoi une telle omerta dès lors qu’il s’agit de l’Iran ou d’un pays musulman en général ?

Pour savoir si Meyssan fait bien de tenir en considération les hommes de pouvoir en Iran, écoutez ce qui suit. Le 23 novembre 1988, le Dr Kazem Sami est sauvagement assassiné dans son cabinet médical à Téhéran. Il est découpé en morceaux. Encore un. Sami est un proche de l’ancien président Bani Sadr et a pris ses distances avec le régime. Plusieurs témoignages vont venir corroborer le fait que l’assassin n’est autre qu’un Gardien de la révolution. Ce membre du CGRI deviendra le maire de Téhéran, puis le président de la République. L’assassin n’est autre que Mahmoud Ahmadinejad ! Alors, c’est bien beau de parler des crimes de la CIA, mais ceux du CGRI, qui les dénoncera ? A priori, certainement pas Thierry Meyssan.

Pierre-André Taguieff, dans ses Prêcheurs de haine, rappelle les éloges aveugles de l’intellectuel Michel Foucault concernant la révolution iranienne. Il montre combien les penseurs français connaissant si peu l’islam et obéissant à une idéologie islamo-gauchiste se fourvoient. Que les Meyssan, Husson et Verhaeghe ne suivent donc pas cette voie. Ils ne feront que de tomber d’un totalitarisme dans l’autre. Tout ça pour ça ! On comprend alors pourquoi la France des intellectuels a hébergé sans état d’âme le loup dans la bergerie de Neauphle-le-Château. Là, Khomeyni planifiera sa prise de pouvoir et ses futurs bains de sang, comme en son temps et toujours dans notre beau pays, Pol Pot en avait fait de même. Giscard affrètera même un avion d’Air France pour le retour du loup. Seul le philosophe Raymond Aron, encore une fois, se distinguera par sa lucidité. Longtemps avant la création du Hezbollah, il écrira : « inspirée et guidée par les dignitaires de l’Eglise chiite, [la révolution iranienne] déclenche un mouvement religieux dont les répercussions risquent de déstabiliser des pays où des minorités chiites répondront peut-être demain à l’appel de celui qui s’appelle imam. » Avec le recul, qui a eu raison, de Aron et de Foucault ? Mais, en France, en 2024, on continue de préférer avoir tort avec Foucault qu’avoir raison avec Aron. On préfère se leurrer.

Est-ce que tout ça, Meyssan l’a évoqué ? A-t-il raconté les exploits d’Ahmadinejad ? Alors, messieurs Husson et Verhaeghe, n’imitez pas les intellectuels français qui ne cessent de se tromper par idéologie. Leurs analyses sont fausses, mais leurs partis pris sont authentiques. Et vous, monsieur Husson, qui êtes un historien reconnu, comment avez-vous pu faire l’impasse sur la nature du régime islamique, l’oblitérer devant l’un de ses thuriféraires, et ne pas reconnaître en l’Iran des mollahs le premier des fauteurs de guerre dans la région ?

Si cet article est trop long, qu’on m’en excuse ; il ne le doit qu’à la longueur des crimes de Khomeyni, de Khamenei et de leur clique de gangsters à turban. Si je n’ai pas parlé de l’Iran de ces quinze dernières années, c’est qu’il n’a pas changé. En 2022, une jeune iranienne d’origine kurde, Mahsa Amini, mourait durant sa détention par la police des mœurs, à cause d’un voile « mal ajusté ». S’ensuivirent des manifestations de colère, matées par la mitraille, vous imaginez bien : 30 000 arrestations, 551 manifestants tués, dont 49 femmes et 68 enfants, sans oublier les manifestants rendus aveugles, à l’image des Gilets Jaunes. Mais là Khamenei a battu Macron. Rien n’a donc changé au grand royaume de Perse. La même barbarie à sa tête. La contestation n’empêche cependant pas le régime de poursuivre sa politique expansionniste à travers le si mal nommé Axe de la Résistance, qui a tout de la coalition des puissances de l’Axe de la seconde guerre mondiale, plutôt que d’un mouvement légitime de libération.

Par ailleurs, il me fallait rappeler, au nom de l’équité, à nos angéliques intervenants du Courrier des Stratèges, que le mondialisme n’est pas le seul totalitarisme à vouloir nous porter atteinte. Car, si l’Iran de Khamenei parvenait à ses fins en rayant Israël de la carte, sachez le bien messieurs, une fois le verrou sauté, la route serait grande ouverte pour une islamisation de l’Occident à marche forcée. La sentence le Croissant ou les coups remplacerait alors la devise liberté, égalité, fraternité au fronton de nos mairies. Est-ce à cela que vous aspirez ?¾

 

Photo d’illustration : Deux jeunes iraniennes qui osent braver l’obligation du port du voile islamique dans le vieux bazar de Téhéran, juin 2024 © Vahid Salemi, AP

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