Aujourd’hui nous sommes devant une sorte de glacis planétaire, mais très provisoire car instable. Trois grands continents totalitaires coexistent : l’Occident sous emprise mondialiste, l’Islam et le Communisme, pas aussi moribond qu’il a pu paraître il y a vingt ans, après la chute du mur de Berlin. Cependant des lignes de faille nouvelles apparaissent, qui vont rompre les équilibres. Ainsi la percée des BRICS et leur entente au niveau monétaire lors de leurs échanges commerciaux sera à l’origine de grands bouleversements dans la tectonique géopolitique. Le nerf de la guerre étant l’argent, la dédollarisation du monde aura des effets sismiques indéniables. De plus, deux conflits internationaux pourraient aboutir à une déflagration globale : le conflit Russie-OTAN et le conflit israélo-palestinien.
Dans la galaxie des réfractaires au mondialisme, certains, et ils sont nombreux, comme Silvano Trotta ou Nicolas Stoquer, de Géopolitique profonde, dont je fais pourtant grand cas des interventions, se livrent à un deux poids deux mesures. Ils soutiennent avec force la position de Poutine. Selon leur analyse, et je la partage, Poutine a été poussé à l’intervention, comme JFK le fut lors de la crise des missiles de Cuba. Le fait est que les mondialistes américains ont implanté des bases de la CIA et de l’OTAN en Ukraine le long de la frontière russe. Cela a provoqué la réaction de Poutine tout comme JFK avait réagi, lorsque l’URSS avait installé ses missiles à une encablure des côtes américaines. La situation est symétrique, et nos commentateurs ont, à juste titre, soutenu le bien fondé de l’opération russe contre l’Ukraine. La Russie ne pouvait laisser la provocation des stratèges de l’Etat profond américain sans réponse. L’objectif pour l’OTAN, l’armée du CFR, lui-même le cerveau du mondialisme, a toujours été le démembrement de la Russie en une myriade de petites républiques plus contrôlables et le « départ » de Poutine, l’empêcheur de tourner en rond.
Je pose maintenant la question : pourquoi ces messieurs n’appliquent-ils pas alors la même grille de lecture au conflit entre Israël et ses voisins arabes ? Trotta et Stoquer s’évertuent à reprocher à Israël ses réactions violentes, voire à qualifier sa politique de génocidaire. Outre que le mot a beaucoup été employé à tort et à travers, sans discernement, en amalgamant une chose et une autre pour mieux discréditer, jamais à aucun moment, contrairement à leur compréhension envers la politique de Poutine, ils n’ont essayé de recadrer les événements actuels dans le contexte plus général du conflit qui a toujours opposé le monde arabe à Israël. Car enfin, le Hezbollah et le Hamas, deux entités fascistes s’il en est, ont affiché la couleur depuis le début, anéantir l’Etat hébreu qu’ils ne reconnaîtront jamais ainsi que ses habitants.
Ces messieurs n’évoquent à aucun prix l’extrémisme du monde islamique, en revanche ils ne tarissent pas d’accusations à l’encontre de Netanyahu. Oh, je ne défends pas spécialement sa ligne politique guerrière. Car je vois mal comment il bâtira ensuite la paix, après tant de destructions, mais enfin… Ce que je sais c’est que sa doctrine est bien celle de Golda Meier, la travailliste, de ce point de vue. La grande dame préférait « les condamnations aux condoléances » ! Trotta ou Stoquer comprendront-ils un jour l’exaspération d’une nation en guerre depuis sa naissance, qui n’a cessé d’être en butte à la persécution de ses ennemis à travers les âges, l’Egypte, l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie, le Qatar, la Turquie, l’Iran, l’Arabie Saoudite et le Yémen, pour ne parler que des plus agissants ? Devant les faits, admettront-ils enfin qu’il y a une volonté infondée des pays arabes de la détruire, à commencer par les palestiniens, qu’aucune voix n’a jamais mis en demeure de rechercher la paix plutôt que la disparition d’Israël ? Contrairement aux foules qui manifestent à Tel-Aviv contre la politique de Netanyahu pour mettre fin à la guerre, je n’ai vu aucune manifestation chez les palestiniens, en aucune époque que ce soit, pour sommer le Hamas ou le Hezbollah de faire la paix une fois pour toutes. Au contraire, des mères de famille sont prêtes à sacrifier leur progéniture plutôt que de faire la paix. Et pour que la flamme de la haine ne s’éteigne pas, on fait parader des bambins, une mitraillette factice à la main. Voilà quelle est la vraie menace au Proche-Orient ! Jamais ces populations ne s’engageront sur le chemin de la paix. Un jour, l’un de mes élèves, d’origine turque, m’a interpelé. Il affirmait avec véhémence que son pays de cœur n’avait pas commis de génocide envers le peuple arménien et voulait avoir mon approbation. Ma réponse ne lui convint pas, comme on peut s’en douter, et pour clore le débat et pour sa gouverne, je le renvoyais à ses livres d’histoire. Nos rapports en souffrirent ensuite, vous pouvez l’imaginer.