La montée des périls

Le 07/10/2024

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Dans cette recrudescence des tensions, l’avancée de l’armée russe en Ukraine et le déclenchement des hostilités ouvertes entre l’Iran et Israël, il apparait que beaucoup sont perdus dans leur analyse, réagissant à l’habitude en rejetant la faute sur ce dernier. Même envers la population ukrainienne, ces commentateurs éprouvent de la compassion, tandis qu’ils n’en ressentiront à aucun moment pour le peuple hébreu. Une interview de la journaliste québécoise Alexandra Lavoie réalisée par Nicolas Vidal sur la chaîne Tocsin illustre le sujet à merveille. A la suite de cet entretien, on va voir à quoi tient un tel double jeu. D’avoir pris fait et cause à la fois pour Poutine et implicitement pour l’Iran est un signe de méprise sur la situation, car le facteur islamiste est systématiquement occulté.

Alexandra Lavoie est une journaliste comme on aimerait en voir plus souvent sur nos chaines de télévision. Elle travaille pour le média Rebel News, dont on connait la pugnacité dans ses interviews faites au vol de figures du mondialisme : Burla, Schwab ou Kerry... pour ne citer que ceux-là. Elle était interrogée sur le contexte de la dernière visite de Macron au Québec. Nicolas Vidal avait intitulé l’entretien Ce que l’Elysée nous a caché. Eh bien, c’était que Macron avait été chahuté, et que, pour le dissimuler au public, l’Elysée avait mis à l’écart le pool de journalistes conviés à l’escorter. Mais il se trouve que Rebel News a couvert l’événement. On apprend donc par Alexandra Lavoie que des manifestants de la mouvance islamo-gauchiste ont réussi à approcher Macron et que celui-ci a tenté d’engager le dialogue avec eux. En fait de discussion, le fossoyeur de la France n’a essuyé que huées et quolibets. Entre autres, ils l’ont traité de « génocidaire », ainsi qu’Alexandra Lavoie du reste, pour leur position vis-à-vis d’Israël. On se demande, avec eux qui ne l’est pas. Ce qui surprend, pour revenir à Macron, c’est que son service d’ordre a laissé approcher ces individus, alors qu’il l’aurait exfiltré s’ils avaient été des « antivax ». Ceci prouve une fois de plus l’illusion mondialiste à se jouer de l’islamisme comme du gauchisme. Lavoie décrit ces manifestants pro-palestiniens comme des violents, avec lesquels tout débat est impossible. Ils soutiennent aveuglément le Hamas et travestissent un mouvement totalitaire en mouvement de résistance à l’oppression. C’est à ce niveau de collusion que nous en sommes arrivés entre les gauches et les islamistes. Une authentique collaboration les réunit désormais. Ce n’est pas le fruit du hasard mais la conséquence de l’infiltration des islamistes de tous bords, sunnites et chiites, en Occident. Et le Québec n’échappe pas à la règle. Cette collusion traduit le rapprochement entre totalitarismes, l’islamisme qui veut régner sur la terre entière et le communisme qui n’a jamais renoncé à en faire autant. « Les islamiques et la gauche sont en train d’envahir l’espace, relate la journaliste. Ils sont extrêmement violents, ils vont casser des vitrines, ils vont faire du grabuge, du vandalisme. Ici, à Montréal, on a eu quand même des écoles juives sur lesquelles on a tiré à bout portant, des synagogues qui ont reçu des cocktails Molotov. Les juifs n’osent plus afficher leur foi et porter leur étoile de David. Ils n’osent même plus montrer qui ils sont, leur identité, de peur des représailles. La montée de l’antisémitisme a explosé. Au Québec on a la plus haute montée de l’antisémitisme de tout le Canada, le Québec ayant choisi une immigration par la langue, donc par le français, privilégiant ainsi l’immigration maghrébine. » L’ironie de l’histoire est que le même Macron, dont les soutiens traitaient les « antivax » d’antisémites, on se demande bien pourquoi, est désormais en butte aux véritables antisémites, la gauche et le monde musulman, mais ceux-là il se garde bien de les affubler de ce qualificatif. La gauche lui échappe, car, à cause de la situation au Proche-Orient, elle passe avec armes et bagages du mondialisme à l’islamisme. Et ce dernier, malgré les flatteries dont il est l’objet de la part de la macronie, n’hésitera à la liquider le moment venu, à la manière des frères Kouachi qui massacrèrent l’équipe pourtant si progressiste de Charlie Hebdo en janvier 2015.

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Mais ce qui a attiré mon attention, au delà de l’état des lieux dressé par une journaliste respectable, ce n’est pas tant ce qu’elle dit, et que tous les observateurs peuvent voir s’ils n’ont pas d’œillères, c’est le silence presque gêné de Nicolas Vidal. Même lui, qui n’est pourtant pas marqué à gauche, se retient de prononcer la moindre critique contre ces activistes pro-islamiques. Il ira même jusqu’à dévier l’objet de l’entretien sur Macron et Jacinda Ardern, deux beaux échantillons du mondialisme le plus sauvage. Pour dénoncer Macron et les attaques prédatrices du mondialisme, Vidal est un champion. Et je l’apprécie pour cela. Mais pour dénoncer un autre totalitarisme, l’Islam, il n’y a plus personne. Il se tait, se couche et change opportunément de sujet. Se persuader qu’il n’y a que le mondialisme comme totalitarisme en action, c’est ne pas voir la réalité, c’est fermer les yeux, c’est renoncer à exercer son métier de journaliste. Au contraire, dépasser sa peur pour appeler un chat un chat, c’est montrer sa force d’esprit. Et de cela Vidal n’en est peut-être pas capable. Je le déplorerais car j’ai beaucoup d’estime pour lui. Rappelons-nous ces paroles de Dalil Boubakeur, pourtant considéré comme modéré, « La nationalité musulmane est une supranationalité […] Elle est au-dessus de toutes les nationalités ». Exactement comme le mondialisme, le projet de l’Islam est de dépasser les nations et de se répandre sur la planète. L’oumma comme nouvel ordre mondial ! A ces mots, on croirait entendre un Schwab à turban. C’est à cela qu’on reconnait les totalitarismes, ne cesse de nous dire Hannah Arendt, leur vocation à l’universalisme que ce soit par la seringue ou par le sabre.

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Ni Vidal ni aucune personnalité de la dissidence n’a pris la peine d’étudier le dossier proche-oriental depuis son origine. Aucun n’a étudié l’histoire de cette région, le sort des juifs des pays arabes contrairement à la sempiternelle histoire des réfugiés palestiniens. Pourtant les premiers furent aussi nombreux que les autres, soit un million. Mais ils ont rejoint Israël sans faire de bruit, eux. Aucun de ces commentateurs n’a tenu compte de l’isolement géographique d’Israël, de sa présence au beau milieu d’ennemis irréductibles. Aucun n’a étudié les ouvrages d’une Anne-Marie Delcambre ou du grand Bernard Lewis sur l’Islam et encore moins de Bat Ye’or ou de l’encyclopédiste Alexandre del Valle. Cela fait près de quarante ans que je suis ce dossier, depuis au moins la première guerre du Golfe, et j’ai eu le temps de m’en faire une idée beaucoup plus proche de la réalité qu’aucun d’entre eux qui se contentent par paresse de recycler les idées reçues et les vieilles lunes de la gauche. J’en ai même entendu un parler de la « croix de David ». Véridique !

Un journaliste de terrain s’exprimait lors d’un débat. Je crois me souvenir qu’il s’agissait de Régis Le Sommier. Il affirmait qu’un pays comme l’Arabie Saoudite, la Mecque de l’islamisme si j’ose le jeu de mot, avait renoncé à soutenir les palestiniens les abandonnant à leur sort. Mais la raison n’avait rien à voir avec un changement d’objectif, mais tout à voir avec un changement de stratégie. En quoi ? Eh bien l’Arabie Saoudite considère que la démographie aura finalement raison d’Israël. Dix millions d’israéliens ne feront pas le poids à la longue face aux deux milliards de musulmans, sans parler de la natalité explosive du monde arabe. Au passage, cet aveu montre que le pays le plus riche de la région se moque éperdument de la précarité dans laquelle vivent ses frères à Gaza. Pourquoi serions-nous alors plus royalistes que le roi ? L’idée que la démographie aurait raison d’Israël, c’est précisément ce que disait en son temps Khadafi, qui expliquait que l’immigration des musulmans vers l’Europe la submergerait et islamiserait le continent plus sûrement encore que les armes. Il suffisait d’attendre. Comme dit le philosophe Rémi Brague, « l’Islam est un islamisme patient ».

Le géopolitologue Gérard Vespierre était invité récemment dans l’émission Ligne Droite de Radio Courtoisie. Il a fait le bilan de la situation au Proche-Orient presque jour pour jour un an après le 7 octobre 2023. Il a montré que, si Israël avait été divisé tout ce temps, le pays s’était regroupé autour de Netanyahu depuis la stupéfiante opération des bipeurs et la décapitation du Hezbollah. Hamas et Hezbollah se retrouvaient désormais l’un et l’autre sans commandement, et, bien qu’ils puissent encore nuire, leurs capacités étaient fortement réduites. Par ailleurs, interrogé sur la réaction d’Erdogan qui a qualifié Israël d’état génocidaire, suite aux opérations de Tsahal au sud Liban, Vespierre a répondu sans détour, dénonçant l’hypocrisie du dirigeant turc. En effet, celui-ci est fort mal placé pour parler de génocide, lui dont l’armée a passé par le fil de l’épée tant de kurdes. Petit rappel à tous les amnésiques ! Vespierre ne s’arrête pas en si bon chemin et, à l’attention des amnésiques de France et de Navarre, il rappelle que le Hezbollah, loin de représenter un mouvement de résistance, a sur les mains le sang de 58 paras français morts dans l’explosion du Drakkar en octobre 1983. Sans parler de l’attentat contre le QG des Marines. Ce bain de sang signait la naissance de la milice terroriste.

Les français ont la mémoire courte, quand ils n’ont pas de mémoire du tout. C’est mieux pour exonérer le Hezbollah et derrière lui, le tireur de ficelles iranien. Et les islamo-gauchistes, dans leur croisade, continueront à prétendre qu’Israël commet en Palestine un génocide. Arrêtons-nous un moment sur la définition de ce mot. Le Robert de 1981 le définissait comme la destruction méthodique d’une ethnie. Depuis, cette définition a opportunément changé. Aujourd’hui ce mot désigne l’éradication totale ou partielle d’un peuple. Ce rajout de « partielle » fait toute la différence. Il suffit maintenant qu’une fraction même minime d’une ethnie soit éradiquée pour qu’on brandisse le mot de génocide. Les colporteurs islamiques auraient tort, dès lors, de se gêner. Le président algérien Tebboune l’a bien compris, qui n’a pas hésité à accuser notre pays, la patrie des droits de l’homme, d’avoir commis à son tour un « génocide » durant la colonisation. Il n’y a décidément plus de limites à la victimisation dans la propagande islamique ! Oser affirmer maintenant qu’Israël a planifié un génocide à Gaza, ce serait prétendre que les israéliens ont voulu en finir avec les arabes de Palestine, tout ou partie, eux qui leur ont donné depuis toujours des représentants à la Knesset. L’emploi inconsidéré du mot génocidaire est typique des islamo-gauchistes. Il fait partie de leur arsenal dialectique au même titre que le mot complotiste pour les mondialistes. En revanche, ils n’ont pas exprimé la moindre colère contre les milices arabes janjaweed qui commettent pour le coup un réel génocide au Darfour, en l’occurrence contre une ethnie d’Afrique noire. Alors cessons d’user de mots qui ne reflètent pas la réalité et qu’on sort uniquement pour discréditer l’ennemi. A ce jeu-là, les islamo-gauchistes n’ont rien à envier à leurs homologues mondialistes. Et, entre fascistes, ils ont jusqu’ici fait cause commune et se sont faits la courte échelle. Au vu de la tournure que prennent les événements, rien n’indique qu’il en sera ainsi, longtemps encore.

Quant à l’argument de dire que l’Iran a riposté suite à l’élimination de plusieurs figures du Hamas ou du Hezbollah et donc de reporter la faute du déclenchement des hostilités sur Israël revient à faire endosser à Poutine la faute du déclenchement de la guerre en Ukraine. Je dis ça pour les patriotes qui tiennent deux discours différents selon le conflit, quand ça les arrange. Car personne ne peut ignorer que l’Iran fait la guerre depuis longtemps à Israël à la fois en étant derrière le Hezbollah, sa création, et en aidant le Hamas. Le Liban est devenu, depuis sa prise en otage par le Hezbollah, un proxy pour l’Iran, dans sa guerre par procuration contre Israël. Le Hezbollah est l’OTAN de l’Iran, le Liban son Ukraine. Et, après toutes ces années, il y en a encore pour croire que la guerre a été lancée à l’instigation d’Israël ! L’Iran l’a menée, depuis février 1979 où il est tombé sous la coupe de mollahs sanguinaires, comme Khomeiny ou Khamenei, plus proches de maffieux que de religieux comme on les conçoit ici. Cette guerre n’a certainement pas démarré en 2023, pas plus que le conflit en Ukraine n’a démarré en 2022.

Il y a un an, on comptait mille deux cents morts israéliens, dont trois quarts de civils. Selon certains, cela ne semble pas assez pour qu’Israël se soit permis de répliquer avec rage à Gaza contre le Hamas, le responsable du carnage. Quant au Liban, le fait que, depuis, soixante mille habitants du nord Israël ne soient toujours pas rentrés chez eux suite aux tirs du Hezbollah sur leur région, cela ne semble pas davantage constituer un casus belli aux yeux des belles âmes qui continuent à faire preuve d’hémiplégie, quand il s’agit d’Israël. Pour elles, ces israéliens sont des déplacés, quand les gazaouis sont des réfugiés. Comprenne qui peut.

De l’affrontement hélas inévitable avec l’Iran sortira peut-être la solution pour une voie négociée. Du moins faut-il l’espérer dans l’optique de faire taire les armes, mais alors toutes les armes !¾

 

Photo d’illustration : Les troupes du Hezbollah n’ont rien à envier au bataillon Azov, la kalachnikov en plus au centre de leur drapeau, signe, je suppose, d’une aspiration à la paix !

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