Nomenklatura

Le 04/02/2025

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« Il y a quelque chose de pire que d’avoir une mauvaise pensée. C’est d’avoir une pensée toute faite. » Charles Péguy

Les détenteurs du pouvoir, qu’ils soient acquis à la gauche par conviction ou par calcul, ruent néanmoins dans les brancards dès que leur portefeuille est touché. C’est ce qui vient de se passer avec Bernard Arnault, le financier de Macron, qui tout d’un coup s’inquiète d’une surtaxe des entreprises pour 2025. Serait-ce la grâce qui l’a converti le 20 janvier dernier, lors de l’investiture de Donald Trump à laquelle il assistait ? Le nouveau président aurait-il un pouvoir thaumaturge ? On pourrait le penser, tant le macroniste Arnault dresse un panégyrique de l’Amérique de Trump. En tous les cas, en France, les puissants et leurs petits coursiers affichent toujours la même arrogance. Imbuvables, ils pérorent, bannissent, injurient, vocifèrent, conspuent, excluent et en appellent même au meurtre. Ce avec une mauvaise foi incommensurable et en toute impunité. Pour un qui se confond en vagues excuses de s’être mal comporté, un autre prend le relais et vomit son fiel à son tour.

Pour un Didier Bourdon, lui aussi atteint au portefeuille suite à divers bides cinématographiques après son invective contre les « antivax » et ayant fait confusément amende honorable, un Jacques Weber sort ses griffes. Prenons donc ses propos sur Trump au micro de RTL le samedi 25 janvier. D’après le comédien, il y aurait « une feuille de cigarette entre le nazisme et Donald Trump ». Rien que ça : Trump, un nazi ! Et aucun journaliste pour s’offusquer de ce sermon outrancier. Ce nostalgique du stalinisme n’injurie pas seulement Trump et les dizaines de millions d’américains qui ont voté pour lui mais il injurie aussi la démocratie et d’abord la vérité. S’il met un signe égal entre Trump et Hitler, alors que ce mythomane commence par le prouver en nous montrant les camps d’extermination de Trump, en pointant du doigt la Gestapo de Trump et ses SS, en désignant ses lois de Nuremberg ou encore en recensant les sales guerres qu’il a déclenchées de par le monde. Evidemment, ce baratineur en serait incapable. Et pour cause, tout le parcours de Trump infirme ce parallèle. Non content de violer les faits, non content d’amalgamer au mépris de la réalité la plus élémentaire, il en appelle à son meurtre. Trump serait « un gros dégueulasse qu’il faut supprimer littéralement ». Oui, il a bien dit « littéralement » !  Autrement dit, il faut prendre le verbe « supprimer » à la lettre ! Donc il faut l’assassiner, selon ce charlatan. Voilà où il veut en venir. Un lynchage digne du Ku Klux Klan. Voyez, moi aussi je peux faire dans la dentelle comme lui. Alors je pose maintenant la question. Pourquoi l’Arcom n’engage-t-elle pas de poursuites contre Jacques Weber pour incitation à la haine et au meurtre ? Sinon, cela signifie que ce monsieur possède le droit d’inciter à la haine et au meurtre, contrairement à nous qui demandons par exemple que justice soit faite après un crime et qui pour cela sommes accusés de véhiculer un discours de haine. Qui est au juste ce Weber et de quel droit lui autorise-t-on une telle distorsion des faits et des propos tombant indubitablement sous le coup de la loi ?

Jacques Weber n’en est pas à son coup d’essai. Il est coutumier du fait. Il s’est permis la même reductio ad hitlerum avec Zemmour. Et que je sache, sans être poursuivi. D’autre part, le donneur de leçon vote Mélenchon, ce raciste doublé d’un colonialiste, qui dénigre ouvertement les blonds, entendez les blancs, et exalte les maghrébins, les enjoignant d’aller coloniser nos campagnes. Weber se considère comme « un communiste pur et dur » et il en est fier. Alors d’être traité de facho par un turlupin qui raye d’un trait de plume les cent millions de morts du communisme et vote pour un islamo-gauchiste prêt à faire la place aux Frère musulmans et à l’Islam le plus rétrograde, je dois dire que c’est presque un honneur au même titre que d’avoir été traité de complotiste par les covidistes.

Lorsque Weber arrive à Nice en 1986 pour en diriger le théâtre, le maire est encore pour quelques années le très décrié et opportuniste Jacques Médecin, connu pour ses liens avec la pègre et ses malversations dans plusieurs affaires. Ce détail n’empêche pas l’homme de gôche de s’installer au cœur de la très bourgeoise cité. Il aurait pu aller en banlieue parisienne, auprès des siens, dans la ceinture rouge, mais le bourgeois et fils de bourgeois a dû avoir un faible pour la Baie des Anges. Je ne vois que cette explication. Il me fait penser à ces jeunes trotskistes des années 80 qui admiraient l’usine mais se gardaient bien d’aller vivre dans les quartiers ouvriers. Ils préféraient l’atmosphère bucolique des villages environnants. Les vrais travailleurs, les ouvriers comme mon père, eux n’aimaient guère l’usine et auraient préféré vivre ailleurs que dans des cités déshéritées s’ils en avaient eu les moyens. Ce qui me fascine chez ce juif de Cour et vieux bobo qui se prend pour un intellectuel, c’est son arrogance, sa morgue, sa facilité à croire que sa conception des choses, la pensée toute faite des communistes, doit être parole d’évangile. Avec les lunettes fumées de la malhonnêteté, il voit des nazis partout mais jamais les cadavres des suppliciés des dictatures communistes. Comme le disait déjà Jacques Tarnero en 2013 à propos des obsessions de Weber, « la bonne conscience tuera la gauche ». Et puis il ne se forge certainement pas son jugement sur des vérités historiques, sinon il ne pourrait cautionner le communisme qui a tant de sang sur les mains. Mais avant même d’être communiste, comme il aime semble-t-il à dire, qu’il sache, pour sa gouverne, qu’il n’est qu’un petit pion du système en place, dont il a fait sienne toutes les idéologies malsaines, sans faire fonctionner son cerveau une seconde, ni réaliser à quel point les poncifs qu’il ânonne sont aux antipodes des vertus politiques indémodables. Est-il jamais monté au créneau contre Macron et les mondialistes ? Durant le covid, il a été bien silencieux, le bougre. Et pourtant il aurait dû s’émouvoir de ne plus pouvoir jouer. Il aurait dû s’indigner qu’on ait mis d’humbles soignants à la porte, sans aucun revenu ni indemnités. Mais non. Il n’a rien trouvé à redire. C’est un petit pion du système, vous dis-je. Quant à sa vocifération et ses imprécations, elles ne sont pas le reflet de son talent. Ce n’est pas de la verve de sa part mais uniquement du fascisme verbal ! Pas étonnant ensuite que des vauriens probablement d’ultragauche, enivrés à la même idéologie, aillent ensuite cracher sur les tombes.

En fait, l’Etat profond est une notion inhérente à chaque totalitarisme. Tout totalitarisme a son Etat profond. Du temps du communisme soviétique, on le désignait sous le nom de nomenklatura. Si la France avait été communiste, Weber en aurait fait partie. Il aurait été un apparatchik du monde dit de la culture. En attendant, il est parmi d’autres un petit télégraphiste du mondialisme, faute de mieux. Comme Weber mange à tous les râteliers totalitaires, il fait au moins partie, à son tout petit niveau, de la nomenklatura mondialiste française. Pour ne jamais avoir critiqué le régime macronien, même du temps de Borne, de sa loi antisociale sur les retraites et de ses anti-démocratiques 49.3, il a montré que sa profession de foi communiste n’était que du vent, de l’esbroufe, mais qu’en revanche il était un coursier affairé du système en se battant contre une extrême-droite imaginaire, tel Don Quichotte contre des moulins à vents.

L’Etat profond français est en furie comme jamais. Par le biais de sa télé d’état, en l’occurrence LCP Public Sénat, il proposait la semaine passée, en début de soirée, une émission politique gaillardement intitulée Trump, le retour en marche vers la dictature. Un titre sans point d’interrogation s’il vous plait ! Ils sont si déchainés qu’ils ne s’embarrassent plus de précaution langagière. Ainsi donc une télévision publique, payée par nos impôts et censée ne pas être partisane pour ne pas offenser une partie notable de la population, répand sa propagande sans vergogne. Il y a de quoi être outré. Je me demande ce que fait l’Arcom encore une fois. Comme toujours cette officine de censure poursuit les médias qui inquiètent le système et protègent ceux qui lui font des courbettes. La caste voit pertinemment qu’elle est exposée au grand jour et, à défaut de pouvoir éliminer physiquement ses opposants les plus menaçants, elle crache son venin. Trump serait une réincarnation d’Hitler, mais Jean-Noël Barrot avec son faciès de fou furieux qui veut envoyer des soldats français se battre à la fois contre les russes en Ukraine et contre les américains au Groenland serait un doux humaniste, je suppose. Les réactions verbales d’une rare violence de notre nomenklatura témoignent aussi de sa putréfaction. Une putréfaction intellectuelle avant même d’être morale.

Tout ceci me rappelle un passage éloquent du film de James Ivory, les Vestiges du jour. Il met en scène plusieurs personnages de haut rang dans un des salons feutrés du Château de Lord Darlington. Nous sommes à la veille de la guerre 39-45 et le seigneur du domaine, un doux néophyte en matière de diplomatie, tente dans le plus grand secret un rapprochement entre le gouvernement de Neville Chamberlain et Hitler. Lors d’une réunion en petit comité, une de ces puissantes figures dirigeantes, invitées par le comte Darlington, un certain Spencer, politicien hautain et imbu de lui-même, veut convaincre ses interlocuteurs que se préoccuper de l’avis des gens ordinaires est d’autant plus fâcheux que ceux-ci sont des profanes dans les affaires du monde. Selon lui, la politique est bien trop sérieuse pour être confiée au peuple.

-   On ne peut pas se tromper, dit l’un des invités, si on écoute l’opinion de l’homme de la rue. Il est parfaitement capable d’émettre une opinion sensée sur la politique.

-   Il n’a aucune des qualifications requises pour ça, lui rétorque Spencer.

-   Mais bien sûr que si. Je vous assure que si, revient à la charge le premier.

-   Stevens, dit le comte en interpelant son majordome, monsieur Spencer souhaiterait vous parler.

-   Monsieur, dit le majordome en se tournant dans sa direction.

-   Mon ami, j’ai une petite question pour vous. A votre avis, est-ce que l’état de la dette à l’égard de l’Amérique est un facteur significatif des faiblesses de nos exportations ou croyez-vous que ce soit une fausse piste et que l’abandon de l’étalon-or soit en fait au cœur du problème ?

-   A mon grand regret, monsieur, je ne pourrais vous porter secours sur ce point.

-   Oh, que c’est dommage ! Eh bien peut-être pourrez-vous nous aider sur autre alors. Estimez-vous que la situation monétaire, qui pose un gros problème à l’Europe, ne pourrait pas être améliorée par un accord militaire passé entre français et bolcheviks ?

-   A mon grand regret, monsieur, je ne puis vous porter secours sur ce point-ci.

-   Bon très bien, Stevens. Je vous remercie, coupe le comte qui souhaite en finir.

-   Oh permettez-moi, Darlington, j’aurais encore une question à soumettre à notre brave homme, insiste Spencer. Mon bon Stevens, serez-vous comme nous d’avis que monsieur Daladier, lors d’un récent discours sur la situation en Afrique du Nord, a simplement rusé afin de saborder la frange nationaliste de son propre parti ?

-   A mon grand regret, monsieur, je ne pourrais vous porter secours sur aucun de ces points.

-   Vous voyez messieurs, dit Spencer en se retournant vers la petite société de nantis, le bougre ne peut nous porter secours sur aucun de ces points. Toutefois, nous continuons à penser que les décisions concernant la nation peuvent être confiées à ce brave homme et à des millions de ses semblables. Autant demander à l’union des mères de famille de prêcher pour la guerre.

-   Merci Stevens, lâche le comte en le congédiant.

-   Merci monsieur le comte, merci monsieur.

-   Bravo, vous avez été parfaitement irréfutable, Spencer, conclue l’un de ses interlocuteurs.

-   CQFD, lance Spencer, triomphant, avant de se remettre à siroter son verre de fine.

Toute l’arrogance de la caste tient dans cet échange. Un dialogue qui dépeint dans une démocratie d’avant-guerre une aristocratie au pouvoir, qui se passerait bien de l’avis du peuple tout en se moquant de lui, en le ridiculisant et en fin de compte en le méprisant. Le plus terrible est que notre caste actuelle est exactement sur la même ligne. Au diapason de son ancêtre. De plus, elle est déjà passée à l’acte en annulant le vote du peuple en 2005. Et encore dernièrement en confiant les clés du pouvoir à Barnier puis Bayrou, en dépit du résultat contraire des urnes. Elle nous jette à la face un vous n’y connaissez rien, vous n’êtes pas qualifiés pour décider, on fera comme bon nous semble... A travers les âges, demeurent inchangées la suffisance des élites et leur soif inextinguible de pouvoir. Sauf qu’aujourd’hui il existe dans la population bien plus d’hommes instruits de ce qui se passe qu’à n’importe quelle autre époque. Et dans cette guerre des classes, il n’est pas sûr que la nôtre n’ait pas enfin le dessus grâce à la prise de conscience qui gagne du terrain et les lignes de faille qui disloquent les opinions occidentales.

Nomenklatura, Etat profond, Caste, Complexe militaro-industriel, Elite de pouvoir, qu’importe l’expression, et qu’importe si ce sont des variantes spécifiques à l’un ou l’autre des régimes totalitaires. Chaque fois, on a affaire à une classe qui s’accapare les leviers du pouvoir, tantôt pour le compte du communisme, tantôt pour celui du mondialisme… Et bientôt pour celui de l’Islam, comme vont les choses.¾

 

Photo d’illustration : © Pete Linforth de Pixabay

Gauche Etat profond Elite du pouvoir Nomenklatura Caste

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