Les éternels sceptiques iront réentendre les paroles d’Udo Ulfkotte, journaliste allemand qui reconnut avoir menti délibérément à son public durant sa carrière. « Je suis journaliste depuis 25 ans, confessa-t-il. On m’a appris à mentir, à trahir et à ne jamais dire la vérité au public. J’ai été payé par la CIA, les sociétés secrètes et les milliardaires américains. Les journalistes sont utilisés pour manipuler les gens. » Ulfkotte ne fit pas de vieux os après cette courageuse confession. Elle lui coûta la vie. Les benêts préfèreront croire que sa mort fut sans lien. Heureux les simples d’esprit !
Il n’y a pas de honte à avouer avoir été berné toute une vie par un système éprouvé de manipulation mentale. Non, aucune honte. Encore faut-il savoir s’en extraire une fois le pot aux roses découvert. Sur un exemple évocateur, on va s’apercevoir que les médias depuis longtemps couvrent de leur silence les crimes de l’Etat profond.
Ceux qui me lisent savent que l’affaire JFK m’intrigue particulièrement. Or j’apprenais il y a peu que le procureur du District de la Nouvelle-Orléans, l’audacieux Jim Garrison, lorsqu’il instruisait l’affaire, avait été invité sur le plateau du Tonight Show de Johnny Carson, l’animateur vedette, le 31 janvier 1968. L’interview ne fera pas l’objet d’une scène dans le film d’Oliver Stone JFK, et c’est dommage. Garrison savait qu’il devait se méfier des talents de celui qu’il avait en face de lui. Il avait eu déjà maille à partir avec certains médias, qui l’avaient accusé de tous les maux. De plus, avant l’émission, des avocats de NBC l’avaient débriefé, rédigeant un condensé de ses réponses auxquelles Carson allait pouvoir se référer pour le mettre en défaut. Un guet-apens semblait avoir été tendu à Garrison pour le discréditer, lui et ses thèses, à une heure de grande écoute. Cependant Carson ne connaissait pas assez le dossier et ses complexités. C’était un atout dans la manche de l’attorney. Quand Carson lui demanda naïvement pourquoi le gouvernement aurait l’intention de dissimuler des preuves, Garrison lui répondit :
- Ne me le demandez pas, demandez-le plutôt à Lyndon Johnson. Lui doit avoir une réponse.
C’est alors que Garrison s’empara de son attaché-case, en sortit une liasse et lança :
- Peut-être ferais-je mieux de vous montrer ces photos…
Il brandit devant la caméra une série de clichés. Ils montraient pour la première fois trois hommes emmenés par la police de Dallas avec leurs fusils de chasse au moment de l’attentat. A n’en pas douter, ces hommes faisaient partie du complot et devaient prendre JFK pour cible. Les photos venaient de tomber entre les mains de Garrison. Elles provenaient d’un consultant en informatique qui avait collecté plus de 500 clichés pris à Dealey Plaza, le 22 novembre 1963, et les lui avait transmis. Lorsque Carson réalisa la portée de ces photos, « il se jeta sur le bras de Garrison tel un cobra », le tirant violemment vers le bas pour que ces photos sortent du champ de la caméra.
- Des photos comme celle-là ne passent pas à la télévision, répliqua Carson, pris d’un coup de sang.
- Bien sûr que si, rétorqua Garrison, la caméra peut les retransmettre.
Carson lui empoigna encore plus vigoureusement le bras et d’un air cassant :
- Non, ça ne se peut pas.
Pour la troisième fois, Garrison brandit la photo, mais le voyant rouge de la caméra s’était éteint. La direction du show l’avait coupée et une autre avait pris le relais offrant une image moins affolante pour les coupables. Avant que Carson ne change de sujet, Garrison eut le temps de ce commentaire :
- Ces hommes, que vous venez de voir et qui ont été arrêtés, n’ont jamais été revus. Ils se sont tous enfuis.