Autrement, en matière de politique étrangère, tous ceux qui, de l’extrême-gauche aux patriotes, s’enfièvrent exclusivement pour la Palestine, tandis que l’Arménie subit au même moment le joug azéri dans le plus grand silence, doivent connaître les connivences entre le nazisme et l’islamisme palestinien, ne leur en déplaise. Et s’il y a des islamo-gauchistes, l’islamo-droitisme existe aussi, comme dirait Pierre-André Taguieff. Ce sera, j’en suis sûr, une dissonance cognitive pour eux. Alors venons-en au rapprochement historique entre le nazisme et l’islamisme. Pour commencer, que l’on rappelle qu’Hitler a créé en 1943 une division SS composée quasi exclusivement de musulmans bosniaques, la division Handschar. Ses membres furent encadrés par des imams et des mollahs. Hitler veilla à ce que ces hommes puissent exercer leurs pratiques religieuses sans empêchement. La division Handschar, précise Arnaud Folch, était une « sorte de Waffen-SS locale chargée de la lutte contre les juifs et les communistes ». Si Hitler et Himmler furent d’ardents pro-musulmans, la création de cette division SS en atteste, une partie substantielle du monde musulman le leur a bien rendu, notamment en faisant de Mein Kampf un best-seller en Orient. On aurait pu penser que la politique racialiste des nazis ait mis les musulmans dans le même sac que les juifs et les tziganes. Il n’en a rien été. Ce qui a lié les uns et les autres fut sans conteste un vieux fond antisémite commun. La proximité du Grand Mufti de Jérusalem, Al-Husseini, avec Hitler a soigneusement été occultée pendant longtemps. En outre, comme le souligne Arnaud Folch, pour de nombreux historiens, le Grand Mufti adhérait à la politique d’extermination des juifs. Il déclarait en novembre 43 : « Les musulmans devraient suivre l’exemple des allemands, qui ont trouvé une solution définitive au problème juif ». Si ce n’est pas clair ! Sachez encore que, si les soldats de la division Handschar furent entraînés en France, après la guerre le Grand Mufti trouva refuge dans notre beau pays qui lui permit, alors qu’il était recherché par les yougoslaves et les anglais pour collaboration et comme criminel de guerre, de s’enfuir en toute tranquillité vers le Liban, où il finit ses jours sans être le moins du monde inquiété. Alors, comment concilier une aversion du nazisme et un tropisme islamique ? Encore des non-sens qui handicapent les tentatives d’y voir clair.
Je me tourne maintenant vers ceux qui restent fidèles à la gauche, confits dans leurs certitudes et aveugles à ses contradictions. Ceux-là refusent qu’on les traite d’antisémites parce qu’ils soutiennent l’islamisme malgré ses accointances avec l’extrême-droite germanique. Pourtant ces personnes doivent admettre que la gauche n’a pas rejeté les juifs du jour au lendemain. Les racines de cet antisémitisme remontent au moins au stalinisme. Néanmoins, pour travestir cet antisémitisme de mauvais aloi, les progressistes disent vouloir s’en prendre aux « sionistes » et non aux juifs. En fait, c’est un interdit de dire vouloir s’en prendre aux juifs, mais pas un interdit de le faire. Etre antisémite relève de l’hérésie dans le discours mais pas dans les actes. Voilà toute l’hypocrisie. Un réquisitoire lapidaire est dressé là encore par Arnaud Folch dans Valeurs Actuelles : « Occultée par l’histoire officielle, la politique antisémite de Staline après la guerre est pourtant avérée. Complot des blouses blanches, procès de Prague, projet de déportation des juifs… » Roy Medvedev, historien dissident, écrit : « Staline jeta son masque idéologique et fit ouvertement de l’antisémitisme une partie intégrante de sa politique ». A tel point que Vladimir Komarov, membre du Ministère de la Sécurité d’Etat, victime d’une purge en 1953, écrira à Staline pour réclamer sa libération en faisant valoir son antisémitisme ! Tout cela est confirmé dès 53 dans les colonnes du New York Times, qui parle d’un retour de la folie nazie. « Empruntant une fois encore aux méthodes hitlériennes, le régime de Staline a désormais adopté ouvertement et sans conteste l’antisémitisme comme arme contre ses propres dissensions internes. » Et de fait un plan de déportation des juifs était en préparation au Kremlin. S’offusquant d’être rabaissés au rang de nazis, les communistes nièrent ni plus ni moins les faits historiques. Mais la vérité sortit sous la plume de Soljenitsyne dans l’Archipel du goulag : « Il semblait que Staline se préparait alors à organiser un grand massacre des juifs. » In extremis, ces derniers ne durent leur salut qu’à la mort du dictateur révéré jusque-là par la gauche occidentale.