De surcroît, ce n’est pas en me plongeant ultérieurement dans l’histoire arabo-musulmane que j’ai changé d’avis. Au contraire. Alors, si par la force de la raison je me suis ravisé, pourquoi ne pourrais-je pas à mon tour en convaincre d’autres ? Le peu de fortune de mes tentatives ne fit hélas que me montrer les limites de mon pouvoir de persuasion. Barjavel avait raison.
Une femme a également changé son fusil d’épaule. Je veux parler de Marguerite Stern. Venue de la gauche, et pas de la meilleure frange, des femen, elle a opéré un virage politique à 180 degrés. Finie pour elle la langue de bois. Sont-ce ses actions d’antan en Tunisie ou au Maroc qui lui ont ouvert les yeux sur le monde musulman, en particulier qui lui ont fait prendre position contre le port du voile ? Difficile à dire. Je crois plutôt que la réponse à cette question se trouve dans une vidéo youtube qu’elle a faite. Comme vous allez vous en apercevoir, sa raison est des plus naturelles. Et, à ce titre-là, elle devrait aussi sauter aux yeux de bien des français. Stern raconte avoir séjourné à l’occasion dans un petit bourg du sud de la France. Le village, peut-être un peu en sommeil, avait conservé une patine des années 60. La jeune femme vivait alors dans une ville du nord, au fort brassage de populations : femmes voilées d’origine indéterminée, hommes d’Afrique noire ou du Maghreb tout droit venus du bled... Le melting-pot à la française, quoi. C’est ce qu’elle avait toujours connu de la France. Le contraste la déstabilisa au plus profond, explique-t-elle. Au début, au lieu de se dire que décidément sa ville n’avait plus grand-chose avoir avec la France, elle crut bon de s’interroger plutôt sur son lieu de villégiature. Puis, peu à peu, elle ressentit un parfum qu’elle ne connaissait pas dans sa grande ville. Comme une douceur de vivre, une légèreté qui flottait dans l’air. Elle se sentait en sécurité. Mieux elle se sentait parmi les siens. Bref, Marguerite découvrait la France ! La France d’avant où ne poussait aucun minaret, où on ne craignait pas d’être au mauvais endroit au mauvais moment, selon l’expression consacrée par les médias et employée pour minimiser la violence des racailles et transformer leurs crimes en un phénomène fortuit, presque sans cause humaine. La France de Péguy où on ne redoute pas que la CGT s’emporte contre un spectacle qui ne fait qu’honorer Notre-Dame de Paris, où la voyoucratie n’a pas atteint l’Assemblée nationale. Aujourd’hui non seulement des délinquants occupent ses bancs, mais encore le Victor Hugo de Notre-Dame de Paris, s’il revenait, aurait maille à partir avec la CGT du livre. Pire, dans cette France d’après, qui n’est plus la France, on assiste au triste spectacle d’un compositeur, Yann Tiersen, qui renie le film auquel il a jadis participé, Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, et qui a fait sa renommée. Le bougre le juge raciste parce que trop blanc. « Qu’il rende [alors] l’argent à la SACEM ! » lance une Barbara Lefebvre excédée. Peut-être le renégat ne veut-il pas que ce pastiche de la France d’avant ne réveille une nostalgie qui nous la fasse regretter.
Cette émotion, dont se réclame Marguerite Stern et que la gauche tient à nous faire passer pour du racisme, cette émotion c’est la même que celle qui m’étreint lorsque je revois des films des années 60 ou 70. Le charme n’est jamais rompu. Bien sûr, c’est pour moi un bain de jouvence, mais au-delà il est la confirmation d’avoir vécu dans une patrie autrefois fière d’elle, dans une patrie honorant son passé, une patrie alliant à la fois la tolérance envers les autres religions et la perpétuation de ses marqueurs chrétiens. Une patrie qui veut bien offrir l’hospitalité aux réfugiés politiques mais pas au point d’accueillir toute la misère du monde et perdre son âme, qui veut bien financer des programmes d’aide au tiers-monde mais certainement pas la promotion de la transsexualité au Bengladesh. Sur le tard, Marguerite Stern aura appris par ses propres moyens à aimer son pays, en tirant les conclusions imposées par la réalité et en écoutant son cœur. Cela vaut bien toutes les exhortations d’un mentor ou les lectures les plus édifiantes.
Reste le citoyen ordinaire qui ne veut rien savoir du danger islamique, ni de la trahison des élites. Il n’est souvent ouvert à aucun argument, à aucune démonstration rationnelle, ni même à ce qui lui crève les yeux. S’il s’agit d’une femme et qu’elle se fait violer par un migrant, une fois sur deux elle excusera son violeur. Idéologie oblige. S’il avait été blanc, ça n’aurait pas été la même chose. Regardez les familles des victimes du Bataclan. Combien de pères, de mères, de frères ou de sœurs ont eu le courage de hurler leur haine des islamistes devant les caméras ? Oui vous aurez ma haine ! C’est ce qu’ose crier depuis dix ans un Patrick Jardin. Il force pour cela notre respect et notre compassion. Mais un Patrick Jardin bien esseulé. Les autres se taisent ou répètent inlassablement la même antienne d’amour, de tolérance et de paix alors qu’on a massacré qui un fils, qui une fille, qui un frère, qui une sœur ! Accorder son pardon aux terroristes du Bataclan ou d’ailleurs, qui ne le demandent pas du reste, alors que de nouvelles vagues de tueurs continuent de meurtrir les nôtres (Arnaud Beltrame, Samuel Paty, Dominique Bernard et les autres) serait un acte de pure obscénité. Ce serait mettre sa frayeur sur le compte de sa charité judéo-chrétienne. L’odieux procédé ! Ce serait se plier à la loi du plus sanguinaire, s’assujettir en foulant la mémoire de nos morts. Les remerciements de Macron à Tebboune pour avoir libéré Boualem Sansal s’inscrivent tout à fait dans cette insupportable servitude assumée. Certains diraient que sa servilité relève de la pornographie !