Quai des brumes

Le 06/12/2024

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Emmanuel Macron a dissout le Corps diplomatique et beaucoup l’ont critiqué, notamment des patriotes de droite qui se retrouvent sur les positions de ses diplomates. Voilà un point sur lequel pourtant je ne critiquerais pas Macron. C’est suffisamment rare pour être signalé. Car l’orgueilleuse diplomatie française s’est illustrée, depuis l’affaire Dreyfus, donc depuis plus d’un siècle, par son antisémitisme puis par son antisionisme viscéral. Les juifs puis Israël ont été sacrifiés sur l’autel d’une politique à la fois hostile aux anglosaxons et ouvertement pro-arabe jusqu’à la compromission. Une certaine élite ayant confisqué les relations extérieures, son attitude vis-à-vis d’Israël a enfermé la politique de la France dans la défiance à son égard. Or, cette hostilité trouve son origine dans l’affaire Dreyfus. Contrairement à ce que veulent croire les patriotes, l’Etat profond français, dont les élites sont l’expression, n’a jamais été l’allié indéfectible d’Israël. A contrario, il a été un siècle durant le courtisan du monde arabo-musulman. Il lui a tout passé, ses crimes comme ses égarements, pourvu qu’il reste dans les petits papiers des monarchies pétrolières et des potentats islamiques, et ce ne sont pas les repentances d’un Macron en Algérie qui changeront la donne.

Le Quai d’Orsay a choisi, il y a longtemps, le parti des liquidateurs d’Israël. Des ministres, des diplomates, des ambassadeurs l’ont confirmé à mots couverts. Ce ne sont pas leurs aveux qui manquent. Mais ce sont surtout leurs actions qui n’ont jamais laissé penser le contraire.

Qu’on s’entende bien, ce n’est pas que je conteste systématiquement la critique d’Israël, justement personne n’est exempt de critique. Mais lorsqu’elle est disproportionnée (je retourne l’argument de la disproportion contre ceux qui en abusent contre les actions de ce petit pays) et injuste car venant d’une vision volontairement partielle et partiale, il ne s’agit plus de critique mais de mauvaise foi. Il ne s’agit plus que d’idéologie et non de rétablir des vérités. La diplomatie française n’a jamais été pragmatique, car elle suit aveuglément une utopie, celle de Massignon. Elle poursuit les chimères d’une « France musulmane ». Eurabia n’est jamais que sa version européenne, à plus grande échelle. Notre diplomatie a renoncé à la réalité pour mieux s’adonner à son fantasme. C’est ce qui l’a conduite à soutenir tant de tyrans, parmi les pires de la planète, et de leur sauver la mise in extremis : le grand mufti de Jérusalem, Rouhollah Khomeyni, Saddam Hussein ou encore Yasser Arafat. Cette persistance dans l’aveuglement la distingue. Elle semble s’être spécialisée dans le sauvetage des dictateurs, dès lors qu’ils proviennent du monde islamique, même si à la fin il lui en coûte.

Massignon 1909

Louis Massignon en 1909

Commençons par Hadj Amin al-Husseini, l’ancien grand mufti de Jérusalem (1885-1974). Sa biographie est jonchée de cadavres, aspergée du sang des siens comme de ses ennemis. Il fut le grand allié d’Hitler dans l’exécution de la solution finale. L’évocation de ses agissements prendrait à elle seule un article entier. Mais nous en avons déjà parlé. La Gestapo a même reconnu qu’il a été le « cerveau de l’espionnage allemand dans tous les pays musulmans ». Le pire est qu’il n’aura jamais cessé de fomenter des troubles, sous l’œil bienveillant de la France. Une fois cet encombrant personnage exfiltré d’Allemagne en 1945, les autorités françaises l’hébergeront dans une villa de la banlieue parisienne, puis à Bougival. Incroyable mais vrai, la maison de couture Lanvin ne verra aucun inconvénient à lui confectionner un costume. Le pays tout entier fermera les yeux sur ses crimes de guerre. Un Munich en miniature mais non sans conséquences ! Le Quai le laissera partir vers Le Caire dans son complet Lanvin, muni d’un faux passeport. Au Quai on ne s’embarrasse pas avec la loi. De là il rejoindra le Liban. Le mufti n’a jamais été qu’un « obscur comploteur » poussé sur le devant de la scène par Hitler. Ses crimes auraient dû l’amener tout droit à Nuremberg, si le Quai ne l’avait pas secouru.

Après al-Husseini, ce sera au tour de Khomeyni d’être hébergé en France avant de la quitter à la chute du Shah. Mais auparavant, d’autres affaires allaient donner le ton. Abou Daoud, le terroriste soupçonné d’avoir organisé le massacre des athlètes israéliens à Munich en 1972, se trouve à Paris six ans après. La police l’arrête, mais le président Giscard d’Estaing le fait aussitôt libérer. Le Quai ira jusqu’à s’excuser auprès de l’OLP ! Deux ans plus tôt, un avion d’Air France était détourné par des palestiniens du FPLP vers Entebbe, en Ouganda, alors dirigé alors par le sanguinaire Idi Amin Dada. Au cours de la prise d’otages, les terroristes sépareront juifs et non-juifs avant de relâcher ces derniers. Un commando israélien viendra spécialement libérer les otages ainsi que les membres d’équipage ayant refusé d’abandonner les passagers juifs encore séquestrés. Résultat : Giscard, Barre et le Quai d’Orsay remercient Idi Amin Dada, on se demande bien pourquoi, puis vilipendent Israël pour avoir violé le territoire ougandais ! Réaction effarante de la France officielle qui non seulement flatte l’orgueil du président à vie ougandais mais encore rudoie sans la moindre considération le pays qui a sauvé ses propres ressortissants ! Pire encore, ces dirigeants-là, Giscard en tête, ont inspiré la politique extérieure de la Communauté européenne, qui était de fait décalquée sur celle de la Ligue arabe. Mais revenons à Khomeyni. Nous sommes à la fin des années 70. Le Quai va vouloir jouer la carte de la révolution iranienne. Les intellectuels sont à l’unisson avec lui. La France trouve donc un lieu d’asile à Khomeyni, non loin de Paris. A ses dires, le gouvernement fut aimable avec lui et le laissa « promouvoir sa vision des choses », à la stupéfaction des autorités iraniennes. Un diplomate est même réquisitionné pour assurer la liaison entre le gouvernement français et l’ayatollah. Le 1er février 1979, le Shah est en fuite. Khomeyni rentre alors à Téhéran, et ce dans un avion d’Air France spécialement affrété. A son bord, les hôtesses y portent le voile. Si à Neauphle-le-Château il s’était engagé à respecter les libertés, il les bafoue aussitôt qu’il met le pied sur le tarmac de Mehrabad. Giscard aura largement contribué à la victoire de l’islamisme à la sauce chiite et au choc des civilisations qui va s’ensuivre. Encore une réussite à son actif. Indirectement il aura permis l’émergence de proxys de l’Iran comme le Hezbollah. Cela n’aura pas gêné non plus son premier ministre et adversaire, Jacques Chirac. Celui-ci tiendra en grande considération son chef Nasrallah sans interruption. Ce qui n’empêche pas le Hezbollah d’exécuter notre ambassadeur à Beyrouth en 1981. La France aura été bien mal récompensée, comme toujours. Invariablement sa politique aura conduit à un bain de sang et à une déstabilisation du Proche-Orient. De cela notre diplomatie toujours aussi hautaine n’en a cure. Et quand le Hezbollah tue des israéliens en 2006, Chirac, lui, condamne… les représailles israéliennes ! La leçon on la réserve à Israël, jamais aux Arabes.

A Saddam Hussein maintenant. La France, par l’intermédiaire de ses dirigeants, a toujours adulé les dictateurs nationalistes arabes. Chirac par exemple a été le seul chef d’Etat à assister aux funérailles du bourreau de Damas, Hafez el Assad. Saddam Hussein, malgré les centaines de milliers de victimes à son passif, a toujours eu le soutien français. Jacques Mitterrand, le frère de François, et Jean-Pierre Chevènement lui vouent une grande admiration. Les tractations battent leur plein. La coopération entre les deux pays aboutira au projet du réacteur nucléaire Osirak, si dangereux pour la sécurité d’Israël que les israéliens, ne comptant que sur eux-mêmes, iront le détruire fin 1981. Ce coup d’éclat provoquera un regain d’animosité envers l’Etat hébreu comme au temps du général de Gaulle lorsqu’il qualifia les Juifs de « peuple sûr de lui-même et dominateur ». Ne parlons pas des transferts d’argent entre les deux capitales, « c’est un secret de polichinelle : des valises ont circulé entre Bagdad et Paris ». Même durant la seconde crise du Golfe, Chirac et Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, feront leur possible pour protéger Saddam « des conséquences de sa brutalité envers son peuple et de ses rodomontades lancées au reste du monde. »

Qu’il s’agisse du ministre des Affaires étrangères ou des fonctionnaires du Quai d’Orsay, on ne dénonce jamais le terrorisme de l’OLP ou des organisations sœurs. Sous Mitterrand, Rolland Dumas épousera éhontément la cause des ennemis d’Israël. Il sera le champion lui aussi d’Hafez-el-Assad alors que son prédécesseur Claude Cheysson l’avait été d’Arafat, ce cynique qui aura toujours profité de l’état continuel de guerre avec Israël. Arafat a ainsi fait croire que la charte de l’OLP appelant à la destruction d’Israël était caduque et le lendemain il avouait qu’il n’en était rien. Il aura roulé Mitterrand et Dumas sans qu’ils lui en aient tenu rigueur. Mieux que cela, c’est « grâce aux pressions françaises [que] l’UE devient le pourvoyeur de fonds d’Arafat ». Une bonne partie d’entre eux alimentera le terrorisme contre Israël, une autre allant sur des comptes discrets à son bénéfice. Conseillé par Chirac juste avant de signer, Arafat repoussera finalement un accord de cessez-le feu à Camp David en 2000. Ou quand la France elle-même par une fidélité mal placée pousse à la guerre ! En 2002, il est aussi à l’origine de l’échec des négociations de Camp David. Les termes de l’accord lui étaient pourtant favorables. En fait, il ne voulait pas endosser la responsabilité d’avoir enterré la hache de guerre avec l’ennemi « sioniste » aux yeux du monde musulman. Celui-ci ne le lui aurait pas pardonné. C’est peut-être la dernière roublardise d’Arafat. Mais le ministre socialiste Védrine dira comprendre la position du palestinien et ne pas le blâmer. Car ce serait céder, textuellement, à la « propagande israélienne » ! Vraiment, droite ou gauche au pouvoir, le terroriste Arafat n’aura eu, en dépit de ses actes répréhensibles, que de chaleureux amis à l’Elysée ou au Quai. A sa mort à Clamart, « Chirac organise une cérémonie officielle digne des obsèques d’un chef d’Etat ». « Les autorités françaises feront [même] établir un certificat de décès falsifié le faisant naître à Jérusalem, alors que chacun sait qu’il a vu le jour au Caire » ! Ceci pour mieux accréditer, je suppose, le mythe véhiculé par cet imposteur. A droite cette fois, Villepin, alors secrétaire général de l’Elysée, s’est illustré par ce propos tout en nuances. Pour lui, Israël n’était qu’une parenthèse de l’histoire et devait être considéré comme tel. Arafat n’en attendait pas tant, qui conclura : «… à la fin [de cette parenthèse] nous parviendrons à jeter les Juifs à la mer. » Etrange diplomatie qui a soutenu à bout de bras un homme ayant fait carrière « par le meurtre de ses opposants, qui a conquis sa notoriété internationale par des détournements d’avions et des attentats, et qui a bâti sa fortune sur la spoliation des Palestiniens et le détournement des aides internationales ». Et je vous fais grâce de l’épisode ubuesque où le bonhomme monte à la tribune des Nations Unies, un étui de révolver à la hanche. Un geste sans précédent d’intimidation auquel les Nations Unies se sont lamentablement soumises.

La diplomatie française n’a eu de cesse de vouloir amadouer les musulmans. Et elle l’a toujours fait à ses dépends. Malgré cela, elle réitère, génération après génération, les mêmes erreurs, accrochée qu’elle est à ses illusions. En effet, « Les espoirs suscités dans la diplomatie française par l’amitié avec Yasser Arafat n’avaient été qu’une répétition de ceux placés tout d’abord en Amin al-Husseini puis en Khomeyni – des espoirs illusoires et si obsessionnels qu’aucune expérience n’a suffi à les dissiper. »

Comme on l’a dit, ce tropisme remonte loin dans le temps. Après la première guerre mondiale, « le Quai d’Orsay invente ainsi en Palestine un camp islamo-catholique où les chrétiens arabes ont leur place, contre un camp anglo-sioniste, comme si les Britanniques avaient épousé la cause nationale juive ». Pour le général et haut-commissaire à Damas, Henri Gouraud, comme pour le Quai d’Orsay, « les juifs sont nécessairement fanatiques, et la mission de la France est bien sûr de protéger les Arabes musulmans et chrétiens de la région. » Quant au très royaliste Maréchal Lyautey, il pense que « le sionisme ne repose sur rien d’authentique. » Pourtant, Maréchal, avec le sionisme n’est-ce pas la nation juive qui se reconstitue sur sa terre ancestrale après des milliers d’années, et ça n’aurait rien d’authentique ? L’époque des années 20 c’est aussi celle où circulent les Protocoles des Sages de Sion, ce faux qui prétendait apporter la preuve d’une conspiration juive à l’échelle mondiale. L’ambassadeur Jules Laroche en faisant le premier un parallèle entre sionisme et nazisme donnera des idées au monde arabe. Ce misérable rapprochement fera florès là-bas. Ici hélas il nourrira la ligne antisioniste du Quai. Ce début des années 20 est aussi le temps où les Arabes refusaient aux Juifs l’accès au mur des Lamentations. Les diplomates français n’y trouvaient rien à redire. Imaginez un peu le tollé dans les chancelleries diplomatiques si le cas inverse s’était présenté, c’est-à-dire si des années plus tard Israël avait refusé aux Arabes l’accès à l’Esplanade des mosquées. Que notre diplomatie se soit retrouvée aux avant-postes pour s’opposer ensuite à l’Etat d’Israël, on ne s’en étonnera guère. Avant même sa création, c’était un signe, le gouvernement de Vichy alla chercher parmi les diplomates de carrière celui qui rédigea le statut des juifs du 3 octobre 1940. On doit en effet cette ignominie à l’ancien ambassadeur Marcel Peyrouton. Pas étonnant qu’aucun diplomate français ne figure en avril 2000 à l’ordre des Justes parmi les nations.

La ligne politique du Quai s’est cristallisée autour de la vision de Louis Massignon (1883-1962), le plus grand orientaliste de son époque, « mais un affabulateur doté une personnalité suffisamment forte pour persuader ses auditeurs que les excentricités de son imagination coïncidaient avec la réalité. » Il portait la robe et le turban des étudiants d’al-Azhar, « centre historique de la dévotion musulmane au Caire ». Mais il lui arrivait aussi de revêtir la bure franciscaine. En 1934, après une visite à Jérusalem, il se forge la conviction que « seul un bloc franco-musulman peut sauver la Terre sainte, voire l’ensemble de la région ». Il ira jusqu’à dire : « Ma patrie, c’est le monde arabe. » D’ailleurs, il jeûne pendant le ramadan. Et c’est cet homme-là bouche bée devant le monde arabo-musulman qui va façonner la ligne politique de nos Affaires étrangères, à savoir que la France et le monde islamique ont un destin commun. Mais ce qui trahit le personnage, au-delà de son lyrisme pathétique et théâtral, c’est son antipathie pour les Juifs, elle aussi savamment cultivée. Après 1945, il se lancera dans une violente campagne contre la fondation de l’Etat d’Israël. Sa création constituait pour lui «  une imposture dont nous n’avons pas à nous faire complice ». Sans commentaire.

Il existe une thèse faite sur mesure afin de disculper le Quai d’Orsay de toute partialité. Selon celle-ci, les diplomates ne haïraient pas les juifs, mais ils ne voudraient pas pour autant que ceux-ci prennent leur destin en main. C’était l’opinion de Chirac, amical avec les Klarsfeld, mais méprisant avec les dirigeants israéliens. Si une telle posture n’est pas une forme douce d’antisémitisme, qu’est-ce que c’est ! Surtout pour un qui a côtoyé les pires figures du monde arabe et les a tant appréciées : Hafez-el-Assad et Nasrallah, tous deux ne rêvant que de la disparition d’Israël.

La France, son élite politique plus exactement, a un tel penchant pour le monde musulman qu’elle est prête à se mettre elle-même en danger. L’élite tient moins à la France qu’à son monde des Mille et une nuits. Normal puisque l’élite a fait sécession. Sa politique arabe n’a jamais mené à faire de la France un sanctuaire face aux violences. Au contraire, notre pays est un des plus martyrisés par l’islamisme triomphant. De Massignon à Védrine, de Jobert à Dumas en passant par Cheysson, tous antijuifs, qu’ils soient de droite ou de gauche, tous ont poursuivi la même idée fixe. Ce qui a débouché sur un siècle de trahisons envers le peuple de France pour avoir passé son temps à morigéner les uns (Israël ou les juifs) et à flatter les autres (le monde arabo-musulman). Et pour quel résultat et quelle reconnaissance, je vous le demande ? A récuser aux uns le droit de se défendre, eh oui en faisant la guerre, par quel autre moyen sinon, et à fermer les yeux devant les exactions des autres, qui y a gagné ? Certainement pas la France. Mais nos diplomates sont de grands enfants. Des garnements, devrais-je dire. Reçus comme des princes par les dictatures du Maghreb ou d’ailleurs, au Levant, ils reviennent « bouffis de leur importance » et se font invariablement les chantres de la cause islamique.

Dans ses visées, le Quai d’Orsay a disposé d’un instrument stratégique, l’AFP. C’est l’Agence France Presse « qui prépare l’opinion, par une déformation permanente des réalités du Proche-Orient, à épouser la cause palestinienne et à pardonner tous les attentats. Les ripostes israéliennes sont présentées comme des agressions délibérées en tête des dépêches alors que les événements ayant suscité ces ripostes n’apparaissent que dans le texte », si tant est qu’ils apparaissent. Voilà comment l’historien David Pryce-Jones décrit en 2006 les méthodes de l’AFP : « Présentation tendancieuse des faits, omission de tout ce qui gêne, choix des créneaux horaires de diffusion des dépêches pour s’assurer que certains événements passeront inaperçus, déséquilibre des sources, citations tronquées, inversion presque systématique des rôles d’agresseur et de victime, bourrage de crâne opéré grâce à la sémantique… » Cela ne vous rappelle-t-il rien ? N’est-ce pas précisément ce que nous dénonçons dans le traitement de l’information par l’AFP depuis le covid ? Ses procédés spécieux au service de l’Etat profond. Or, le Quai d’Orsay n’est rien d’autre qu’une de ses émanations. Tout comme l’AFP contrôle le flux d’informations, le Quai a la main sur la géopolitique. Quels que soient les ministres, le plus souvent en plein accord avec eux, il a eu les mains libres pour mener à bien, jour après jour, sa politique arabe. Avec l’AFP comme outil de propagande pour nourrir son narratif.

Les faits rapportés ici sont une infime, infime partie de ceux que j’aurais pu citer tant ils abondent. Il m’a fallu faire des choix. Au final, au lieu de réaliser un grand bloc franco-arabe ou euro-arabe, les illusions du Quai d’Orsay ont abouti à faire de la France une des premières marches du Califat en Europe. Et bientôt de nous tous des dhimmis. Or il y a encore trop de patriotes complaisants avec les pays arabes. Eux, qui sont toujours prêts à vilipender les élites, reprennent à leur compte leur vision fantasmagorique du Proche-Orient et de l’Islam en général. Quand les uns, les plus lucides, la renient sans fard sur Radio Courtoisie et appellent un chat un chat, un islamiste un fasciste, les autres, les plus judéophobes, sur GPTV ou même Tocsin retombent dans les travers de la vieille droite rance, à deux doigts de recycler les poncifs antijuifs bien connus tout en ignorant exprès la réalité profonde des tyrannies proche-orientales. Le fantôme de Massignon doit errer parfois dans les couloirs de GPTV.

Alexandre Adler a dit il y a quelques années : « Il faut rompre avec cette hypocrisie qui consiste à croire que la France a une quelconque sympathie pour Israël, cela nous gêne dans notre raisonnement. Nous sommes, il faut le savoir, un pays allié aux pays arabes, qui est hostile à la politique d’Israël et qui la combat par l’action de ses agents diplomatiques. » Ce constat reste vrai en 2024, n’en déplaise aux souverainistes, trop aveugles sur l’Islam, voire complaisants avec lui. Les identitaires, eux, n’ont pas cédé aux mirages du désert d’Arabie. C’est aussi pour ça que le peuple de droite ne suit pas les souverainistes autant que ceux-ci le voudraient.¾

NB : toutes les citations sont tirées du livre de David Pryce-Jones, Un siècle de trahison – La diplomatie française et les Juifs, 1897-2007.

Photo d’illustration : Le Quai d’Orsay des brumes au début du XXème siècle

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