L’Etat jacobin n’allait pas longtemps atermoyer. Sous la pression des gauches, il tentera peu à peu de mettre la main dessus, en grignotant notre libre arbitre. La chute du mur de Berlin venait à peine de se produire que l’historien américain Ralph Epperson, attentif nonobstant à un péril rouge résurgent et à leur volonté résolue d’emprise sur la jeunesse, rappelait que les communistes ont toujours eu la propension de vouloir rééduquer les jeunes à l’abri de la religion traditionnelle. L’éducation est en quelque sorte la pierre angulaire du communisme. De leur côté, les humanistes emprunteront la même voie en appelant à une éducation universelle. On aura compris que ce sera sous égide étatique, loin de la religion la plus haïe par la gauche, à savoir le christianisme. En vérité, tous ces progressistes autoproclamés voient un problème à ce que les parents exercent un contrôle sur ce qu’apprennent leurs enfants. Pour eux, en conséquence, les enseignants doivent endosser le rôle de nouveaux prosélytes d’une nouvelle foi. Plus que des hussards de la république, ils doivent devenir les apôtres d’un nouveau catéchisme laïc. N’est-ce pas en l’occurrence tomber de Charybde en Scylla ? Arracher la jeunesse des mains de Don Camillo pour la précipiter entre celles de Peppone ? Est-ce cela le progrès ? On a vu à ce propos le côté vicié du progressisme en ce qu’il était à géométrie variable, ferme avec une foi, laxiste avec les autres. L’Etat n’a cessé de s’ingérer dans la formation scolaire en statuant, à l’excès car ne sachant pas s’arrêter, sur ce qu’il était bon de croire ou de ne pas croire. Aussi la situation a-t-elle pris un tour crispé ces dernières années. Notamment lorsque certaines familles se sont insurgées, considérant que leurs convictions créationnistes n’avaient pas à être contrariées par l’école républicaine. L’Etat n’avait pas à s’en mêler. Les progressistes ont eu d’autant plus de difficultés que la réaction, en France, vint essentiellement du monde musulman. La gauche bienpensante (dans laquelle j’inclus ce qu’il est d’usage, à tort, d’appeler la droite républicaine) s’était prise à son propre piège. En dépossédant la chrétienté du droit à exercer sa vision ontologique, elle allait toucher également l’islam, beaucoup plus ombrageux sur ce point. Au fond, l’épreuve de force ne faisait que ressusciter à intervalles réguliers, comme le feu qui couve sous la cendre.
Le débat école privée-école publique, école confessionnelle-école laïque, aurait pu sembler loin derrière nous, ses derniers feux s’étant éteints en 1984 lorsque Mitterrand a enterré son projet de régir l’école privée. Il renonça finalement devant la levée de boucliers déclenchée par son initiative. A l’époque, influencé par une survivance du XIXème siècle qui voyait en l’Eglise l’adversaire irréductible, j’avais choisi mon camp. C’était sans apercevoir que nous avions changé de siècle et que j’encourageais du même coup l’appétit de l’ogre Etat toujours alléché par la perspective de croquer nos tendres rejetons. Jamais mon objectif n’avait été qu’il se substitue aux familles. L’école publique devait instruire, non endoctriner. Elle devait épanouir le jeune esprit, non le corseter dans un dogme quel qu’il soit, religieux ou bureaucratique. Je le pense encore. A l’heure actuelle, sous l’obsédé de ministre qui se trouve à sa tête, le Ministère a plus que jamais l’ambition funeste d’évincer des parents soi-disant rétrogrades pour asseoir son pouvoir suprême sur la jeunesse, à coups de mesures perverses et débilitantes. L’éducation sexuelle est devenue en effet le fer de lance d’une politique menée par des tordus et des satyres. Ne me dites pas qu’encourager la fréquentation des drag-queens par nos enfants relève d’une bonne éducation. Et ce sont toujours les mêmes qui ouvrent les hostilités, mus par une tentation commune à travers les années, quelque soit l’angle par lequel ils attaquent.
Tout cela fait qu’il est grand temps qu’on les expulse de ce ministère aussi et qu’il soit rebaptisé Ministère de l’Instruction publique. Une tache noble, s’il en est, et amplement suffisante. Personne n’a jamais demandé aux politiques de nous destituer de nos droits et de nos devoirs envers nos enfants. Seuls les parents indignes le feraient. Voulons-nous être des parents indignes et ne pas assumer la noblesse d’être parent ? Si c’est le cas, pourquoi avoir eu des enfants ?
Aujourd’hui l’objectif des mondialistes est de dévoyer garçons et filles dès le plus jeune âge, comme si cela ne leur suffisait pas de les avoir rendus dociles depuis cinquante ans. Ne revenons pas sur la fabrique du crétin. Personne de raisonnable ne peut nier que la baisse du niveau n’est pas un fantasme. Si nous ne sommes par parvenus à alerter des dangers de la fausse vaccination, c’est aussi parce que le travail en amont avait été réalisé pour affadir les facultés individuelles dont se réclamait Condorcet. Bien évidemment, les jeux et autres distractions en tous genres ainsi que la désinformation d’Etat ont eu leur part dans l’abrutissement tant recherché. Avoir accueilli les parents à l’école pour parler de la pluie et du beau temps, ça ils l’ont bien voulu, mais c’était pour mieux les exclure ensuite de l’essentiel, leur domaine réservé, l’éducatif. L’école secondée par les médias a fait ensuite le nécessaire, formatant les esprits et les conformant à un standard malléable et corvéable à merci.
S’ils ont remporté des succès, reconnaissons-le, n’empêche qu’il leur reste encore beaucoup à faire. Bien que diabolisée depuis l’école de Francfort comme étant la cellule fasciste par excellence, la famille continue bon an mal an à exercer un ascendant sur les enfants. Entre temps, l’industrie du divertissement, de Disney à Netflix, a débarqué en force pour soutenir l’Etat castrateur. Elle a imposé sa lecture dénaturée et ses codes à la jeunesse par-dessus l’épaule des parents, voire avec leur complicité pour les plus niais d’entre eux. Cependant la situation financière de ces majors laisse à désirer. Elle augure peut-être du reflux de tendance et de la reconquête de nos prérogatives.
Dernièrement, Donald Trump a consacré un discours entier à une révision du système éducatif. C’est dire l’importance qu’il lui accorde dans sa lutte à mort contre le mondialisme. Un mondialisme qui n’est à bien des égards qu’un néo-marxisme infiltré dans toutes les strates de nos sociétés et qui les a prises moralement en otage. Dans son programme pour 2024, Trump établira une charte du système éducatif dans laquelle les parents pourront se réapproprier l’école et auront un droit de regard sur ce qu’on enseigne à leurs enfants. En seront exclus tous ceux qui prôneront la théorie critique de la race, la théorie du genre et autres fariboles déstructurantes. L’Etat sera remis à la place qu’il n’aurait jamais dû quitter. Il faudra lui faire perdre l’envie de recommencer, à l’avenir.¾
Photo d'illustration : Edouard Herriot (Agence Meurisse 1936 Paris BnF)