Dans l’Education Nationale, on a assisté récemment à une attaque similaire contre la démocratie et le bon fonctionnement de la chose publique. Deux agrégés de philosophie, pour avoir exprimé leur désaccord avec la politique du gouvernement, ont été suspendus. Il s’agit de René Chiche et de Franklin Nyamsi. Ce dernier a même été mis en garde à vue à cause de ses positions anti-gouvernementales. Quant à René Chiche, agrégé de philosophie, auteur de La désinstruction nationale et membre du Conseil Supérieur de l’Education, sa sanction a été de trois mois de suspension. Dans les deux cas, l’acharnement du pouvoir s’est exercé sans faillir aussi bien que de manière illégitime. Précisons bien que le professeur de philo n’a pas tenu un cours prosélyte qui pourrait justifier un tel harcèlement. Non. Il a, comme tout bon citoyen en démocratie, fait valoir son droit à la critique et à l’exercice de sa liberté d’expression. Mais, n’en déplaise à tous les aveugles heureux de l’être, nous ne sommes plus en démocratie et c’est ce qui autorise le gouvernement à poursuivre de sa vindicte un modeste professeur.
Oui, c’est une atteinte gravissime contre laquelle l’ensemble des professeurs aurait dû s’insurger. Mais peut-être son profil de vice-président du syndicat Action et Démocratie ne sied-il pas à ses collègues ? Pas assez dans la mouvance traditionnelle de gauche. Jadis toujours prompts à s’indigner à la moindre injustice, les professeurs ont tout perdu de leur superbe. Ni ils ne s’offusquent de cette mesure inique contre leur collègue, ni ils ne dénoncent les responsables comme Aurore Bergé à l’origine de cette sanction et les exécutants comme ce DRH de l’Education Nationale qui a signé la mise à pied de René Chiche. La lamentable prostration des enseignants n’a d’égale que celle des politiques dans cette affaire. N’a-t-on pas entendu le préfet Nunez se dire favorable à un encadrement administratif du droit de manifester, dans l’indifférence de la classe politique ? Florian Philippot a été un des rares à le signaler, on semble s’habituer « depuis plusieurs mois [à] l’interdiction de plus en plus systématique des manifestations via mille prétextes. Si on est attaché à la liberté normalement constitutionnelle de manifester et si on refuse l’arbitraire, c’est une dérive totalitaire très grave. » Mais il semble que beaucoup ne soient plus attachés à cette liberté. Une telle négligence chez eux montre à quel point le pays est mûr pour le fascisme. Bien sûr celui des prétendus antifascistes qui tirent les ficelles !
La peste, qui a fermenté pendant plusieurs décennies, s’est répandue dans le pays depuis 2017. De cette épidémie il n’est pas fait mention dans les journaux. Et pour cause. Mais aujourd’hui elle atteint villes et campagnes. Elle nous affecte tous, tant les porteurs du bacille totalitaire infectent le pays. Relisez Camus si vous voulez saisir la gravité de ce qui arrive. Il est donc temps, de notre côté, de prendre des mesures prophylactiques et d’isoler à leur tour ces propagateurs du mal ! ¾
Photo d'illustration : Les animaux malades de la peste, gravure de Gustave Doré