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La controverse de Tel-Aviv

Le 28/08/2024

Dans Actualités

Une passe d’armes a eu lieu ces derniers jours entre Alexis Cossette, dont vous savez que j’apprécie la finesse des analyses, et Salim Laïbi. Tous deux ont bataillé côte à côte au temps du covid pour dévoiler la supercherie dont nous étions victimes. Tous deux n’ont pas hésité à accuser les maîtres d’œuvre, aux Etats-Unis comme en France et ailleurs. Seulement, les dissensions n’ont pas tardé à apparaître. Et pas sur des sujets secondaires, qui pourraient justifier qu’on jette un voile discret par-dessus. Non, cela a commencé lorsque certains comme Laïbi ont dénigré Trump. Je savais déjà quelle en était la raison. L’homme politique lui déplaisait, pour le seul motif qu’il avait dans le passé soutenu l’Etat d’Israël. Alors président, il avait installé son ambassade à Jérusalem et reconnu la ville sainte comme capitale de l’Etat hébreu. Autant dire, pour Salim Laïbi, que c’était un crime de lèse majesté contre la Oumma. Des millions de musulmans n’aspirent en effet qu’à supprimer Israël de la carte. Et personne évidemment pour traiter ceux-là de jusqu’au-boutistes !

Sur les réseaux sociaux, ils le font déjà symboliquement en barrant le mot même d’Israël, l’écrivant ainsi : Israël. D’autres ne veulent même pas avoir à s’écorcher la plume et l’appellent l’entité sioniste. Ne me dites pas que ces personnes aspirent à l’entente cordiale sur cette terre. Ce sont tous des fanatiques de la prétendue cause palestinienne et surtout de la pire espèce. D’ailleurs, les entendez-vous s’offusquer du sort de qui que ce soit d’autre sur Terre ? Et s’indigner d’autres génocides que celui qui aurait cours à Gaza ? Ce ne sont pourtant pas les génocides qui manquent en ce bas monde ! Nous allons en reparler puisque personne ne les dénonce. Mais qu’Israël tombe, et le totalitarisme islamique déferlera sans aucune barrière. Il sera alors trop tard pour s’en inquiéter.

La fréquentation des réseaux montre l’ampleur de ce déversoir de haine et de parti pris. Nous connaissions déjà l’islamo-gauchisme. Personnellement, j’ai découvert chez des français de souche ce que j’appellerais l’islamo-conservatisme. Lisez par exemple la prose d’un certain Eric Montana. Son unique préoccupation semble être le sort de Gaza. Où était-il quand au Darfour, province du Soudan, des centaines de milliers de civils étaient en proie à un grand génocide ? Où était-il quand en 48 tous les pays arabes voisins décidèrent d’envahir le jeune Etat juif au mépris des décisions de l’ONU ? Où était-il lorsque l’Iran et l’Irak se livraient dans les années 80 à une innommable boucherie, dévorant même les enfants ? Jamais je n’ai lu de commentaires sur ces sujets ou sur tant d’autres… Comme les exactions du FIS en Algérie, une décennie plus tard. Ou comme les massacres opérés par le retors Edogan dans la population kurde. Personne n’a jamais parlé de génocide contre les kurdes. Et croyez-vous que la cause kurde agite le monde, et d’abord le monde arabo-musulman ? Vous connaissez la réponse. Eric Montana n’est en fait animé que par sa haine monomaniaque des juifs. Selon lui ils sont responsables, et tous le sont, de ce qui nous arrive. C’est bien entendu en invisibilisant les responsabilités des autres confessions qu’il en arrive à cette conclusion. Notez que je ne conteste pas l’influence toxique des juifs de cour dans les instances mondialistes et que je le déplore comme lui. Mais lui va plus loin, trop loin. Voilà ce qu’il écrivait le 23 août : « Je me refuse dans l’état actuel des choses (génocide à Gaza) à faire le tri entre les bons et les mauvais Juifs, car nous sommes arrivés à un temps de rupture et de séparation annoncées ». Vous avez bien lu. Pour lui, tous les juifs sont à mettre dans le même sac. Quoiqu’ils pensent et quoiqu’ils fassent ! Et quelle serait la solution à préconiser, à son avis ? Je n’ose imaginer des solutions expéditives comme de jeter les juifs à la mer. Remarquez aussi qu’il ne parle pas des israéliens mais des juifs ! N’est-ce pas là la marque d’un antisémitisme viscéral ainsi que le disait Vladimir Jankélévitch ? A ce tarif-là, on pourrait aussi réclamer des comptes à chaque chrétien pour les malheurs provoqués par l’Inquisition ou à chaque musulman pour les conversions forcées à la foi mahométane. A voir les choses d’une manière manichéenne, beaucoup comprennent le monde de travers, cherchant un seul responsable par commodité. Qui de voir partout la main de la Chine, qui celle d’Israël ou des Etats-Unis… Comme les mondialistes qui veulent voir la main de Poutine derrière chaque événement qui leur déplait. Que voulez-vous, la complexité du monde donne le vertige et la monomanie égare les esprits simplistes. Qu’y pouvons-nous ?

Afin d’élargir l’horizon d’Eric Montana et lui montrer que les juifs ne sont pas derrière tous les conflits, qu’il considère les génocides suivants, tous au sein du monde musulman. Et qu’il se pose la question de savoir pourquoi il n’a choisi qu’un seul d’entre eux pour sa croisade. Ma liste est loin d’être exhaustive, la longueur de cet article ne le permettant pas.

Commençons par le génocide kurde commis par l’Irak du bon Saddam Hussein et perpétré par son cousin Ali. Il a eu lieu en 1988 et a fait près de 200 000 morts parmi les civils. Passons sur le caractère particulièrement sadique des attaques chimiques au gaz moutarde.

J’ai eu ici l’occasion d’évoquer un autre massacre dans ces mêmes années, celui d’Hama en Syrie : la bagatelle de 20 000 morts. A l’époque déjà on vilipendait allègrement Israël. Ceux-là ont-ils dénoncé Hafez El-Assad et la Syrie pour avoir décimé la ville d’Hama ? Ont-ils barré seulement le nom Syrie ? Ont-ils souhaité son éradication de la carte ? Ont-ils demandé la traduction d’Hafez devant une juridiction internationale ?… Non, que je sache, car Hafez était un musulman. Les uns pour cause de religion, les autres par crainte, la communauté internationale s’est tue. Aucun mouvement n’est venu manifester sa colère sur les campus ou devant la Convention des Démocrates pour diaboliser la Syrie, les syriens et leur dirigeant.

En 2015 ensuite, Ankara a lancé ses troupes au Kurdistan contre le PKK (le Parti des travailleurs du Kurdistan), commettant des massacres parmi la population. Même l’Huma, peu soupçonnable en général de blâmer les musulmans, raconte que la population kurde a fait les frais de la terrible politique d’Erdoğan et va jusqu’à dire qu’elle « n’est pas sans rappeler les heures sombres de l’Empire ottoman et du génocide opéré contre les arméniens ».

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Finalement, c’est le génocide du Darfour (région occidentale du Soudan) qui doit retenir notre attention à cause de sa longévité. Entre 2003 et 2008, il a fait 300 000 morts ! Le coupable était le pouvoir de Karthoum, alors entre les mains du président soudanais Omar-el-Béchir. Il sera plus tard poursuivi pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et pour génocide. Dans sa sinistre entreprise, le bourreau s’est appuyé sur les milices arabes Janjawids, sorte de section d’assaut du désert. Il restera en poste jusqu’en 2019, gardant des appuis à la Ligue Arabe, en Chine et en Russie ! Au cours de ce conflit les Janjawids ont commis des crimes effroyables contre les tribus noires-africaines, non-arabophones. Leur objectif : éradiquer ces populations. Quelle ne fut pas ma sidération, lorsque j’appris que ce conflit ancestral se poursuivait encore en 2024 ! Cette fois ce sont les RSF (Forces de Soutien Rapide), issues des Janjawids, qui affrontent les forces armées soudanaises (SAF) et qui progressent au Darfour ! Leurs exactions n’ont pas cessé : massacres de femmes, d’adolescents et de personnes âgées. Personnes arrêtées et battues durant leur exode, personnes brûlées… Les Janjawids sont alliés accessoirement au Hamas et au Hezbollah. Il fallait que ce soit dit. Là encore les tribus non arabes sont ciblées par les Janjawids, en particulier les noirs massalits. Human Rights Watch parle de milliers de morts et de centaines de milliers de réfugiés. Eric Montana est-il au courant et conscient de tous ces génocides non imputables aux israéliens ou n’ont-ils aucune importance à ses yeux pour qu’il les ignore ?

Mais passons sur le cas Montana et sur celui de tant d’autres. Passons sur ce torrent de haines ressassées plutôt que d’analyses géopolitiques sérieuses. Et venons-en donc à la querelle Cossette-Laïbi. Il se trouve que Salim Laïbi a déclenché la première escarmouche. Dans l’affaire du boxeur algérien, il avait fait partie de ceux qui défendaient l’Etat algérien coûte que coûte et il avait soutenu que le boxeur était bel et bien une femme. Or, en dépit de toutes les preuves anatomiques et génétiques fournies par Cossette, il n’en démordit pas. Pour lui, l’Etat algérien ne pouvait être suspecté de couvrir un mensonge. Réaction clanique de sa part. Salim Laïbi n’est pas Boualem Sansal.

La controverse aurait pu en rester là si ce sujet n’en avait pas masqué un autre. Laïbi allait attaquer Trump en le traitant de « prostituée du lobby sioniste ». A ma connaissance, Laïbi n’a jamais traité Sarkozy de « prostituée du lobby qatari » ! Et pourtant… Pourquoi en ce cas un traitement spécial pour Trump ? Sa diatribe se poursuit par cette phrase : « Il veut coloniser les pays voisins pour le bénéfice de Tel-Aviv !!! » Ah bon !!! D’où sort-il cette conviction ? Argument gratuit et extrapolé, au mépris des faits. Et de finir par un injurieux « Cette ordure est malade ». J’ai remarqué que Laïbi a tendance à pathologiser ses adversaires. Notez l’absence complète de justification. Rien ne vient légitimer ses insultes. Et d’ailleurs, comme on va le voir, Cossette lui rappelle qu’il a apporté toutes les preuves qui le contredisent. En réalité, Laïbi réagit à une bribe de phrase qu’aurait prononcée Trump : « Israël parait minuscule sur la carte, comparé aux autres pays du Moyen-Orient. Y a-t-il moyen d’en avoir davantage ? » Voilà tout le crime de Trump. Voilà ce qu’on lui reproche, lui qui a rappelé ses troupes du Moyen-Orient, lui qui n’a déclenché aucune guerre, même contre l’Iran belliciste des mollahs, lui qui n’a que le mot paix à la bouche, lui surtout qui parle à toutes les parties en présence et a initié les accords d’Abraham. Et pour quelques mots dont j’ignore s’ils ont été vraiment prononcés, si la traduction est fidèle et s’ils recouvrent la moindre velléité de sa part, voilà que Salim Laïbi s’enflamme et montre l’intolérance qui est la sienne dès lors qu’on chatouille sa susceptibilité de musulman. Lui aussi, l’ai-je jamais entendu critiquer un régime islamique ? Certes, je n’ai pas entendu la totalité de ses interventions, mais j’en doute. Ses indignations géopolitiques, il les réserve au seul état non musulman du Moyen-Orient. Etat qui n’a jamais été accepté par les presque deux milliards de musulmans sur Terre, qui n’ont de cesse, eux, de vouloir étendre leur emprise par l’immigration et l’entrisme des démocraties. Dois-je rappeler à Salim Laïbi le triple non de Khartoum ? Résolution prise par les pays arabes en 1967 pour s’opposer à la paix avec Israël, à sa reconnaissance et à des négociations avec lui. De cela d’ailleurs, Eric Montana ne parle jamais non plus. Sait-il seulement ce que cela fait de vivre entouré d’ennemis dont l’unique but est de vous faire disparaitre ? De voir l’existence de son pays remise en question depuis soixante seize ans par tant de foules fanatiques sur le point d’en découdre ? D’être le juif des nations ? J’en doute, puisque lui-même en est venu à épouser la haine de ces pays hostiles et pourtant peu estimables en matière de droits de l’homme. Aujourd’hui néanmoins certains pays arabes sont prêts à la négociation et même à la reconnaissance et à la paix. C’est un pas fantastique qu’a fait franchir Trump à ces pays et à Israël. Cependant, tant que des organisations fascistes, tels le Hamas et le Hezbollah, ainsi que leurs commanditaires dont l’Iran du débonnaire Khamenei, mettront de l’huile sur le feu, les espoirs d’une paix durable seront minces. Notez par ailleurs que je ne fais pas confiance non plus aux mondialistes qui dirigent Israël, souvent au détriment du peuple israélien. On s’en est aperçu pendant le covid.

Et lorsqu’Israël fait un pas en direction de la paix, en tient-on compte ? Nullement. Ainsi, en 2005, Ariel Sharon, la bête noire des islamo-gauchistes bien avant Netanyahu, avait ordonné l’évacuation de la bande de Gaza. Qui l’en avait félicité à l’époque ? Personne. La gauche avait fait de la surenchère à l’image du Hamas et la communauté internationale ne lui en avait pas su gré.

Cossette se garde bien de défendre Israël. Il a même lâché du lest, concédant aux pro-palestiniens que la réponse israélienne au 7 octobre dépassait les bornes. D’abord il n’a aucun intérêt personnel à le faire en tant que patriote canadien, mais surtout il est encouragé à préférer le camp de Trump pour son projet d’abattre l’Etat profond. Ce n’est pas tant qu’il veuille fermer les yeux sur les dangers de l’islamisme, il a esquissé le sujet lorsqu’il a dénoncé l’immigration submersive, entretenue par le mondialisme. Mais il préfère se focaliser sur ce dernier. Dans une réponse à Laïbi, il réfute que Trump soit sous l’emprise des sionistes. C’est fou d’ailleurs comme ce mot dévoyé électrise certains. Et il finit par lui lancer : « J’espère que Laïbi prendra la peine d’écouter les arguments irréfutables que j’avance avant de se ridiculiser en public ; le minimum pour une réponse intelligente sera de faire un tour de la littérature avant de se prononcer… ». La paresse intellectuelle révolte en effet l’intelligence. Et ses arguments ne sont autres qu’une vision rationnelle et le rappel de faits parlant d’eux-mêmes. Ce qui m’a plu dans la réponse de Cossette, c’est qu’il incite son contradicteur à réviser ses livres d’histoire, à analyser l’enchaînement des événements, avant de juger de la situation et des torts des uns et des autres. Mais des faits réels indubitables, Laïbi n’en a que faire. Seule sa boussole islamocrate lui dicte son attitude. Si les deux se sont retrouvés dans le même camp anticovidiste, c’est surtout parce qu’ils s’étaient découverts un ennemi commun, les mondialistes. Il fallait qu’une union de circonstances se fasse pour dénoncer efficacement leurs agissements. Mais, au-delà de cette période, leurs visions se révèlent antinomiques. Cossette n’apportera jamais son soutien au projet islamique parce qu’il est d’essence totalitaire, encore moins au prix de la négation du réel.

Aujourd’hui que la complexité de la réalité reprend ses droits, que l’islamisme est perçu comme une menace aussi grave et imminente que le mondialisme, ceux qui ont choisi l’Islam par appartenance à une culture n’ont que faire du camp patriote. Et la controverse Cossette-Laïbi est très symbolique à cet égard. Croyez-moi, du jour où la France deviendra islamique, et elle en prend hélas le chemin, notre ami Salim ne formulera plus aucune critique contre elle.¾

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