L'impasse

Le 06/05/2023

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L’avocat Juan Branco racontait dernièrement comment il est arrivé aux Gilets jaunes de se retrouver devant les marches du Palais, devant l’Elysée, suite à un repli des forces de l’ordre dépassées par l’émeute. Or, remarquait-il, rien ne s’ensuivit. Comme si, devant les lieux de pouvoir à leur merci, les Gilets jaunes n’avaient osé franchir le Rubicon du coup d’Etat et prendre d’assaut le pouvoir. Peut-être, ajouta-t-il, ne savaient-ils pas ce qu’ils en feraient. Ce fut probablement la meilleure occasion en six ans de renverser le pouvoir macronien, mais elle fut ratée, par immaturité politique et par peur devant le précipice.

Aujourd’hui la France est dans l’impasse. Le divorce est consommé entre le pouvoir et le peuple dans son immense majorité. N’a-t-on pas titré dans les médias, pourtant peu soupçonnables de vouloir en découdre avec Macron, que les trois quarts des français étaient en colère contre lui ? Pas opposés à lui, mais bien en colère contre lui !

Depuis 2017, Macron et sa faction ont porté de sévères coups au peuple français, prenant bien garde à chaque fois qu’une partie seulement de la population soit impactée par leurs décisions. Il y eut par ordre d’apparition les Gilets jaunes, préoccupés par la montée du prix de l’essence et la ponction ainsi opérée sur leurs maigres salaires. Ils préfiguraient le malaise général du pays et furent les premières cibles. Seules les célébrités du paysage audiovisuel firent la moue d’un air dédaigneux en toisant ces gens de haut. Pour des gens de gauche, la plupart, il était cocasse de les voir se pincer le nez. Pour être juste, il faut reconnaître à certains artistes de n’avoir pas eu peur d’associer leur nom au mouvement. Seulement, sa faiblesse demeura le manque de direction et les luttes intestines qui le minèrent. Enfin le noyautage par la gauche et ses troupes de choc, les antifas, finit de le dissoudre dans l’acide distillé par le pouvoir. Macron remportait la première manche.

Puis vint l’opération psychologique covid et le signal pour la caste omnipotente de se déchaîner. Cette fois contre tous ceux au tempérament assez indépendant et à la vision assez lucide pour refuser les injonctions inconstitutionnelles du pouvoir. Ces gens devinrent des parias. Ils furent étiquetés complotistes, antivax, antisémites (on se demande bien ce que vient faire l’antisémitisme là-dedans) ou traités plus simplement de crétins. Un vieux truc enseigné dans le parti communiste américain, nous expliquait il y a longtemps l’essayiste Edward Griffin. L’anathème en guise de disqualification. La violence verbale contre eux atteignit des sommets d’ignominie. Là encore, ce ne fut qu’un pourcentage, élevé certes, mais qu’un pourcentage de la population, qui se sentit affecté. Et malgré le constat quotidien que ces français ont eu raison sur toute la ligne, aussi bien sur leur défiance à l’égard des vaccins que sur leur discernement de la réalité totalitaire en marche, Macron et sa faction ont continué de s’asseoir dessus.

Dernier épisode de la tragédie, sa réforme des retraites qui a enflammé la France entière. Là, les troupes syndicales, les gens de gauche ont finalement rejoint Gilets jaunes et antipass dans la rue, après l’avoir boudée toutes ces années, jouant le jeu de division de Macron. A présent, le quorum est atteint. La colère gronde et s’amplifie. Nous sommes arrivés à un stade où le gouvernement ne peut plus mettre le nez dehors sans se dissimuler derrière une pléthore de forces de police surarmées, sans se faire huer et sans déclencher des concerts de casseroles et des bordées d’injures largement méritées. Au Stade de France, lors de la finale de la coupe, pas moins de 6 barrières de protection ont été érigées entre lui et le public. Dont une de stadiers et une autre de ninjas suréquipés. Macron s’est même terré pour remettre la coupe aux joueurs et l’événement n’a pas été projeté sur l’écran géant du stade pour éviter une bronca. Quant à la télé collabo, elle a couvert les sifflets de la 49ème minute et 30 secondes, en réaction à l’autocratique 49.3.

Six barrieres au stade de france

Les six barrières du Stade France, le soir de la Coupe de France

Dorénavant les instances du pouvoir, Elysée, Conseil constitutionnel, Matignon, Beauvau sont en état de siège dès lors que leurs locataires font mine de pointer le nez. En réponse, leur soldatesque déverse une violence barbare contre les citoyens qui n’ont d’autre choix que de descendre dans la rue pour se faire entendre. Le bras de fer est engagé. Il faut qu’il y ait un vainqueur. Je n’ose imaginer que le peuple perde. Le totalitarisme déjà en place ne ferait de nous qu’une bouchée. Mais, compte tenu des forces en présence, on voit mal une issue à l’heure actuelle. Entre Macron et le peuple il n’y a plus qu’un cordon de CRS. Que dis-je, une armée de CRS. Si certains tiennent Macron responsable des coups qu’ils reçoivent lors des affrontements auxquels les envoie leur hiérarchie, d’autres vont jusqu’à démissionner. Mais beaucoup sont encore autistes et restent figés dans une attitude agressive envers le citoyen. Le plus bel exemple est ce policier qui aboie devant Eric Verhaeghe filmant sagement les infractions de sa compagnie. Quant aux antifas, renvoyons-les dos à dos avec certains policiers en ce qui concerne la responsabilité des fauteurs de troubles. Avez-vous entendu beaucoup d’entre eux se plaindre des antifas et exiger de leur hiérarchie des ordres de mise en garde à vue ? Non, car antifas et états majors de la police servent la même autorité. Quand la gauche honnête divorcera-t-elle des antifas ? N’a-t-elle pas mieux à faire, n’a-t-elle pas davantage de points communs avec les patriotes qui ne veulent qu’une seule chose, sauver leur pays et ses habitants de l’enfer mondialiste ? La convergence des oppositions est un préalable à tout bouleversement politique, un préalable qui n’est pas encore atteint, hélas. Raison supplémentaire pour ne pas croire à l’imminence d’un renversement de pouvoir.

Un retraité poursuivi par la macronie pour une banderole anti-Macron utilisant un mot qu'avait prononcé Macron lui-même contre certains français ! Le règne de l'arbitraire !

La situation est donc bloquée. La macronie a fini par montrer son vrai visage, celui d’une force d’occupation à visée globaliste et au caractère totalitaire. Si la force armée censée protéger le peuple continue de lui tourner le dos et de protéger un pouvoir qui sombre dans l’absolutisme, rien ne pourra changer dans un proche avenir. Je ne vois pas encore les prémices d’un effondrement de ce dernier rempart qu’est la police, au point qu’une insurrection remettrait les clés du pays au peuple. Mais peut-être ma vue est-elle déficiente. Peut-être le pressentiment d’un soulèvement qui balaiera tout son passage ne me vient-il pas à l’esprit, étant trop cartésien. J’entends les signes avant-coureurs, mais compte tenu de la mollesse d’une grande partie de la population habituée au confort (encouragée par la politique du panem et circenses) et du rempart que constituent toujours les forces de l’ordre qui ont pris leur parti, celui de ceux qui les paient et pas du peuple, compte tenu donc des lâchetés du temps, j’imagine mal qu’un mouvement insurrectionnel sorte vainqueur dans ces conditions. D’un côté, des forces au service de la destruction et de l’autre les faiblesses des peuples. La partie est inégale. A moins de dresser des barricades à travers le pays et de le paralyser comme en 68, qu’est-ce qui pourrait faire bouger les lignes de force en faveur de la protestation légitime ? Rien, mais si une paralysie était provoquée, cette fois un million de soutiens au pouvoir ne se lèverait pas pour le défendre comme en 68. Si De Gaulle a rendu un pays à son peuple, Macron, lui, l’a détruit en insultant ce peuple. Pour l’heure, il ne dispose pas d’un million de fidèles suffisamment téméraires pour oser descendre dans la rue, le soutenir et s’afficher à ses côtés. Contrairement à De Gaulle le 30 mai 68.

Christophe charret

Christophe Charret en pleine casserolade

Tournons-nous maintenant vers une histoire plus récente, pour savoir si d’autres peuples confrontés récemment à une telle voie sans issue ont trouvé la solution. Autrement dit, y a-t-il eu des révolutions réussies, parties de casserolades ? L’intervenant de l’Alliance Humaine, Christophe Charret, suite à sa participation à des casserolades parisiennes, a répondu à la question sur Youtube. Dans une vidéo, il y évoque un épisode oublié de l’histoire contemporaine, dont l’exemple pourrait être à suivre. C’est l’histoire d’un autre tintamarre, la Révolution dite des casseroles qui se déroula en Islande suite à la crise des subprimes, en 2008. Pas étonnant, vous allez voir, que la caste mondialiste ait tenu à ne pas l’ébruiter dans ses caisses de résonance, les médias inféodés. Charret nous narre comment une révolution de casseroles a eu raison d’une oligarchie locale, chargée de sauver les banques. Au moins un temps !

Un article de la Tribune, d’octobre 2012, explique le miracle islandais, avec le recul nécessaire. Trois semaines après la faillite de Lehman Brothers, le 6 octobre 2008, le premier ministre islandais annonce la déconfiture des trois grandes banques du pays. Le pays entre alors dans une crise sans précédent. Comment est-il sorti de ce mauvais pas ? Par quel miracle ? Contrairement à la zone euro, Reykjavik n’a jamais essayé de sauver ses banques. Il n’y a pas eu transfert du risque bancaire vers les finances publiques. Voilà la spécificité islandaise. Mais ce dont ne parle pas l’article de la Tribune, c’est de la véritable raison du redressement islandais : le sursaut d’orgueil des habitants de la terre de glace !

Entre 2008 et 2009, s’organisent peu à peu des manifestations populaires. La foule s’est mise à croître, de semaine en semaine, armée pour tout instrument de casseroles. Tous les samedis, elle s’est réunie devant le Parlement et la Banque centrale. Cette mobilisation a finalement abouti à la démission du gouvernement et à la nationalisation des trois banques en question. Les islandais, non seulement n’ont jamais remboursé leur dette, mais encore ils ont tenu à se doter d’une nouvelle constitution élaborée par des citoyens issus directement du peuple. Chacun fut ainsi sollicité pour s’exprimer librement. Ce fut ce qu’on a appelé la Wiki-Constitution. Bien sûr la classe médiatico-politique et les lobbys mirent des bâtons dans les roues du processus, notamment en corrompant certains acteurs. La nouvelle constitution ne fut malheureusement pas adoptée, mais la voie était ouverte.

Certes, l’histoire d’un petit pays comme l’Islande ne peut servir de modèle au peuple français. Le gouvernement islandais ne put s’appuyer, par exemple, sur les mêmes forces de police que le gouvernement français, qui en plus a eu le temps de prendre les devants. Ceci explique cela. Néanmoins, comme au football où les supporters français se sont convertis au fameux clapping islandais, dans leurs manifestations les français ont imité les islandais avec des batteries de casseroles. Peut-être, et ce sera là son génie, le peuple français découvrira-t-il de lui-même la faille pour renverser la tyrannie et embastiller ceux qui l’y ont amené.¾

 

Photo d'illustration : La Révolution des casseroles - janvier 2009 - ©  OddurBen via Wikimedia Commons

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