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Culture en péril

Le 25/11/2023

Dans Actualités

« Quand je vois l’état de délabrement de notre cher pays… » Philippe Murer

« Ils auront réussi à venir à bout de toute la grâce, de toute l’âme de Paris, comme ils viennent à bout de l’âme de la France par idéologie déconnectée », tweetait la chroniqueuse Béatrice Rosen, suite à l’enlèvement des boîtes à livres de bouquinistes au prétexte de la tenue des jeux olympiques dans la capitale en 2024. Tout ce qui peut incarner la culture française irrite le pouvoir actuel. Et, à la première occasion, bonne ou mauvaise, celui-ci saute dessus pour mieux lui asséner ses coups.

Avant même d’être élu président, le candidat Macron avait, dès février 2017, annoncé la couleur. « Il n’y a pas de culture française, avait-il lancé en guise de provocation. Il y a une culture en France. Elle est diverse. » J’étais alors abasourdi d’apprendre que, de Racine à Victor Hugo, de Marin Marais à Berlioz, de Clouet à Cézanne, ce qui m’avait paru relever pleinement de cette culture, à laquelle j’étais tant attaché, en fin de compte n’en était pas. Que, du fait d’une immigration débridée et assumée, désormais le djembé avait autant voix au chapitre que la viole de gambe, la statuaire africaine que le grand Coysevox ou les contes d’Orient que ceux de Flaubert.

Macron, en briguant le poste suprême de la république française tout en comptant bien éradiquer sa culture, mérite le qualificatif de fossoyeur. Son reniement de ce qui a fait la légende de notre pays est une offense non seulement à ses habitants mais à tous ses illustres disparus qui ont fait de lui le pays des lumières, le pays de la culture. Si l’Allemagne a brillé par sa philosophie et sa musique, l’Italie par sa peinture et son chant, la France quant à elle a excellé dans presque tous les domaines, la peinture, la littérature, la musique, l’architecture… jusque dans les actes de la vie quotidienne, avec ses arts de la table et de la mode, son art de la conversation ou encore celui de ses jardins. Aucun autre peuple européen n’a, durant l’âge classique, porté la culture à un degré si abouti, en en faisant un art de vivre.

C’est tout cela que Macron a tenu à effacer… d’une phrase. C’était dès le départ la mission de ce farouche zélateur du Nouvel Ordre Mondial, promoteur infatigable de la cancel culture. De par son projet, selon son expression même, projet de destruction, il rejoignait déjà les démonteurs de statues, ces séides d’extrême-gauche toujours prêts à servir de supplétifs au Nouvel Ordre Mondial. L’épidémie de déboulonnage de statues d’hommes dits controversés participait des efforts du système pour effacer la culture d’origine. Le prétexte entièrement fabriqué de la mort de George Floyd a ouvert la porte à ces actions dans le monde occidental. Parce qu’ils accusaient Colbert, le mémorable ministre de Louis XIV, d’avoir été à l’origine du code noir, des militants prétendument antiracistes exigèrent de déboulonner sa statue. Or, pour bien montrer que l’argument historique ne tient pas une seule seconde, d’autres de leurs congénères en Martinique détruisirent au mois de mai 2020 la statue de Victor Schœlcher, qui avait pourtant mis fin à l’esclavage, lui. Non, la véritable motivation fut ici et ailleurs de faire disparaitre une culture, de faire table rase, comme si elle n’avait pas existé. Un peu comme les talibans le firent avec les fameuses statues des Bouddhas de Bâmiyân en 2001. Ces humanistes souhaitaient effacer toute trace culturelle qui ferait de l’ombre à l’Islam. A moins qu’il ne s’agisse d’un tyran, dont la statue est renversée par la foule, s’en prendre à l’art statuaire, surtout après des siècles, est la signature du totalitarisme, de quelque bord qu’il soit.

Schoelcher mai 2020
Bouddhas talibans

Nous avons eu aussi les agressions d’œuvres d’art par des militants écologistes qui se fourvoient dans le nihilisme. La dernière en date est la Vénus au cupidon de Vélasquez. L’inculture de ces décérébrés fait office pour eux de programme politique. Rien ne peut justifier ces dégradations, si ce n’est un besoin irrépressible de détruire le beau que nous avons hérité des siècles passés.

Evidemment, dans cet ordre d’idées s’inscrit le massacre des œuvres d’art qui ornent les églises de ce vieux pays chrétien. La Basilique du Sacré Cœur de Rouen qui a été vandalisée et pillée en témoigne. Plus généralement, le patrimoine chrétien part en fumée, telle à Caen la superbe église gothique Saint-Etienne le vieux, qui tombe en ruines dans l’indifférence de l’Etat et dans le plus grand silence des médias.

Désormais, et c’est peut-être le plus scandaleux, ce ne sont plus des insurgés de la gauche extrême, des indépendantistes égarés ou des troupes de Soros qui en sont à l’origine mais nos propres gouvernants. Un exemple de décision prise par eux, qui attente à notre culture et à ses symboles : le retrait des boîtes à livres des bouquinistes, pour ainsi dire une institution parisienne. Leur présence peut-elle raisonnablement empêcher les sportifs de concourir ou la cérémonie d’ouverture de se tenir ?, ainsi que le souligne un internaute, un brin ironique. Et s’interroge-t-il, dans quel genre de régimes politiques supprime-t-on les livres, physiquement ou symboliquement ?

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On avait déjà eu un avant-goût de cette velléité d’acculturation en constatant l’absence d’effigies sur les billets de banque imprimés à partir de 2002, à l’arrivée de l’euro dans nos portemonnaies. Recto ou verso, on n’y voit que des réalisations virtuelles, hors sol pour ainsi dire, alors que les portraits de Beethoven, Debussy ou Purcell auraient fait aisément consensus… Ce ne sont pas les artistes illustres qui manquent en Europe, ni les figures d’homme de paix. Mais là encore, là surtout, il leur fallait annuler le passé, fondre les cultures dans un magma informe.

Au-delà de pareilles atteintes à notre culture, on a cherché à déboulonner la civilisation elle-même. « Ça fait cinquante ans qu’on déboulonne soigneusement tous les fondements de l’autorité parentale, confie Marie-Estelle Dupont, c’est-à-dire la capacité d’avoir du sens critique, la capacité d’avoir un débat qui ne soit pas binaire, la figure paternelle, la figure maternelle, le couple, la famille, les racines ; donc on a bien déboulonné toutes les figures d’autorité… » Comme on a cherché à déboulonner l’enseignant de son piédestal, souvent avec son consentement tacite. Ceci réalisé, l’éducation est parvenue à un niveau de faiblesse gravissime et la transmission du savoir avec.

Ce sont tous ces maillons que leur entreprise d’acculturation, leur cancel culture au sens large, a limés patiemment depuis des décennies. Des maillons, qui, contrairement aux déprédations d’œuvres d’art, ne se remarquent pas au premier coup d’œil. Des maillons qui ont lâché un à un sous le harcèlement d’hommes de pouvoir et d’influence.¾

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