La première saison ressemble à une chronique politique. Sa toile de fond : la crise du canal de Suez et l’aventure militaire franco-anglaise contre Nasser. Ayant une haute idée de la profession, l’équipe de journalistes saisit l’occasion de fustiger les entreprises bellicistes des gouvernants occidentaux, dont celle de leur premier ministre Anthony Eden. Revendiquant une liberté totale de la presse, et passant outre les pressions de leur hiérarchie, ils ne tournent pas autour du pot avant de dénoncer à l’antenne les manœuvres tantôt dilatoires tantôt agressives de l’Etat profond et sa volonté de plonger dans la guerre des populations foncièrement pacifistes.
Mais c’est la seconde saison qui nous intéresse ici. Dans le prolongement de la première et bien qu’éloignée cette fois de tout contexte historique, celle-ci a pour vocation de mettre en lumière les connivences et les collusions diverses entre la pègre, le milieu politique, le monde des affaires et le complexe pro-nucléaire. N’oublions pas que nous sommes en pleine guerre froide.
Les six épisodes de cette seconde saison brossent sans fard le portrait d’une élite de pouvoir qui se permet tous les crimes, toutes les malversations et toutes les mystifications. L’intrigue mêle des dirigeants de grandes firmes, ceux du lobby nucléaire trempant dans des opérations noires avec des politiques, et une mafia intégrée au système qui prend soin de faire chanter les uns et les autres après les avoir compromis, en leur jetant dans les bras des prostituées et en les photographiant dans des positions scabreuses. Trafic d’influence, trafic d’esclaves sexuelles, chantages et assassinats émaillent l’histoire de ce conglomérat d’intérêts. Tout le monde aura reconnu la bête immonde, ce que l’on nomme sous le raccourci d’Etat profond.
Evidemment la série ne fait pas l’impasse sur les pressions que subissent les journalistes et les patrons de presse, lorsque ces derniers ne sont pas eux-mêmes vendus. Cependant les héros de la série font preuve d’une intégrité sans tache. Incorruptibles et bien décidés, ils révèlent scandale sur scandale au prix de leur propre sécurité. Ces médias se voyaient encore beaux, il y a dix ans. D’authentiques chevaliers blancs !
Il est vrai qu’au sortir de l’opération H1N1 on doit aux médias d’avoir renâclé à embarquer dans le narratif pandémique. Les mondialistes en avaient ensuite tiré les leçons. Dès lors, s’ils voulaient que les peuples embrayent dans le narratif, encore devaient-ils être embrigadés par les mainstream. Dans les années qui suivirent, ils préparèrent le terrain en arrosant les grands journaux, la presse écrite dans sa quasi-totalité, ainsi bien sûr que les chaines de télévisions. Des trusts allaient concentrer entre leurs mains les médias privés tandis que les appareils d’Etat infiltrés s’occuperaient de mettre au pas radios et télés publiques.