Une cage appelée dogme

Le 23/01/2023

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Aujourd’hui que la porte s’entrebâille, nous découvrons combien la science s’est sclérosée pendant des décennies. Sanglée dans un carcan idéologique et étatique, la recherche scientifique n’a fait que reproduire des schémas stériles. Elle s’est enfermée sous l’autorité de caciques indéboulonnables, sûrs de leur savoir, et n’a laissé aucune place à l’innovation spontanée et à l’émergence d’esprits novateurs. Tout a été orchestré pour que la science officielle reste confite dans des certitudes préjudiciables, tandis qu’une technologie furtive, cachée au public, progressait comme celle de ces pseudo-vaccins à nanoparticules qui a sidéré les spécialistes de bonne foi, quand ils l’ont analysée.

On a tout fait pour que le système, s’appuyant sur des scientifiques engoncés dans leurs certitudes et jaloux de leurs prérogatives, conduise la science vers une impasse. Je pense par exemple à un domaine aussi anodin que l’archéologie, qui a priori ne constitue pas une menace existentielle pour l’ordre établi ou un quelconque danger sur le plan politique. Et pourtant, les haines se déchainent en archéologie tout autant que dans la médecine, ainsi qu’on va s’en rendre compte un peu plus loin. Si l’archéologie a ses Raoult et ses Perronne, à l’opposé elle a aussi les mêmes profils de scientifiques corrompus et imbus d’eux-mêmes, que les médias se hâtent de défendre avec la même partialité.

Le dogme, au nom duquel la bien-pensance fait la loi en matière de science, a diverses origines. Il peut se manifester au nom des acquis scientifiques comme si une fois pour toutes la science avait tranché et qu’elle ne reviendrait jamais dessus. Le dogme peut s’exercer à cause de la malversation des hommes de science qui font passer leurs intérêts propres avant ceux de leurs travaux. Il peut aussi être imposé par l’establishment qui a tout avantage à entraver la science académique dans des limites fixées à l’avance pour conserver dans le formol l’esprit de ses sujets.

En premier lieu, il y a les gardiens du temple, scientifiques en responsabilité et médias aux ordres, qui sont chargés de maintenir le dogme, et gare à ceux qui s’aventurent à le bousculer. S’ils font mine seulement de chercher hors des sentiers battus, leur parcours professionnel sera compromis, notamment en début de carrière. Les gardiens de l’orthodoxie sont sourcilleux, d’abord parce qu’ils ont bâti la leur dessus, puis parce que leur esprit s’est suffisamment atrophié pour ne pas envisager une refonte de leurs connaissances. Pour ces drôles de scientifiques, la science passe après le système. Elle exige le consensus plutôt que les preuves. L’exemple suivant pioché dans l’archéologie illustrera la chose.

Graham hancock

Graham Hancock, l'auteur de la série documentaire A l'aube de notre histoire

Incité par Julie Couvreur, de la chaîne Une autre réalité, à visionner la série archéologique A l’aube de notre histoire (Ancient Apocalypse en anglais), je me suis exécuté. Ce documentaire en huit épisodes fait un carton sur Netflix, depuis sa sortie en novembre dernier. Je me suis ensuite penché sur son auteur, le britannique Graham Hancock, et j’ai lu ses ouvrages. Cet intrépide journaliste a un gros défaut, il n’est pas du sérail. Il n’est pas archéologue et d’ailleurs il se défend d’en être un. Aussi est-il snobé par ses pairs.

Personnellement, je peux témoigner de cet esprit de système pour en avoir fait les frais. Lorsque j’ai voulu éditer mon livre Les cosmiques en 2016, le directeur d’une célèbre maison d’édition me contacta pour me signifier que le livre l’intéressait mais que, n’étant pas moi-même astronome professionnel, ce point ne jouait pas en ma faveur. Il y mit les formes, mais c’était pourtant bien la raison qui le gênait pour me publier. Peu importait que je sois diplômé d’une grande école d’ingénieur, le fait de ne pas exercer dans un observatoire me condamnait à aller chercher des éditeurs moins sourcilleux, mais aussi à toucher moins de monde. Finalement l’éditeur coupa court à toute discussion, et je n’entendis plus parler de lui.

Revenons à Graham Hancock. L’homme a un autre inconvénient, la reconnaissance du public pour son passionnant travail. Mais son travers le plus grand est de ne pas adhérer à la chronologie établie selon laquelle l’Histoire a commencé avec la civilisation sumérienne, vers 4000 av JC. Il soutient que de nombreux sites, au vu de leurs fouilles, chamboulent la vision orthodoxe qu’on a des débuts de l’histoire de l’humanité. Ses arguments, il les sélectionne parmi les travaux d’archéologues aguerris qu’il a consultés. Il va jusqu’à faire l’hypothèse qu’a existé une civilisation mondiale perdue, bien antérieure à Sumer, avant la fin de la dernière ère glaciaire (soit environ avant 10 000 ans av JC) et d’un haut niveau de connaissance. Une civilisation qui aurait disparu suite à un cataclysme à la fin de l’époque glaciaire. Le déluge évoqué par certains textes anciens pourrait être au fond le souvenir de ce cataclysme. Pour étayer sa thèse, il a trainé ses guêtres aux Etats-Unis en explorant le tumulus du Grand serpent au coucher du soleil, un soir de solstice d’été, mais aussi en Turquie en visitant Göbekli Tepe ou en Indonésie, à Gunung Padang, où se dressent les vestiges d’un imposant site mégalithique. Il voulait voir comment ces sites peuvent s’inscrire dans une chronologie revisitée. S’il n’a pas encore découvert la civilisation avancée à laquelle il croit, il bouleverse néanmoins, avec des éléments de poids, le récit figé des archéologues. Il en est ainsi du site indonésien, dont tout laisse à penser qu’il remontre à 25 000 ans.

Gunung padang

Site archéologique de Gunung Padang

Jusqu’en novembre, Hancock était en butte à la vindicte des seuls archéologues. Depuis la série, les médias se sont emparés de la polémique, accusant Hancock de répandre des théories du complot. En quoi, dites-moi, est-il fâcheux de soutenir, par exemple, que l’homme s’est répandu en Amérique du Nord bien avant la culture Clovis, ce qu’a soutenu l’archéologie académique avec sa théorie Clovis first pendant un demi-siècle avant de commencer à faire marche arrière, quand les sites qui l’infirment se sont multipliés à travers les années ? C’est devenu systématique dans la presse aux ordres de dénigrer toute pensée qui n’a pas leur aval. La série a même été qualifiée de dangereuse et absurde, aussi bien par la presse française que par la presse anglo-saxonne. Quant aux archéologues, Hancock ne cesse de leur faire de l’ombre, tant il a de succès. On lui fait souvent le mauvais procès de l’inexistence de ses preuves, mais il s’appuie systématiquement sur celles solides apportées par des chercheurs sur le terrain. Ce procès n’a donc pas lieu d’être. Qui plus est, le débat qu’il souhaite avoir avec ses détracteurs n’a jamais lieu. Ainsi lorsqu’il convie l’un d’entre eux, un certain professeur John Hoopes, à débattre, ce dernier refuse. Pour autant, c’est lui qu’on traite d’escroc intellectuel, comme le fait bassement une presse unanime.

Les archéologues ne peuvent-ils pas avoir un débat dépassionné ? Comme le dit si justement Julie Couvreur, « des scientifiques marchant avec le système, ayant une carrière à promouvoir, un statu quo à maintenir ou des intérêts sordides à défendre feignent de s’offusquer. Car nul n’a le droit de mettre en question leurs arguments d’autorité selon lesquels il n’existe aucune donnée anormale, inexpliquée ou énigmatique, dont il faille tenir compte. » Effectivement, qu’on ne me dise pas que les pyramides d’Egypte, les sites de Sacsayhuamán, de Tihuanaco ou de tant d’autres ne soulèvent pas de questions de fond jusque-là irrésolues par l’archéologie moderne. Pour ce qui de leurs qualités humaines, Hancock n’a pu s’empêcher de souligner que « les coups bas, les pinaillages, les fausses déclarations, les arguments spécieux et les attaques ad hominem » sont hélas « monnaie courante chez les archéologues ».

20 minutes netflix graham hancock 1

L’ennui est qu’ici la calomnie qu’endure Graham Hancock va bien au-delà de la simple jalousie de certains archéologues. Le déferlement des médias a décuplé la médisance. Quel enjeu partagent-ils avec les archéologues du système pour s’entendre à descendre en flèche Graham Hancock ? En d’autres temps, cette querelle picrocholine aurait été circonscrite au domaine des savants, et la presse y aurait été avec des pincettes en la mentionnant. Or, ici, les choses sont bien différentes. Les médias s’érigent en gardiens du dogme. On a l’impression qu’ils cherchent à occulter une réalité d’une importance majeure concernant le passé des hommes.

Il n’est pas question pour moi de prendre parti sur la thèse d’Hancock. Prudence oblige. Mes compétences sont par trop insuffisantes en la matière. Mais je réclame le droit à chacun d’exprimer librement ses pensées sans être trainé sur un bûcher. Encore une fois Hancock ne fait que tester une théorie. Alors s’il délire vraiment, il entrera dans l’histoire comme l’un de ces égarés de la science que la science elle-même aura réfuté. Par conséquent, nul besoin de dresser des bûchers. Et sinon il aura révolutionné la vision des origines de notre espèce. Pour ma part, je n’ai jamais vu d’inconvénient à ce qu’un collègue d’un club astronomique pense dur comme fer que la Terre est plate. Si on devait exclure tous ceux qui ne croient pas à la théorie standard du Big Bang, les clubs seraient encore plus clairsemés qu’ils ne le sont. Et puis ce n’est pas ma conception de la science. En science, je suis inclusif !

Matt walsh

Matt Walsh

On se doute que lorsque les médias d’aujourd’hui se lancent dans une telle croisade contre un homme, c’est qu’ils ont une méchante idée derrière la tête. Matt Walsh, commentateur politique du Daily Wire, nous donne sa grille de lecture que je partage volontiers. D’abord Walsh reconnait à Hancock le mérite d’attirer l’attention du public sur un sujet fascinant et de savoir le mettre en perspective. Les médias pourraient dire qu’ils sont en désaccord avec les idées d’Hancock mais qu’ils ne voient pas d’inconvénient à ce qu’il les exprime. Mais c’est au delà de leur capacité. Ils n’ont qu’un mot pour tout ce qui sort du courant dominant. C’est le mot : dangereux ! Mais enfin, s’insurge Walsh, pourquoi devrait-on interdire une quelconque parole à propos d’une théorie archéologique ? Où se situe le danger ? Où est le danger de répandre l’idée qu’une civilisation ancienne ait pu exister à la dernière ère glaciaire ? Et quelle catastrophe est censée en découler, s’interroge-t-il ? Le pire est que la série est selon eux non seulement dangereuse mais également raciste. Oui vous avez bien lu, raciste ! Voilà ce qu’a osé écrire la critique. C’est tout simplement stupide et risible. La presse anglo-saxonne va même jusqu’à déclarer que la série véhicule un tas d’absurdités suprématistes blanches. Le comble quand on sait que Hancock ne fait jamais mention de race où que ce soit. La presse malveillante ne dit d’ailleurs pas en quoi les propos de la série seraient racistes. Elle aurait bien de la peine. En fait tout ce qu’ils désapprouvent est estampillé extrême-droite, raciste, suprématiste blanc. Netflix est même accusé de courtiser les complotistes ! Quand la politique souille l’archéologie, il n’y a plus d’archéologie. Il semble que ce soit rédhibitoire avec l’archéologie moderne. En atteste ce documentaire d’Arte sur les pharaons noirs, dans lequel mêmes les anciens égyptiens sont taxés dans les commentaires de racistes envers leurs voisins du sud, les kouschites à la peau noire. Plus rien ne semble échapper au règne du politiquement correct. Même l’Histoire est réécrite pour coller à lui.

En fait, suggère Walsh, ils ont peur de la contagion. Commencez par croire une once des propos d’Hancock, et il n’y a qu’un pas pour adhérer aux théories de la conspiration. Donc voilà, dit Walsh, si vous remettez en question le récit des archéologues traditionnels, la peur est qu’il pourrait vous faire […] penser de manière critique et sceptique à propos d’une foule d’autres sujets comme l’intégrité électorale […] C’est le péché qu’a commis Graham Hancock. En montrant les incohérences, les trous dans le récit qu’ils accréditent, il incite à aller tester les autres discours de l’orthodoxie. Hancock a eu le malheur de dévoiler à quel point leurs narratifs sont fragiles, et c’est en cela que, oui, la série est dangereuse pour eux, les gardiens du dogme. Non pas pour nous, le peuple, avide de savoir.¾

 

Photo d'illustration : Croquis extrait de L'explosion des dogmes scientifiques - Rupert Sheldrake

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