Incité par Julie Couvreur, de la chaîne Une autre réalité, à visionner la série archéologique A l’aube de notre histoire (Ancient Apocalypse en anglais), je me suis exécuté. Ce documentaire en huit épisodes fait un carton sur Netflix, depuis sa sortie en novembre dernier. Je me suis ensuite penché sur son auteur, le britannique Graham Hancock, et j’ai lu ses ouvrages. Cet intrépide journaliste a un gros défaut, il n’est pas du sérail. Il n’est pas archéologue et d’ailleurs il se défend d’en être un. Aussi est-il snobé par ses pairs.
Personnellement, je peux témoigner de cet esprit de système pour en avoir fait les frais. Lorsque j’ai voulu éditer mon livre Les cosmiques en 2016, le directeur d’une célèbre maison d’édition me contacta pour me signifier que le livre l’intéressait mais que, n’étant pas moi-même astronome professionnel, ce point ne jouait pas en ma faveur. Il y mit les formes, mais c’était pourtant bien la raison qui le gênait pour me publier. Peu importait que je sois diplômé d’une grande école d’ingénieur, le fait de ne pas exercer dans un observatoire me condamnait à aller chercher des éditeurs moins sourcilleux, mais aussi à toucher moins de monde. Finalement l’éditeur coupa court à toute discussion, et je n’entendis plus parler de lui.
Revenons à Graham Hancock. L’homme a un autre inconvénient, la reconnaissance du public pour son passionnant travail. Mais son travers le plus grand est de ne pas adhérer à la chronologie établie selon laquelle l’Histoire a commencé avec la civilisation sumérienne, vers 4000 av JC. Il soutient que de nombreux sites, au vu de leurs fouilles, chamboulent la vision orthodoxe qu’on a des débuts de l’histoire de l’humanité. Ses arguments, il les sélectionne parmi les travaux d’archéologues aguerris qu’il a consultés. Il va jusqu’à faire l’hypothèse qu’a existé une civilisation mondiale perdue, bien antérieure à Sumer, avant la fin de la dernière ère glaciaire (soit environ avant 10 000 ans av JC) et d’un haut niveau de connaissance. Une civilisation qui aurait disparu suite à un cataclysme à la fin de l’époque glaciaire. Le déluge évoqué par certains textes anciens pourrait être au fond le souvenir de ce cataclysme. Pour étayer sa thèse, il a trainé ses guêtres aux Etats-Unis en explorant le tumulus du Grand serpent au coucher du soleil, un soir de solstice d’été, mais aussi en Turquie en visitant Göbekli Tepe ou en Indonésie, à Gunung Padang, où se dressent les vestiges d’un imposant site mégalithique. Il voulait voir comment ces sites peuvent s’inscrire dans une chronologie revisitée. S’il n’a pas encore découvert la civilisation avancée à laquelle il croit, il bouleverse néanmoins, avec des éléments de poids, le récit figé des archéologues. Il en est ainsi du site indonésien, dont tout laisse à penser qu’il remontre à 25 000 ans.