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Technicisation et totalitarisme

Le 17/02/2024

Dans Actualités

L’écrivain Stefan Zweig a vécu au plus profond de son âme la montée de l’hitlérisme, au point de mettre fin à ses jours, de désespoir. Les dernières années de son existence,  il les a passées à prendre acte en temps réel des mécanismes d’un totalitarisme en action. Trois ans après l’accession d’Hitler au pouvoir et six ans avant de se suicider, il écrivait Conscience contre Violence.

En voici un extrait significatif : « Des millions d’individus sont prêts comme par enchantement à se laisser prendre […] et plus ce rédempteur exige d’eux, plus ils sont prêts à lui accorder ce qui hier encore était leur bonheur suprême, la liberté. Ils l’abandonnent par amour pour lui pour se laisser conduire facilement […] Par lassitude devant l’effroyable multiplicité des problèmes, la complexité et la difficulté de la vie, la grande masse des hommes aspire à une mécanisation du monde, un ordre définitif […] qui leur éviterait tout travail de la pensée. »

Avant même ce qui allait être désigné sous le terme d’industrie de la mort, Zweig avait mis le doigt  sur l’acceptation docile par les masses de la mécanisation du monde. Les nazis allaient ensuite l’appliquer dans leur traitement de la solution finale. La mise en œuvre serait méticuleusement, techniquement, scientifiquement réalisée. Du début à la fin, d’un bout à l’autre de la chaîne, des rafles aux fours crématoires en passant par la logistique ferroviaire et les camps de la mort, la mécanisation du monde totalitaire allait faire un sort aux opposants, juifs, tziganes, handicapés physiques et mentaux… en dispersant les tâches et les responsabilités. Le gestapiste se bornerait à rafler, le conducteur de train ne ferait que conduire sa machine, le producteur de zyklon B se cantonnerait à fournir du gaz… Seule une poignée d’hommes endurcis et fanatiques serait amenée à exécuter le crime.

Le cinéaste Henri Verneuil l’a déjà raconté. Dans son film I comme Icare, répondant à la question de savoir comment un tyran arrivait à se faire obéir, il faisait dire à l’acteur Roger Planchon : « En morcelant les responsabilités. Un tyran a besoin avant tout d’un Etat tyran. Alors il va recruter un million de petits tyrans fonctionnaires qui auront chacun une tâche banale à exécuter. Et chacun va exécuter cette tâche avec compétence et sans remords. Car personne ne se rendra compte qu’il est le millionième maillon de l’acte final. Les uns vont arrêter les victimes. Ils n’auront commis que de simples arrestations. D’autres vont conduire ces victimes dans des camps. Ils n’auront fait que leur métier de mécanicien de locomotive. Et l’administrateur du camp en ouvrant ses portes n’aura fait que son devoir de directeur de prison. Bien entendu on utilise les individus les plus cruels dans la violence finale. Mais à tous les maillons de la chaîne, on a rendu l’obéissance confortable ». La masse complice du crime aura ainsi prêté main forte aux génocidaires grâce à la mécanisation du monde.

Cependant cette mécanisation ne fut pas une spécificité de l’Allemagne nazie. Elle est au contraire une caractéristique du totalitarisme quel qu’il soit. Aujourd’hui, le totalitarisme mondialiste ne s’en cache pas, il compte bien en appliquer une version disons plus moderne, la technicisation du monde. A l’aube du XXIème siècle, le totalitarisme fait peau neuve et passe de la mécanisation à la technicisation. Mais sa nature pernicieuse ne change guère. Il en a désormais les moyens avec la généralisation du numérique, l’Intelligence Artificielle qui pointe son nez et les biotechnologies. Hitler et Staline en auraient rêvé. Schwab compte le faire.

Les masses depuis plus de vingt ans ont été fortement conditionnées à se plier à cette technicisation. Voyez le succès du QR code ! Par simplification parfois, par mode souvent, par goût toujours du côté des jeunes générations. Une fois appâtées, les masses sont mûres pour en redemander et aspirer à la mécanisation contemporaine du monde qui leur éviterait tout effort de pensée, quitte à abandonner leur liberté.

La psychologue clinicienne Marie-Estelle Dupont l’a bien saisi, qui a expliqué sur TikTok comment la formation des jeunes médecins les prédisposait à la technicisation de la santé. Loin d’intégrer dans leur pratique de la médecine des éléments éthiques, ces derniers n’exercent plus leur profession que dans un cadre technocratique et formaté, le cadre prescrit par l’administration étatique. Voilà pourquoi beaucoup d’entre eux ont accepté si aisément les inepties administratives infligées pendant le covid. Et qu’on ne s’y trompe pas, le goût pour le QR code ne leur est pas passé. Ils ne conçoivent plus désormais leur métier comme un art, à l’ancienne, à l’instar de grand papa, mais comme un ensemble de technicités. Marie-Estelle Dupont n’a fait que pointer les dégâts de la technicisation du monde dans le domaine de la santé publique. Ce phénomène n’a rien de spontané. Il est voulu par le système mondialiste qui s’est mis en place au cours des trente dernières années.

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Dans sa Fabrique des imposteurs, le psychanalyste Roland Gori nous alertait déjà il y a une dizaine d’années sur la technicisation de la société. A son initiative, un collectif de médecins, d’infirmiers, de travailleurs sociaux, de magistrats, de journalistes, d’enseignants, de chercheurs…, un collectif très polyvalent donc, s’était insurgé contre des réformes qui cassaient leurs métiers, les recomposaient de manière formelle, quantitative et surtout procédurale. La mutation de toutes ces professions très disparates était bien un signe, signe que la société dans son ensemble était touchée et que des décideurs aux arrière-pensées malignes avaient voulu qu’elle passe sous les fourches caudines de la technicisation. La médecine n’était pas seule concernée. Tant s’en faut.

Ils ont donc pourri l’ensemble des secteurs d’activités par l’imposture afin que chacun puisse, à son niveau, participer à leur projet d’asservissement général. Par une technicisation universelle, une corruption des fonctionnements et un abrutissement des esprits, ils ont fait de nous des complices involontaires de leur forfaiture, cette entreprise totalitaire qui clairement à cette heure de censure implacable apparait aux yeux de tous, même d’un Hanouna.¾

 

Photo d’illustration : © geralt

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