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Si l’Islam m’était conté

Le 12/11/2024

Dans Actualités

Tout dernièrement, la marionnette Macron est allée pérorer devant le parlement marocain et faire acte de contrition en louant al-Andalus. Son marionnettiste, Jacques Attali, lui avait fait la leçon depuis longtemps. Dans la confrérie des éveillés, un roman paru en 2004, l’homme de l’ombre, qui se targuera d’avoir fait Macron, rabâche le même conte à l’eau de rose de la coexistence harmonieuse des trois religions du Livre dans l’Espagne musulmane, sous le Califat de Cordoue. Ceci n’était pas gratuit. Il lui fallait accréditer l’idée qu’il était possible d’intégrer pacifiquement des millions de musulmans en France. L’agenda mondialiste était déjà en marche. Pendant que le faiseur de rois rêvait à cette légende, l’islamiste Mohamed Latrèche, à la tête du Parti des Musulmans de France, haranguait la foule dans une manifestation parisienne, aux côtés de chiites purs et durs, proches du Hezbollah. Le mythe pour le « doux rêveur » Attali et la dure réalité pour le peuple de France. Voilà où mènent les chimères mondialistes.

Qu’écrivait exactement Attali ? « En un seul moment – le XIe et le début du XIIe siècle –, en un seul lieu – l’Andalousie  –, les trois monothéismes  choisirent de se respecter, de s’admirer, de se nourrir les uns des autres. En toute liberté, leurs plus grands philosophes dialoguaient alors entre eux et avec les philosophes grecs. Sciences et religions faisaient bon ménage. »  Je sais bien qu’il s’agit d’un roman historique, mais tout de même. Une pareille peinture relève du trompe-l’œil. Les trois religions se seraient admirées l’une l’autre ? Comme si elles avaient été sur un même pied d’égalité ! Vaste fumisterie. Attali aurait dû en rougir de honte. Et en toute liberté leurs philosophes auraient échangé ? Et sciences et religions auraient fait bon ménage ? Il ne fallait pas attendre autre chose du futur covidiste Attali. Il en connait si peu sur la science, mais tant sur ses simulacres. Que sa vision est angélique ! Volontairement, car je ne doute pas qu’il savait que ce qu’il écrivait relevait d’une création de l’esprit bien plus que de la réalité. Comme le regrette l’islamologue et arabophone Anne-Marie Delcambre dans sa Schizophrénie de l’Islam (2006), « Attali a choisi de s’accrocher à ce mythe. Mais la réalité est autre. »

Delcambre poursuit : « L’Espagne musulmane (711 – 1492) passe pour être un exemple parfait de cohabitation. Le mythe andalou nous vient des romantiques, surtout […] La réalité historique est cependant bien différente. Juifs et chrétiens ne sont pas les égaux des musulmans même si les musulmans se sont emparés des acquis civilisationnels des andalous. »  Elle cite ensuite Bernard Lewis, qui fait autorité sur la question des minorités dans l’Islam: « Il n’est pas permis à un musulman de masser un juif ou un chrétien, de ramasser des ordures et de nettoyer les latrines, écrit-il. Ce genre de métier convient mieux aux juifs et aux chrétiens car ce sont des êtres vils. » Voilà un aperçu des us et coutumes dans l’éden andalou. Malgré tout, « on continue de mythifier l’histoire d’al-Andalus, on veut y voir un paradis perdu et le modèle de possibles Andalousies consensuelles du futur ». C’est justement là où voulait en venir Attali avec ses arrière-pensées sournoises. Faire croire à une aimable cohabitation avec l’Islam, avant de déverser des populations musulmanes entières en Europe, dans le cadre de la gestion mondialiste des peuples. Or, il n’y eut aucun âge d’or dans l’Espagne musulmane, ne cessent de marteler les historiens. Bat Ye’or a décrit également la vie des inférieurs en terre d’Islam. Ces dhimmis, ainsi qu’on les appelle, essentiellement les chrétiens et les juifs, étaient aussi mal traités qu’ailleurs en Dar-al-Islam, dès lors que la terre hispanique était passée sous bannière islamique. Ils étaient taillables et corvéables à merci. De plus, « l’interdiction de porter des armes rendait les non-musulmans vulnérables. Il leur était interdit de construire ou de réparer leurs lieux de culte. Leurs vêtements discriminatoires les exposaient à la vindicte et aux insultes dans la rue. C’est d’ailleurs là l’origine de la rouelle imposé aux juifs en 1215 par le concile de Latran. Dans la rue, les dhimmis devaient marcher rapidement, les yeux baissés, passer à gauche des musulmans, c’est-à-dire du côté impur, et enterrer leurs morts en courant. Leur culte devait être silencieux et les processions interdites. Ils vivaient dans des ghettos dont on fermait les portes le soir. Le mariage d’un dhimmi avec une femme musulmane et le blasphème contre l’islam étaient évidemment punis de mort. » Voyez-vous, ce n’est pas ce que j’appellerais un âge d’or. Cela ressemblerait plutôt à un régime d’apartheid. Pourquoi ne pas employer le terme, puisque ceux qui osent l’utiliser à propos d’Israël ne sont jamais taxés de tenir des propos abusifs et hors contexte. Il ne faut pas croire que cette liste d’humiliations infligées aux dhimmis est exhaustive. Bat Ye’or traite ailleurs de l’impôt dû seulement par les dhimmis, la djizyah, sorte de capitation, et bien d’autres amabilités de ce genre. En contrepartie, on présente souvent les dhimmis comme les protégés de l’Islam. En réalité, ils ne sont pas plus protégés que ceux à qui la Mafia impose sa protection moyennant une contribution de leur part.

Mais l’historienne avait compris pourquoi l’on tenait coûte que coûte, chez les européistes, à donner crédit à ce mythe andalou. « L’Europe a élaboré le mythe andalou, écrit-elle, comme modèle de civilisation multiculturelle, âge d’or des trois religions. [Aussi] tout ce qui concernait le djihad et la dhimmitude a été éliminé. » Eh oui, c’est bien là le problème. Ce montage fallacieux a pris soin de gommer toutes les aspérités et tout ce qui fâcherait. Dès l’origine, il n’a eu qu’un but, faire passer l’Islam pour compatible avec notre civilisation et donc l’immigration musulmane pour une chance. En se mélangeant à tout va, on pouvait revivre ensemble cet âge d’or. Il fallait donc à ces idéologues asseoir une antériorité historique à leur vivre ensemble. Et ils l’ont fait à partir d’un joli conte de fées, pittoresque à souhait. En fait d’âge d’or comme avenir, nous sommes sur un chemin vers le chaos, semé de cadavres, ceux de nos compatriotes qui ont laissé la vie sous la lame d’assassins abreuvés de foi islamique.

Deux illustres figures, que les laudateurs de l’Espagne musulmane aiment à convoquer, vont nous en dire plus, si on sait les interroger. Par exemple, si on lit le médecin et philosophe juif Maïmonide, mort en exil au Caire en 1204, il n’évoque pas davantage un âge d’or : « Les Arabes, qui nous ont durement persécutés, déclare-t-il, nous ont soumis à une législation funeste et discriminatoire ; jamais nation ne nous a brimés, dégradés, avilis et haïs autant qu’eux. » Mais vous me direz que lorsqu’on pense à l’Espagne musulmane, on pense d’abord au philosophe Averroès. Commentateur des œuvres d’Aristote, celui-ci sera considéré par les bien-pensants comme l’humaniste par excellence et semblera donner raison à la vision idyllique qu’ils veulent offrir des musulmans de cette époque et de ce lieu. Mais ce qu’ils oublient de dire c’est qu’« Averroès encouragea le calife de Cordoue à faire la guerre sainte aux infidèles, c’est-à-dire aux chrétiens ». Vous parlez d’un universaliste ! Son grand-père, avant lui, se prononça en faveur de l’expulsion des chrétiens, ce qui amena le souverain de l’époque à en déporter vers Meknès et Salé où ils furent absorbés par la masse musulmane.

Plus que mansuétude, bienveillance et tolérance, ce sont cruauté, brimades et ségrégation qui caractérisent al-Andalus. La vie des minorités sous domination musulmane n’a rien du tableau hollywoodien de pacotille, que colportent encore les européistes de gauche. Je me souviens d’une émission de la une ou de la deux dans les années 90, qui s’intéressait à un café du Caire, un café où se réunissaient soi-disant des intellectuels progressistes, ouverts d’esprit. Une sorte de Café de Flore à l’égyptienne. Le documentaire était des plus complaisants. On y découvrait, à bâtons rompus, les discours de quelques vieillards, relevant plutôt de propos de comptoir de bistrot. A une exception près, cependant. A partir de l’instant où la conversation porta sur les relations avec le voisin israélien, tous se comportèrent comme d’affreux ultranationalistes, haineux et querelleurs. Sadate était pourtant passé par là. La paix avait été signée entre l’Egypte et Israël, et l’époque des guerres était révolue. Et néanmoins aucun propos pacifique ne sortit de leur bouche. Uniquement de l’amertume et des rancunes ressassées, et aucune hauteur de vue. Nonobstant, ils furent présentés par les auteurs du documentaire comme les dignes héritiers des Sartre et Foucault au pays des pyramides. Affligeant grimage de la réalité en plein cœur de la mégalopole aux mille minarets. Falsification comme savent en pondre les médias pour satisfaire une vision illusoire.

La déconstruction du mythe a dû être poursuivie. En 2017, l’islamologue Serafín Fanjul s’y est attelé dans un ouvrage intitulé Al Andalus, l’invention d’un mythe. Comme le suggère Paul-François Paoli du Figaro Littéraire, Fanjul ne s’est pas fait que des amis en France et en Espagne, en montrant qu’al Andalus ne fut pas cet Islam des Lumières, après lequel courent certains, au beau milieu d’une Europe médiévale, par principe arriérée. Bien au contraire. Et, en 2020, l’essayiste Philippe Conrad a ajouté sa pierre à cette déconstruction, si je puis dire, avec son Al-Andalus, l’imposture du paradis muticulturel.

Alors au Maroc, Macron a une nouvelle fois, comme tout bon mondialiste et comme tout homme de gauche, fait allégeance au mythe et il a feint de croire que ce mythe n’avait pas été déconstruit par les historiens. Pour un qui veut déconstruire la France, s’accrocher au mythe d’un Islam prestigieux n’a finalement rien de surprenant.¾

Photo d’illustration : La bataille de Guadalete en 711, au sud de l’Espagne, entre Omeyyades et Wisigoths, gravure du XIXe siècle. © PrismaArchivo/Leemage

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