Qu'un homme ait violé ou tué un enfant, qu'il ait commis plusieurs meurtres ou qu'il ait dirigé un réseau de narcotrafiquants, rien ne paraissait suffisant aux yeux des progressistes pour lui refuser toute possibilité de s'amender. Comme si l'exemple de Patrick Henry, le meurtrier du petit Philippe Bertrand, n'avait pas suffi ! Non seulement l'assassin sauva sa tête grâce à Badinter, mais au nom du sacro-saint principe de réinsertion sociale, il se vit offrir un emploi dès sa sortie de prison. Et comment a-t-il remercié les uns et les autres... ? En se mettant illico à convoyer de la drogue. L'idée n'a pas dû peser bien lourd dans le crâne de ce criminel qu'une overdose aurait pu tuer certains consommateurs de sa marchandise.
Que cela plaise ou non aux grandes âmes, Patrick Henry méritait la peine de mort. La société n'aurait jamais dû prendre le risque qu'il récidive, car ce sont les victimes anonymes du Patrick Henry devenu dealer qui en ont supporté les tragiques conséquences. Certainement pas les grandes âmes, ni ses juges. Au final, la société aura laissé vivre le criminel vingt ans de plus, plutôt que de stopper il y a vingt ans le compteur infernal de ses victimes.
En 2009 un français sur trois était d'avis de rétablir la peine de mort. Mais ils rasaient les murs. En 2025 une majorité de français se déclare pour. De plus, des voix influentes s'élèvent pour réintroduire la peine de mort, notamment suite aux nombreux meurtres perpétrés par des OQTF. C'est le cas de l'identitaire Jean-Eudes Gannat qui faisait remarquer sur Radio courtoisie qu'aucun des deux arguments des abolitionnistes, à savoir que la peine de mort ne serait ni dissuasive ni morale, n'était avéré.
La peine de mort ne serait donc pas dissuasive, si on en croit ses adversaires. Mais personne n'en a jamais fait la démonstration. Tout juste certains ont-ils attiré l'attention sur des criminels que la perspective de la peine capitale n'avait pas dissuadés de commettre l'irréparable. Seulement les abolitionnistes ont-ils été dans la tête de tous les candidats au crime pour affirmer sans vergogne que la perspective d'être exécuté n'en a pas arrêté certains ? Et quand bien même la peine de mort ne serait pas dissuasive, l'assurance, en exécutant des criminels, qu'ils ne pourront pas récidiver (c'est une lapalissade) permet de prévenir à coup sûr de nouveaux crimes. Si le prix à payer est la tête des coupables, je préfère que ce soit la leur plutôt que celle des victimes que ces coupables ne manqueront pas de faire une fois à nouveau en liberté, car tout le monde sait que la réclusion criminelle à perpétuité n'est pas appliquée.
Quant à l'argument moral, lorsqu'il vient de cette gauche qui ricane devant ses propres crimes, il perd toute son efficacité. La gauche s'est tellement déconsidérée sur le plan moral qu'elle ne peut qu'être la plus mal placée pour en user. Pense-t-elle aussi, cette donneuse de leçons, qu'il soit très moral de se désintéresser des victimes pour protéger les coupables qui ont nettement sa préférence ?
Le seul argument que ne mentionne pas d'emblée Jean-Eudes Gannat est certainement le plus pertinent de tous : il s'agit de la crainte de l'erreur judiciaire. C'est du reste la première raison que les progressistes ont avancée au moment de l'affaire Ranucci pour justifier d'abolir la peine de mort. Reconnu coupable de l'assassinat de la jeune Marie-Dolorès, Ranucci fut guillotiné en juillet 1976. Le camp abolitionniste, très actif, se mit alors en quête de réexaminer la culpabilité de Ranucci, avec comme arrière-pensée d'en faire un cas d'école pour pouvoir abolir la peine suprême. Le juriste Jean-Denis Bredin incita ainsi l'écrivain Gilles Perrault à reprendre l'enquête. Dans un ouvrage devenu célèbre Le pull over rouge, Perrault considéra avoir réuni assez d'éléments pour invoquer l'erreur judiciaire. Il devenait alors possible pour la gauche, dès son retour au pouvoir en 81, d'abolir la peine de mort avec l'accord tacite des français, suite au tapage autour du Pull-over rouge. L'adage qu'il valait mieux laisser un coupable en liberté que de condamner un innocent, surtout à la peine capitale, trouvait là un bel exemple. Seulement, bien plus tard, en 2018, la contre-enquête de l'ancien commissaire divisionnaire Jean-Louis Vincent, un spécialiste, lui, contrairement à Perrault, prouvera que le doute n'est plus permis quant à la culpabilité de Ranucci. Mais la gauche s'en moque. Elle a eu ce qu'elle voulait.
Il n'en demeure pas moins qu'une erreur judiciaire est toujours possible et pourrait entraîner la mort d'un innocent, si la peine capitale était rétablie. Ce n'est pas exclu. La justice étant rendue par des hommes, celle-ci est nécessairement faillible. Pour autant, aujourd'hui que nous disposons de techniques d'investigation plus fiables qu'en 1976, les risques d'une telle erreur sont réduits. Et puis, s'il y a doute, il continuera de bénéficier à l'accusé ! En revanche, quand le doute n'est plus permis, l'élimination de ces criminels constituerait un signal fort envoyé au crime. Nous n'avons que trop toléré les violeurs et les assassins et injurié les victimes par notre laisser-faire. Les abolitionnistes se sont assez donné le beau rôle en parlant d'humanisme et de commisération tout en se déchargeant de toute responsabilité ultérieure, une fois les jugements laxistes rendus. On en voit le résultat aujourd'hui.
Donnons encore la parole à Jean-Eudes Gannat : " Peine de mort pour l'assassin de Philippine, martèle-t-il, peine de mort pour ceux de Matisse, peine de mort pour tant d’autres. Mais pour que justice soit complète, sans doute faudrait-il aussi des peines suprêmes et exemplaires pour les politiciens, agents d'influence, magistrats, milliardaires qui permettent que des récidivistes se baladent et assassinent, qui militent pour que notre pays importe toujours plus de tarés congénitaux et qui [...] persécutent ceux qui essaient de sauver leur peuple et des innocents. Un régime baptisé dans le sang des innocents peut-il finir autrement que dans le sang des coupables ?" Tous ceux qui en appellent au retour de la peine capitale, loin de faire preuve de bestialité, comme le prétend le camp du bien, devenu celui du meurtre, tous ceux-là le demandent par humanité et par modération au contraire. Ils veulent au plus vite mettre hors d'état de nuire les coupables et mettre fin aux crimes aveugles qui se multiplient. " Peine de mort pour les assassins d'Axel, de Philippine, de Thomas et de tous les autres... Peine de mort. Peine de mort. Peine de mort" assène-t-il inlassablement, comme pour mieux montrer l'urgence de se ressaisir.
En 2021, on "célébrait" les 40 ans de l'abolition de la peine de mort. Combien de vies avait-on sauvées, s'exclamait-on ! Mais on se gardait bien de préciser qu'il s'agissait de vies de meurtriers. En revanche, qui a compté le nombre de vies innocentes fauchées par des multirécidivistes qui ont échappé à la peine de mort durant ces 40 ans ? Plutôt que de peser les choses sur la balance d'une juste Justice, les progressistes ont toujours préféré, au moment des exécutions, leurs slogans réducteurs du genre L'Etat assassine. Comme s'il valait mieux que l'Etat préserve les assassins !■
photo d'illustration : affiche du FN datant de 1980 (archives de l'historienne Valérie Igounet)