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Odessa, ma haine

Le 30/12/2022

Dans Actualités

Wikipédia, comme Google, Twitter ou Facebook, a dû être noyauté par la CIA et le FBI, tant le travail de réécriture pour servir le discours officiel s’est immiscé dans ses moindres pages. Ses censeurs patentés bataillent aujourd’hui pour ne diffuser qu’une seule Histoire, celle qu’autorise Big Brother. L’exemple du Dossier Odessa est révélateur des agissements de Wikipédia en ce sens. N’oublions jamais que ces plateformes sont envahies par les agents du renseignement chargés d’appliquer la loi d’airain de la censure.

 
Agents cia dans google

En 1972, le journaliste et écrivain Frederick Forsyth sortait un livre intitulé Le Dossier Odessa dont Ronald Neame tirera une adaptation cinématographique deux ans plus tard. Odessa n’est pas ici le port ukrainien sur la Mer Noire, mais le sigle d’une organisation d’anciens SS. Six initiales qui en allemand signifient Organisation des ex-membres des SS. Le synopsis tourne autour d’un jeune journaliste allemand, traquant l’un d’entre eux, un ex-commandant du camp de concentration de Riga et criminel de guerre nazi, un certain Eduard Roschmann, surnommé le boucher de Riga. L’intrigue débute à Hambourg en 1963. Nous sommes donc près de vingt ans après la fin de la guerre. Pour pouvoir démarrer son enquête, le journaliste rencontre Simon Wiesenthal qui lui tient  les propos suivants : 

Odessa le film

Photo extraite du film Le Dossier Odessa

« Odessa a été formée peu de temps avant la fin de la guerre pour dédouaner les membres du parti, les faire sortir d’Allemagne ou les pourvoir d’une nouvelle identité. Des milliers ont déjà fait peau neuve.

Ce réseau s’est agrandi depuis. Il a des complicités énormes. Il s’étend à l’étranger, en Argentine, en Espagne, en Egypte, au Paraguay… Mais le siège est en Allemagne. Aujourd’hui !

Après la défaite, ils ont réussi à s’infiltrer dans toutes les branches d’activités, les commerces, la magistrature, le barreau, l’administration et même dans la police.

Cela exige de grands moyens, bien sûr. Ils ont des millions. Les SS ont pu sortir en fraude leur or et leurs autres trésors, juste avant que ne survienne la capitulation allemande. Et une grande partie est en Suisse, dans les banques de Zurich et d’autres villes. Ils sont immensément riches […]

Il en existe des milliers, camouflés et tranquilles, comme ce fameux Roschmann. »

Cette scène est le point d’orgue du film. Les paroles prêtées à Wiesenthal reflètent bien ce qui est déjà connu à l’époque, à savoir que des criminels de guerre nazis ont bénéficié de complicités et de moyens financiers pour fuir vers le Moyen Orient ou l’Amérique du Sud. Ces filières d’exfiltration d’anciens SS ne purent s’organiser que grâce à d’importants subsides.

Or, que dit la fiche wikipédia du film, à sa rubrique autour du film ?

Eduard Roschmann est le nom d’un véritable criminel de guerre nazi qui a longtemps vécu en Amérique du Sud. Après la sortie du livre (1972), des recherches ont été entreprises pour le retrouver. La rumeur veut qu’il ait été tué par l’organisation Odessa elle-même (qui n’a en réalité jamais existé)...

Extrait de la page Wikipédia du film Le Dossier Odessa

 

Si l’auteur de l’article confirme qu’Eduard Roschmann a bien existé et qu’il a vécu en Amérique du Sud, il ne précise pas qu’il a dû le faire sous une fausse identité à l’instar d’Eichmann. Il reconnait aussi que des recherches ont été entreprises avant le film. Or, l’auteur dans sa digression parle d’Odessa en laissant entendre d’abord que l’organisation existe et que, selon une rumeur dont il ne dit rien, elle aurait liquidé Roschmann. On se demande bien pourquoi cette organisation aurait tué un ex-SS alors qu’elle avait pour objectif d’en sauver tant d’autres. Quant au motif invoqué de mettre fin à d'éventuelles investigations des médias, il ne tient pas la route une seconde. Et pour finir, l’auteur révèle avec un certain aplomb qu’en réalité Odessa n’aurait jamais existé. Là, on tombe des nues. Son affirmation est écrite entre parenthèses et sans le moindre argumentaire, comme si c’était accessoire. Quelle attitude stupéfiante ! Il faudrait sans doute le croire sur parole. Malheureusement pour ce rédacteur si péremptoire et si peu persuasif, Simon Wiesenthal était intimement convaincu de l’existence d’Odessa. Le chasseur de nazis était certainement mieux placé que lui pour se fonder un avis.

En revanche, pour ma part, je viens apporter quelques éléments qui vont en sens inverse. Tout d’abord, une affiche du film indique que « Le Dossier Odessa n’est pas un film de guerre, c’est l’actualité… ». Autrement dit, nous ne sommes pas dans un roman. Ensuite, il est précisé en préambule, pour ne pas qu’on range précisément le film dans la catégorie romanesque : « Ce film est basé sur des recherches soigneusement documentées. Une société secrète appelée Odessa a réellement existé, en relation avec d’anciens meurtriers de la SS […] Pour des raisons évidentes, les noms de certaines personnes et de certains lieux ont été modifiés. » Et c’est signé Frederick Forsyth. De l’absence de doutes de sa part il ne sera jamais question sur Wikipédia, tout comme il n’a pas été fait mention de l’opinion de Wiesenthal. Mais Wikipédia s’en moque et a décrété quelle serait la vérité.

Ainsi Forsyth était-il convaincu à la suite de ses recherches de l’existence d’Odessa. Aussi, quand le site lintern@ute écrit qu’en « publiant dans les années 1970 Odessa, roman sur d’anciens nazis de haut rang s’entraidant les uns les autres après la Seconde Guerre mondiale, l’écrivain Frederick Forsyth pensait faire une œuvre de fiction s’appuyant sur quelques faits historiques avérés » et « n’imaginait pas à quel point son livre était proche de la réalité », il y aurait là encore beaucoup à corriger. En fait tout indique que Forsyth ne faisait pas du tout œuvre de fiction. Au contraire. Son prologue le prouve assez. Non seulement il s’appuyait sur de sérieuses investigations, mais encore il en était arrivé à la conclusion qu’Odessa n’était pas une invention de romancier. Il était de plein pied dans la réalité, et ses allégations étaient solides. Encore une plateforme sous influence et décidée à déformer la réalité. Elle n’est pas pour rien la propriété du groupe Le Figaro. Par ailleurs, la précaution, prise par Forsyth, de changer certains noms atteste qu’il avait à cœur de protéger des acteurs bien réels de cette histoire.

Nier Odessa c’est nier plus généralement l’existence de filières, c’est faire fi d’une histoire reconnue depuis longtemps par ceux-là mêmes qui ont rédigé l’histoire officielle au cours du dernier demi-siècle. Après tout, comment Klaus Barbie, Adolf Eichmann ou Aloïs Brunner ont-ils pu échapper à leur sort tant d’années après la débâcle de leur pays, si ce n’est pas en bénéficiant de l’assistance de ce type de réseau ? A leur sujet, Wiesenthal n’aurait pas renié une ligne de l’exposé mis dans la bouche de son personnage.

Autre preuve de l’existence d’Odessa, cet article en date du 10 juillet 1979 du quotidien Le Monde : « L’organisation Odessa revendique l’attentat contre Me Klarsfeld. » Cinq ans donc après le film, et dans un journal à grand tirage, voilà qu’on affirme (l’information n’est pas au conditionnel) que le réseau Odessa revendique un attentat contre l’avocat Serge Klarsfeld. Et là l’annonce a du sens. On peut en effet comprendre qu’Odessa cherchât à se débarrasser du réputé chasseur de nazis. Après une première tentative au colis piégé contre lui en 1972, une bombe posée par le réseau Odessa a finalement détruit le 6 juillet 1979 la voiture des Klarsfeld et endommagé vingt autres véhicules alentour. Le dispositif de retardement n’aurait pas fonctionné à l’heure prévue.

Odessa le monde
Odessa attentat klarsfeld

On constate donc qu’avec le temps des informations avérées sont réécrites ou escamotées, au besoin. A telle enseigne ici qu’Odessa serait un fantasme.

Le réseau Odessa n’aurait-il donc jamais existé tout comme l’assassinat de JFK n’a pas été perpétré par la CIA ? On sait qu’en penser aujourd’hui. Wikipédia a une réponse toute prête que lui a soufflée la CIA. Ça n’existe pas, c’est une théorie du complot. En fait, c’est probablement la réponse effectuée directement par un agent du renseignement pour le compte de Wikipédia. Le site est tellement compromis dans des falsifications à des fins idéologiques et politiques qu’il semble prendre par principe le contre-pied des vérités qui s’imposent. Idriss Aberkane l’a parfaitement mis en lumière en analysant comment il s’employait à censurer, à tricher avec l’information et à dénigrer les observateurs indépendants. D’autant qu’un des premiers résultats qui apparait dans une recherche Google, quel que soit le sujet, se trouve être une page Wikipédia. Ce site difficilement contournable occupe du coup une place de choix pour imposer sa vision biaisée de l’Histoire à une majorité de lecteurs qui n’ira pas chercher plus loin.

Pour la petite histoire, le personnage du journaliste était interprété par l’acteur Jon Voigt, alors en début de carrière. Cinquante années plus tard, avec gravité, il réitère ses appels de patriote sur Truth Social, exprimant ses craintes de voir l’Amérique mourir sous les provocations de l’Etat profond et son soutien indéfectible au président Trump. Wake up America ! a-t-il lancé à la nation. Donald Trump lui a manifesté toute sa reconnaissance. Voigt est de ces acteurs dont le caractère trempé ne dépareille pas la carrière.¾

 

Photo d'illustration : Image d'une affiche du film Le Dossier Odessa

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