Ainsi l’ingénieur Wernher Von Braun, passé SS-Sturmbannführer pendant la guerre, inventeur des missiles balistiques V2 et étoile montante de l’astronautique contemporaine, a-t-il été exfiltré, dans le cadre de l’opération Paperclip, pour finir à la direction de la NASA. Il aura un rôle prépondérant dans le programme de la conquête lunaire.
Walter Hallstein, quant à lui, se retrouvera à la tête de l’Union Européenne. Enseignant puis haut fonctionnaire, Hallstein adhéra entre autres à l’Association national-socialiste des Enseignants et à l’Association des juristes nationaux-socialistes. Il fut mobilisé en 42 dans la Wehrmacht, et, à la fin de la guerre, il cofonda l’UNESCO, une officine mondialiste notoire. Il en sera même le premier président en 49. Un peu plus tard, il négociera avec Jean Monnet, l’agent en France des services américains, le plan Schuman avant que ne soit créée la CECA, embryon de l’UE. En 1957, il fut élu premier président de la Commission Economique européenne… à l’unanimité !
Adolf Heusinger, de son côté, militaire de carrière, général durant la seconde guerre mondiale et familier du QG d’Hitler, présidera le Comité militaire de l’OTAN à Washington, de 1963 à 1964, bien que l’Union Soviétique ait demandé son extradition pour crime de guerre, à la fin des hostilités.
Johannes Steinhof, décoré de la Croix de fer et pilote de chasse de la Luftwaffe pendant la seconde guerre mondiale, sera président du Comité militaire de l’OTAN de 1971 à 1974.
Les plus vieux d’entre nous, pour finir cet inventaire à la Prévert, se rappelleront la figure de Kurt Waldheim, au passé nazi chargé, qui fut Secrétaire général des Nations-Unies de 1972 à 1981, et président de la République d’Autriche, de 1986 à 1992. L’affaire Waldheim, comme on l’a appelée, défrayera la chronique lorsque furent révélées au grand jour les actions de cet ancien officier de la Wehrmacht.
Les exemples de nazis recasés ne manquent pas. Le constat est ahurissant. Aussi ne soyons pas naïfs. Nous ne sommes pas là devant un concours de circonstances. On ne retrouve pas, en effet, autant de nazis à la tête de ce genre d’organismes par le fruit du hasard. Ni vous ni moi n’avons eu un jour cette opportunité, malgré nos éventuelles qualités. Ceux qui occupent ces sièges ont été triés sur le volet. Leur passé, qui pour nous en fait des repoussoirs, a plaidé au contraire pour eux. Une fois en place, ils étaient prêts à servir aveuglément les desseins de cette élite cynique. Rares sont les occupants de ces postes qui, comme Hervé Hannoun, ancien sous-gouverneur de la Banque de France et actuellement à la BRI, osent franchir leur pré carré et s’opposer, par exemple, à la politique de l’OTAN au point d’appeler la France à sortir de l’organisation transatlantique. Alors, que tant de nazis aient présidé aux destinées de l’Europe quand celle-ci était au berceau n’a rien d’une malencontreuse coïncidence. De même que croire que l’Europe, après avoir vu de telles sorcières se pencher sur elle à sa naissance, n’ait rien conservé de son penchant nazi relève du vœu pieux.
Ceux qui pensent donc que ce passé nazi est révolu en seront pour leurs frais. Hannah Arendt avait raison encore une fois, hélas. Le nazisme dans une version actualisée perdure. Nous n’en n’avons pas fini avec lui. Le pire est qu’il est défendu par ceux-là mêmes qui se déclarent du camp du bien, de l’antifascisme et crient à l’extrême-droite à la moindre contrariété. Quel renversement des valeurs !