Les Nouvelles Lettres Persanes

Le 23/08/2024

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Ça pourrait s’intituler Les Nouvelles Lettres Persanes. Mais, à vrai dire, ça ne sera pas un pastiche de l’œuvre de Montesquieu, loin de là. En outre, au lieu d’Usbek et Rica en provenance d’Ispahan, nos protagonistes, du nom d’Armand et Francis, les premiers à expérimenter un prototype de machine à voyager dans le temps, ne débarquent pas d’un pays lointain mais d’une époque qui ne l’est pas moins : le Paris de 1964. Et c’est de la France de 2024 dont il sera question, une France observée à travers le prisme de deux aventuriers du futur.

Francis à son amante Agnès :

Mon aimée, je n’ai eu que le temps de m’étonner depuis que j’ai quitté l’habitacle de ma machine. Dis-toi bien une chose, passé l’an 2000, Paris ne ressemble guère à nos rêveries d’avenir. Point de bizarreries futuristes. Le métro, par exemple, n’a pas disparu. Il ressemble à nos rames vétustes. A la différence qu’il est encore plus bondé, qu’il sent plus mauvais que jamais et qu’à contempler la diversité des visages qui le fréquentent une cane n’y retrouverait pas ses petits. Impression étrange que ce premier contact avec nos descendants. En effet, une race singulière de voyageurs y circule, munie de masques, du genre chirurgical. Notre métropolitain a dès lors tous les stigmates d’une salle d’attente d’hôpital. La Faculté, du moins celle que je connaissais, celle des années 60 où tu es restée, a beau proclamer son inutilité voire sa nocivité à ceux qui voudraient en étendre le champ d’application, nos philosophes comme Levinas ont beau s’échiner à faire comprendre que le visage définit l’homme et que l’ôter à la vue c’est déshumaniser les relations humaines, cette race de zombies a néanmoins proliféré, hantant les couloirs des stations et lançant aux autres des regards furibonds. Mon Agnès, prie pour que l’hypocondrie ne soit pas contagieuse. Ici elle fait des ravages que tu condamnerais. Toi qui demeures soixante ans en arrière, apprécie que les hommes y aient encore une colonne vertébrale. Pas comme ici. Ici, ils ont peur de leur ombre. Et aucun discours rationnel ne peut les dissuader d’ôter ce bâillon.

Armand à Francis, dans un café :

Tiens-toi bien, mon ami. J’ai appris que notre bonne vieille Paname était désormais dirigée par un maire dont le nom fleure bon l’Espagne : Hidalgo est ce nom. Mais surtout cet hidalgo est une femme ! Je n’y comprends rien. Il semble qu’une partie substantielle de la population soit devenue hermaphrodite. La femme à barbe aurait-elle fait des petits ? Mais trêve de plaisanteries… Des parisiens que j’ai croisés m’ont entretenu de sa politique, lorsque je leur ai fait remarquer la saleté des rues et les embarras ahurissants, dignes de Boileau. Ils m’ont appris qu’elle avait pourtant accru la taxe sur le foncier de 60% ! Et crois-tu que ses administrés lui en aient tenu rigueur ? En aucune façon ! Il ne leur vient même pas à l’idée de se plaindre. Etre écrasé d’impôts et voir en même temps les services publics se dégrader ne les indigne plus. De savoir dans quel tonneau des Danaïdes passe leur argent ne les préoccupe pas le moins du monde. Ce doit être une grande magicienne pour exercer un tel empire sur ses administrés et les faire penser comme elle veut.

Francis à Armand :

Oh mais il y a un autre magicien plus fort encore, qui n’est pas moins maître de son esprit qu’il l’est lui-même de celui des autres. Ce magicien s’appelle Macron. Et il est président. Tantôt il fait croire que trois millions de chômeurs n’en font qu’un ; tantôt il prétexte qu’il mène la guerre à un virus. Tantôt il fait accroire qu’il dirige démocratiquement alors qu’il se moque de la Constitution. Tantôt il suspend des soignants contre toutes les lois nationales et internationales, que ses prédécesseurs ont signées, tantôt contre tous les principes il sursoit à la nomination du premier ministre et part en vacances. Bref, c’est le fait du prince et l’on dirait que le peuple s’est fait à l’idée de subir un tel régime. Ce président s’est ainsi illustré en mille autres choses de cette espèce comme de régner en roitelet sur une cour mérovingienne. Ou comme de laisser ses ministres démissionnaires mais encore en poste voter à l’Assemblée tels des députés, au mépris de la séparation des pouvoirs exécutif et législatif. C’est un mélange des genres intolérable qu’on voit seulement dans les républiques bananières ! Or ce mélange des genres commence par vouloir prendre un homme pour une femme ! Moi aussi j’ai remarqué les mêmes signes de décadence que toi en ce domaine. Je suis heureux qu’Agnès ne voie pas vers quelle dépravation des mœurs la société s’en va.

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Francis à Agnès :

Quelle époque vit-on ici ! Un pays endetté à plus de trois mille milliards et qui dépense sans compter pour accueillir les Jeux Olympiques en donnant, qui plus est, une drôle de messe noire en préambule. Pourtant le pays n’a plus le sou pour des canadairs ou pour les urgences de ses hôpitaux ! On y meurt en effet dans la plus grande indignité, après des heures d’attente. Les urgences sont devenues des mouroirs dans l’indifférence générale. Quel pays peut accepter de se voir priver de soins vitaux pour lesquels il paie ? Eh bien, le crois-tu, cela ne semble pas émouvoir les habitants du vingt-et-unième siècle. Les français sont décidément des veaux ! A quoi donc tiennent-ils encore ? Même pas à leur vie ? Peut-être à leurs jeux alors, aux feuilletons à profusion que la télé diffuse à satiété. Jamais la devise panem et circenses n’a été autant d’à propos. Et puis les téléphones portables ont tout révolutionné. Dis-toi qu’ils servent aussi d’appareil photo, de dictaphone, de téléviseur, d’aide à la conduite pour trouver sa route… Les applications sont innombrables, mais en conséquence chacun se replie sur soi. Le terme de zombie leur va comme un gant. Et dans l’optique de contrôler cette masse d’abrutis, la tâche en est grandement facilitée. Les gens semblent s’en remettre à l’Etat pour tout et ont perdu le goût pour la politique. Qu’il est affligeant de constater l’état mental délabré de nos concitoyens !

Armand à A.P. (on suppose que le message est adressé à Alain Peyrefitte) :

Cher compagnon, en fin observateur de la vie publique, tu trouveras, je pense, un certain intérêt à mon propos. Voici des nouvelles du futur qui stimuleront ta réflexion. En faisant référence à ton ouvrage sans cesse augmenté C’était De Gaulle, j’ai appelé ces chroniques Ce sera la France. Et mon constat te fera froid dans le dos. Ta France, la mienne, notre France a sombré et n’existe quasiment plus, à l’époque depuis laquelle je t’écris cette missive. Oh, le français est encore en usage, encore que bien malmené. Une langue, ça ne meurt pas comme ça.

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Cependant les temps changent. Par exemple, aux Etats-Unis un pacifique comme JFK est un lointain souvenir. Les faiseurs de guerre ont désormais la main sur le sort de l’Amérique et plus largement sur celui du monde occidental. Un certain Biden, de toute évidence gâteux, continue d’exercer comme si de rien n’était. On lui fait dire ce qu’on veut et ça ne semble choquer personne. Du moins sur les télévisions, toutes cornaquées par l’appareil d’Etat dont parlait Ike avant de quitter la Maison Blanche. Le pire toutefois est le degré de corruption et la subversion. Oh, je sais, on l’a vue débuter dans les universités. Mais elle aboutit, à l’époque où je suis, à l’installation du socialisme en Amérique ! Oui, c’est ce que je soutiens mordicus. C’est impensable, c’est inouï ! Certains y verront la revanche des Rosenberg. On a beau être favorable à une troisième voie entre les deux grands, la victoire du communisme à Washington sonne le glas de nos espérances. Les Démocrates ont perdu tout sens commun. Ils ont manœuvré pour remplacer Biden par sa colistière Kamala Harris. Celle-ci fait pâle figure, mais elle est soutenue à bout de bras par le tout Washington. Le seul espoir de retour à la raison est incarné par le rival d’Harris et de Biden, le républicain Donald Trump, un richissime entrepreneur. On a déjà tenté de l’éliminer à plusieurs reprises. Imagine la toute puissance du système qu’il combat et qui le lui rend bien. Par bonheur, il a eu jusqu’à présent plus de chance que Kennedy. Qui aura raison de l’autre, nous le saurons bientôt. Cependant je dois reconnaître que le pessimisme prévaut.

L’impensable a gagné aussi la France. Le freluquet Macron, également tenu à bout de bras par les tentacules du système qui s’est emparé de la France, s’est assis au bureau du Général. Il s’est ensuite ingénié à détruire le formidable outil industriel et technologique que ton mentor, Alain, met en place depuis quelques années. Le peuple a bien essayé de réagir à ses méfaits, mais il a été durement réprimé et molesté. En France aussi la gauche aura joué son rôle dévastateur. Si à ton époque elle défend encore apparemment les opprimés et les femmes, il ne lui faudra pas longtemps pour les trahir les uns après les autres. En se trouvant à défendre la cause de nouveaux damnés de la terre ! C’est ainsi qu’elle abandonnera le peuple historique de France pour lui substituer une mosaïque de peuples abreuvés d’Islam. Le peuple de souche ne lui plaisait plus. Attirée qu’elle a toujours été par la dictature, ce n’est pas à toi que j’apprendrai que le PC n’a pas renoncé à la dictature du prolétariat, elle s’est abandonnée finalement aux Mahométans. Elle soutient ses extrémistes les plus virulents, et a pris fait et cause pour eux et leur Charia. De ce fait, elle n’a eu d’autre choix que de devenir antisémite, plus encore que la vieille droite l’était en raison de son Christianisme exacerbé. La gauche a pactisé avec l’Islam jusqu’à ouvrir les portes du pays à ses foules fanatisées. A l’heure où je te parle, le compte à rebours a démarré. Nul doute que la France sera islamique dans un proche avenir. Et dire que De Gaulle voulait éviter que Colombey-Les-Deux-Eglises ne devienne Colombey-Les-Deux-Mosquées ! Eh bien, pour ainsi dire, c’est chose faite. Notre France, sa démocratie, ses arts, sa culture, sa religion, son histoire, son rayonnement, tout est en train de disparaitre dans l’égout qu’elle est devenue au fil des ans. Les forces de l’argent qui ont joué à la roulette russe, pensant tirer les marrons du feu en favorisant cette submersion, vont s’en mordre les doigts. Personne ne te croira si tu relaies mon témoignage. Car nul n’est prophète en son pays. Aussi je te conseille de garder tout ça pour toi. Je suis triste de t’écrire ces mots de désolation, tu penses bien. Mais il fallait que je trouve une oreille attentive à qui confier l’avènement d’un tel désastre. De Gaulle nous aura sortis de la botte nazie, mais il n’aura rien pu faire pour nous prémunir ni des forces de l’argent ni des nouveaux envahisseurs qu’elles pensent peut-être manœuvrer à volonté.¾

 

Photo d’illustration : L’Agnès des Nouvelles Lettres Persanes © Alamy

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