Le pays s’écroule et les gens ordinaires vaquent à leurs occupations, sans rien voir ni vouloir voir. Alors la question cruciale est : qu’attendent les gens ? Pourquoi une si coupable léthargie ? Bien sûr certaines franges de la population se sont élevées tour à tour contre ce pouvoir totalitaire qui ne se cache plus. Mais les analystes restent sans voix lorsqu’ils cherchent à connaître l’origine de cette apathie.
Il y a peu, je suis tombé sur un micro-trottoir qui apporte des éléments de réponse. Il a eu lieu en Grande Bretagne. Une dame, tout ce qu’il y a d’ordinaire, est questionnée. Avez-vous pris le vaccin covid ?, lui demande-t-on. Elle répond par l’affirmative, esquissant un sourire laissant penser qu’elle attend d’être félicitée. Au lieu de ça, l’interviewer revient à la charge. Pensez-vous que c’était la bonne décision ? Avez-vous ressenti peut-être une pression à un moment donné pour le prendre ? La réponse de la dame est saisissante : Je pense que je l’ai fait, comme on m’a dit de le faire. Et elle ponctue sa réponse d’un rire. Est-ce que c’est une chose sensée à faire ?, lui réplique-t-on. Et c’est sur sa dernière réponse qu’il faut s’interroger. Elle se défend alors : Quelqu’un de plus intelligent que moi prend les décisions. Et à la question de faire confiance a priori à ces gens intelligents, elle finit par un Que faire ?
Notez que pour cette dame la question se pose avant tout en termes de suivisme, de conformisme. J’ai fait comme on m’a dit. Mais qui est ce on ? Elle se garde bien de le préciser. Et quand le sondeur pose la question de la confiance en ceux qui édictent les règles à suivre, elle considère que ces gens-là sont plus intelligents qu’elle et savent mieux qu’elle. Est-ce une façon de botter en touche afin de ne pas chercher plus loin pour son confort personnel ? Ou est-ce de l’humilité ? Franchement, je l’ignore. Quoiqu’il en soit, c’est parce que ces gens sont plus intelligents qu’elle s’en est remise à eux. Mais s’ils lui avaient demandé de se suicider, ces gens si brillants, aurait-elle accédé à leur demande si aisément ? Poussée dans ses derniers retranchements, elle finit par admettre que de toutes les façons elle n’avait pas d’autre choix. Lassée, elle coupe court et s’enfuit.
Quel enseignement tirer de tout ça ? Eh bien je crois que ce que cela met en exergue c’est le besoin de l’homme ordinaire de courber l’échine devant l’un de ses semblables, mis sur un piédestal. D’où vient ce besoin ? Je n’en ai qu’une vague idée. Mais c’est bien ce ressort qui est exploité ici. Lorsque les gens adoptent un régime monarchique, n’acceptent-ils pas tacitement de se soumettre les yeux fermés à l’un des leurs, qu’ils désigneront sous le nom de roi ou de reine ? Dans le cas du micro-trottoir qui nous occupe, le président, le ministre de la santé ou le médecin de plateau ont été des substituts du roi. Ils sont tous venus dire pourquoi il fallait ployer l’échine devant eux et leurs diktats. Accepter les masques, accepter les confinements, accepter les multiples injections… Et les gens ordinaires qui ne pensaient pas à mal ont courbé l’échine et ont accepté de faire comme on leur avait dit de faire. Les rois, c’est bien connu, sont plus intelligents que leurs sujets. Ils savent ce qu’il faut faire. Pourtant l’histoire est pleine de rois qui savaient quoi faire et qui furent renversés. Donc la piétaille obéit. Sinon que faire ? Je pense que, même dans un pays régicide comme la France, ce ressort demeure. Etrange, j’en conviens. Peut-être est-ce dû à la mauvaise conscience collective d’avoir coupé la tête de Louis XVI qui perdure à travers les siècles. Néanmoins, la facilité de s’en remettre à un personnage installé ou à un système, qui s’autoproclame supérieur à nous, est tentant pour beaucoup de nos concitoyens. Par paresse intellectuelle, par instinct de subordination, par lâcheté aussi. A partir de là, les assujettis se berceront d’illusions sous les pires motifs possibles. Ils suivront leur roi de substitution parce qu’il s’y connaitrait davantage dans les décisions à prendre, ou parce qu’il serait simplement plus légitime que quiconque, ou encore parce qu’il en faudrait bien un, et tant pis s’il ne nous veut pas que du bien. Chez les assujettis, courber l’échine est une seconde nature.
On prête à Mandel ces paroles adressées à De Gaulle au moment de la débâcle de juin 40 : « Je n’ai jamais vu un tel effondrement humain. On a entendu un ministre, un ministre !... dire qu’il valait mieux qu’on devienne une province nazie. Au moins on saurait ce qu’il allait nous arriver. » Je me souviens aussi d’une anecdote que m’avait racontée ma sœur, alors institutrice en primaire. Alertée par les prémices d’un Islam à la conquête de la France, elle s’en était entretenue avec une atsem de son école. Laquelle lui avait répondu, du tac au tac, qu’elle ne verrait pas d’inconvénient après tout à adopter la religion des envahisseurs. Ministre ou atsem, en voilà deux à l’échine souple. Et c’est à ce genre d’attitude que se conformèrent plus tard tous les assujettis qui embrayèrent sur la propagande covidiste, ployant obséquieusement l’échine devant d’autres totalitaires, les Véran, les Deray et les Toussaint, ces petits marquis aux mains sales.¾
Photo d’illustration : Le Taureau de Wall Street © Alexander Naumann de Pixabay