A vrai dire, le point essentiel sur lequel je me plais à être différent d’eux est leur antisémitisme latent. Celui-ci s’exprime systématiquement quand il s’agit d’évoquer Israël. Ainsi le Pakistan et l’Inde sont sur le point de s’étriper joyeusement une fois de plus et à coups d’armes nucléaires, mais aucun des commentateurs dans le camp patriote n’a jeté l’opprobre ou la responsabilité de l’escalade sur l’Inde ou sur le Pakistan. Quand le même cas de figure se présente entre Israël et l’Iran, la plupart pointent invariablement du doigt le prétendu bellicisme de l’Etat hébreu et absolvent d’avance les charmants mollahs. Alors pourquoi n’ont-ils pas défendu le Pakistan qui ne manque pas de mollahs lui non plus et pourquoi n’ont-ils pas condamné l’Inde de Modi ? Les mondialistes ne sont pas les seuls à faire dans le deux poids deux mesures. Les patriotes aussi. Il faut dire que, lorsque ces « patriotes » osent critiquer des musulmans, ils le font indirectement et seulement s’il s’agit d’OQTF. Rarement ils pointent du doigt le fait que les assassins le font au nom de l’Islam. Et jamais ils ne dénoncent les états islamiques nominativement. Ils ménagent au contraire les enfants d’Allah, ils les comprennent, voire les encouragent dès que ceux-ci sont identifiés comme palestiniens. Ils prennent fait et cause pour eux, exactement comme le font les gauchistes. C’est bien un point de désaccord profond que j’ai avec eux et qui ne fait que croître.
L’obsession antisémite de ces « patriotes » vient de leur puissant anti-républicanisme. En cela ils se distinguent du RN. On dirait qu’en dignes successeurs des anti-dreyfusards ils ont trouvé comment prendre leur revanche sur la synagogue. Leur tropisme anti-israélien ressurgit ainsi à chaque crise. Je n’ai même jamais entendu dans leur bouche des regrets qu’on s’en soit pris à des civils israéliens, un certain 7 octobre. Une figure, que ces « patriotes » mettent en avant depuis plusieurs semaines, a cristallisé les motifs de discorde. Je veux parler du professeur d’économie Jeffrey Sachs. Chacune de ses interventions leur a permis de reporter la faute sur leur bête noire, Israël.
Malgré un nom qui fleure bon le mondialisme anglo-saxon (on pense à la banque Goldman Sachs) et des origines juives, Jeffrey Sachs est devenu une figure charismatique pour eux, de par ses multiples prises de position. Donnons-en quelques morceaux choisis.
Pour Sachs, Netanyahu serait le diable incarné. Il le traite d’« enfant de chienne ». Voilà qui est très professoral et très professionnel. Pour lui, Israël se cache derrière la guerre que l’occident mondialiste a menée contre Assad, depuis l’ère Obama. Ce dernier aurait accédé à une demande de Jérusalem remontant à vingt cinq ans de liquider le verrou Assad.
Rien que sur ces deux prises de position, faudra-t-il que je rappelle les centaines de milliers de morts des dirigeants iraniens, irakiens ou syriens depuis cinquante ans ? Inutile, je crois, je les ai déjà tellement évoqués ici. Assad, Hussein ou Khomeyni, avec leur passif, auraient-ils été des anges, monsieur le professeur, pour ne pas s’attirer vos injures ? A entendre votre silence assourdissant sur ces bouchers, ce ne sont pas apparemment des « enfants de chienne » ! Faudra-t-il que je rappelle aux panégyristes de Jeffrey Sachs, qui s’improvise professeur d’histoire quand ça le chante, quel rôle la famille Assad, l’alliée des chiites iraniens, a joué en se faisant le mandataire de l’Iran dans ses agressions contre Israël et dans son objectif assumé de le raser de la carte ? Comme toujours on dissimule les provocations des uns pour mortifier l’autre. On voit que Sachs ne vit pas dans un pays qui joue sa survie face à des barbares sans scrupules. Ses discours sont toujours tenus du fond d’un fauteuil bien confortable. Et par ailleurs, avoir voulu de la part des israéliens la fin du régime Assad n’a rien d’infamant, il me semble. Ce régime a suffisamment semé la haine en jouant la carte du Hezbollah pour ne pas en avoir récolté les fruits amers.
Sachs poursuit sa croisade antijuive qui plait tant, et pas qu’à gauche. Il recycle la vieille rengaine que les Etats-Unis seraient à la botte d’Israël. Pour être juif il n’en est pas moins antisioniste, et cela plait. Pensez-vous, un juif contempteur d’Israël ! Seulement ce ne sera pas le premier juif à être antisioniste et à se faire un nom sur le dos du petit Etat. Avant lui, des Rony Brauman ou des Edgar Morin ont brillamment réussi dans cette entreprise de détestation de soi et dans ces accusations à sens unique.
Quand Sachs parle maintenant du covid, il ne fait que ressasser des choses bien connues. Personne n’a attendu après lui pour apprendre quoi que ce soit sur cette opération menée par le Deep State. Ce n’est qu’un résistant de la vingt-cinquième heure.
Avec tout ça, il a l’aval de tout le camp patriote antisémite qui a l’Etat hébreu dans le collimateur. Et je suppose d’une bonne partie de la gauche. On l’affuble d’épithètes dithyrambiques. L’homme n’a que des qualités pour ce public complaisant.