Le cas Sachs

Le 13/05/2025

Dans Actualités

Nous vivons une drôle d’époque. Alors qu’une opposition au mondialisme émergeait vigoureusement au moment du covid, elle avait à cœur de parler d’une seule voix. Les opposants se tenaient les coudes. Rien ne venait les séparer dans leur rejet des élites coupables. Aujourd’hui qu’il faut encore cohabiter avec elles ainsi qu’avec ceux qui restent sourds à la gravité de la situation, des fractures profondes apparaissent entre opposants de la première heure. On peut s’apercevoir que beaucoup d’entre eux ont une vision partiale et biaisée. Beaucoup ont des réflexes qui les mettent en porte-à-faux avec le patriotisme qu’ils affichent.

A vrai dire, le point essentiel sur lequel je me plais à être différent d’eux est leur antisémitisme latent. Celui-ci s’exprime systématiquement quand il s’agit d’évoquer Israël. Ainsi le Pakistan et l’Inde sont sur le point de s’étriper joyeusement une fois de plus et à coups d’armes nucléaires, mais aucun des commentateurs dans le camp patriote n’a jeté l’opprobre ou la responsabilité de l’escalade sur l’Inde ou sur le Pakistan. Quand le même cas de figure se présente entre Israël et l’Iran, la plupart pointent invariablement du doigt le prétendu bellicisme de l’Etat hébreu et absolvent d’avance les charmants mollahs. Alors pourquoi n’ont-ils pas défendu le Pakistan qui ne manque pas de mollahs lui non plus et pourquoi n’ont-ils pas condamné l’Inde de Modi ? Les mondialistes ne sont pas les seuls à faire dans le deux poids deux mesures. Les patriotes aussi. Il faut dire que, lorsque ces « patriotes » osent critiquer des musulmans, ils le font indirectement et seulement s’il s’agit d’OQTF. Rarement ils pointent du doigt le fait que les assassins le font au nom de l’Islam. Et jamais ils ne dénoncent les états islamiques nominativement. Ils ménagent au contraire les enfants d’Allah, ils les comprennent, voire les encouragent dès que ceux-ci sont identifiés comme palestiniens. Ils prennent fait et cause pour eux, exactement comme le font les gauchistes. C’est bien un point de désaccord profond que j’ai avec eux et qui ne fait que croître.

L’obsession antisémite de ces « patriotes » vient de leur puissant anti-républicanisme. En cela ils se distinguent du RN. On dirait qu’en dignes successeurs des anti-dreyfusards ils ont trouvé comment prendre leur revanche sur la synagogue. Leur tropisme anti-israélien ressurgit ainsi à chaque crise. Je n’ai même jamais entendu dans leur bouche des regrets qu’on s’en soit pris à des civils israéliens, un certain 7 octobre. Une figure, que ces « patriotes » mettent en avant depuis plusieurs semaines, a cristallisé les motifs de discorde. Je veux parler du professeur d’économie Jeffrey Sachs. Chacune de ses interventions leur a permis de reporter la faute sur leur bête noire, Israël.

Malgré un nom qui fleure bon le mondialisme anglo-saxon (on pense à la banque Goldman Sachs) et des origines juives, Jeffrey Sachs est devenu une figure charismatique pour eux, de par ses multiples prises de position. Donnons-en quelques morceaux choisis.

Pour Sachs, Netanyahu serait le diable incarné. Il le traite d’« enfant de chienne ». Voilà qui est très professoral et très professionnel. Pour lui, Israël se cache derrière la guerre que l’occident mondialiste a menée contre Assad, depuis l’ère Obama. Ce dernier aurait accédé à une demande de Jérusalem remontant à vingt cinq ans de liquider le verrou Assad.

Rien que sur ces deux prises de position, faudra-t-il que je rappelle les centaines de milliers de morts des dirigeants iraniens, irakiens ou syriens depuis cinquante ans ? Inutile, je crois, je les ai déjà tellement évoqués ici. Assad, Hussein ou Khomeyni, avec leur passif, auraient-ils été des anges, monsieur le professeur, pour ne pas s’attirer vos injures ? A entendre votre silence assourdissant sur ces bouchers, ce ne sont pas apparemment des « enfants de chienne » ! Faudra-t-il que je rappelle aux panégyristes de Jeffrey Sachs, qui s’improvise professeur d’histoire quand ça le chante, quel rôle la famille Assad, l’alliée des chiites iraniens, a joué en se faisant le mandataire de l’Iran dans ses agressions contre Israël et dans son objectif assumé de le raser de la carte ? Comme toujours on dissimule les provocations des uns pour mortifier l’autre. On voit que Sachs ne vit pas dans un pays qui joue sa survie face à des barbares sans scrupules. Ses discours sont toujours tenus du fond d’un fauteuil bien confortable. Et par ailleurs, avoir voulu de la part des israéliens la fin du régime Assad n’a rien d’infamant, il me semble. Ce régime a suffisamment semé la haine en jouant la carte du Hezbollah pour ne pas en avoir récolté les fruits amers.

Sachs poursuit sa croisade antijuive qui plait tant, et pas qu’à gauche. Il recycle la vieille rengaine que les Etats-Unis seraient à la botte d’Israël. Pour être juif il n’en est pas moins antisioniste, et cela plait. Pensez-vous, un juif contempteur d’Israël ! Seulement ce ne sera pas le premier juif à être antisioniste et à se faire un nom sur le dos du petit Etat. Avant lui, des Rony Brauman ou des Edgar Morin ont brillamment réussi dans cette entreprise de détestation de soi et dans ces accusations à sens unique.

Quand Sachs parle maintenant du covid, il ne fait que ressasser des choses bien connues. Personne n’a attendu après lui pour apprendre quoi que ce soit sur cette opération menée par le Deep State. Ce n’est qu’un résistant de la vingt-cinquième heure.

Avec tout ça, il a l’aval de tout le camp patriote antisémite qui a l’Etat hébreu dans le collimateur. Et je suppose d’une bonne partie de la gauche. On l’affuble d’épithètes dithyrambiques. L’homme n’a que des qualités pour ce public complaisant.

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Une image qui n'est qu'un aperçu des liens qu'a tissés Jeffrey Sachs avec les mondialistes

Et puis, d’un seul coup, voilà que Jeffrey Sachs dérape. Le professeur émérite appelle à la création d’un gouvernement mondial comme seul moyen de lutter contre la crise climatique ! C’est là que sa belle notoriété s’envole. Les patriotes n’attendaient pas de sa part une sortie aussi résolument mondialiste. Que connait-il à la climatologie ce professeur d’économie ? Il avait déjà de sérieuses difficultés avec l’histoire, voilà qu’il se mêle de physique. Evidemment il ne recycle que des vieilles lunes. A savoir que le CO2 que nous dégageons avec nos automobiles (comme si c’était le principal facteur d’émission), se répandant dans l’atmosphère, nous oblige à une réponse mondiale et donc nécessite qu’un gouvernement mondial prenne les choses à bras le corps. Le « donc » est fabuleux. Comme si la déduction allait de soi. Evidemment il se défend d’être globaliste, mais enfin il en arrive au même point qu’eux : l’appel à un nouvel ordre mondial ! Sauf qu’il est à contretemps ! Et puis il voudrait se faire passer pour qui il n’est pas, un électron libre. Quand on a été conseiller, tour à tour, au FMI, à la Banque mondiale, à l’OCDE et à l’OMS, difficile de ne pas être considéré comme un mondialiste impénitent !

Voilà à qui s’en sont remis des tas de patriotes en le prenant pour une éminence grise et en se réclamant de son expertise, dès lors qu’il fustigeait l’Etat hébreu. N’y connaissant pas plus en sciences qu’en histoire, notamment du Moyen-Orient, le sieur s’est forgé une réputation usurpée dont se sont prévalus certains qui en sont aujourd’hui pour leurs frais, vu qu’ils ont fait confiance sans s’en douter aux analyses d’un authentique mondialiste !

Etonnant que ce personnage parle davantage de ce qu’il ne connait pas que de ce qu’il est censé connaître. Et d’être ensuite, sur ses domaines d’incompétences, la coqueluche de patriotes et de gauchistes animés par un antisémitisme congénital commun.

Alors aujourd’hui, force est de constater que tout est brouillé. En même temps que nous subissons les mauvais coups des gouvernements mondialistes de plus en plus débilitants, nous nous retrouvons en désaccord profond entre patriotes. Les critiques acerbes des souverainistes contre le RN en sont l’amère manifestation. Quelle drôle d’époque en effet !¾

 

Photo d’illustration : Jeffrey Sachs au cours de son envolée climatolâtre