La CIA : de Mission Impossible à MK-Ultra

Le 21/05/2022

Dans Actualités

La Central Intelligence Agency, universellement connue par son sigle CIA, est loin d’être un service de renseignements comme un autre. Elle s’est peut-être donné le beau rôle après-guerre, mais elle ne le mérite certainement pas. Grâce aux paillettes et autres effets spéciaux, Hollywood l’a faite passer pour ce qu’elle n’était pas. Le meilleur exemple de publicité mensongère que la vieille dame, ou plutôt la vieille sorcière, s’est offerte reste la série Mission Impossible.

Si ses épisodes ont bercé mes jeunes années, c’est qu’elle montrait des équipes soudées, des hommes et des femmes, des noirs et des blancs, sans bord politique ni cas de conscience, unis dans un idéal, déjouer les mafias, renverser les dictateurs ou restaurer la démocratie. Pourquoi aurions-nous détesté ces héros au cœur pur ? Je les appréciais. Le jeune garçon que j’étais avait de la CIA une vision pour ainsi dire romanesque. C’est bien ce que voulaient les studios, et derrière eux, la CIA. Marquer l’esprit des jeunes, même à l’étranger. Seuls les services secrets américains ont réussi une telle performance au travers des écrans de télévision. Leurs agents étaient munis de moyens les plus sophistiqués pour la bonne cause. C’était une image d’Epinal, celle d’une CIA de pacotille, toute en strass et en guimauve.

Hélas, la réalité était beaucoup plus sordide. Mes héros exhibaient plutôt le rictus des bandits, l’agressivité des tortionnaires, le sadisme caractéristique des médecins fous et la bonne conscience des salauds.

Dans les années 50, en pleine guerre froide, la CIA s’engagea dans des expériences abominables sur l’homme, au prétexte de rattraper la concurrence. Pour les mener à bien, elle n’hésitera pas à se passer du consentement de ses cobayes : détenus, internés en hôpital psychiatrique, clients de prostituées, soldats… Ce sont le plus souvent des démunis, des noirs, des orphelins, des handicapés…

L’utilisation intensive du LSD dans ces expérimentations avait pour but d’agir sur le comportement. Le mouvement hippie s’en est ensuite emparé dans les années 60 - 70. Les artistes ne trouvèrent rien de mieux que de valoriser son usage. Avaient-ils alors pleine conscience de jouer le jeu de la CIA ou bien étaient-ils à ce point aveuglés par l’atmosphère soixante-huitarde ? La CIA sous-estima à dessein les effets de sa drogue fétiche : paranoïa, désorientation, schizophrénie… Des drogues encore plus dangereuses furent expérimentées. C’est en 1953 que fut lancé par Sydney Gottlieb, psychiatre et spécialiste des armes chimiques, le programme de contrôle mental MK-Ultra. Son but : effacer la mémoire et reprogrammer le cerveau. Fabriquer ainsi des espions robots, qui, une fois leur mission achevée, puissent être reprogrammés pour tout oublier. L’idée que le cerveau humain se comportait tel un ordinateur germait depuis un moment dans les têtes des apprentis sorciers de la CIA.

Therapie electroconvulsive cameron

Thérapie convulsive expérimentée par le Dr Cameron

 

Entre les mains de ses docteurs, le sort des êtres humains était renvoyé à celui de rats de laboratoire. Ils implantèrent des électrodes dans le cerveau afin de le contrôler à distance. Ils rendirent ainsi les uns brutaux et les autres amorphes. D’autres cobayes subirent toutes sortes d’injections jusqu’à convulser. D’autres encore furent forcés d’écouter en boucle le même enregistrement. Rien n’était trop inhumain pour laver le cerveau. Last but not least, on inocula des virus (pour l’exemple, on procéda en 1966 à une diffusion bactérienne, grandeur nature, dans le métro) et on irradia au plutonium. On n’oublia pas d’infliger des calvaires à peine plus soft, tel l’isolement en salle capitonnée. Je vous épargne la description des sévices endurés par les victimes.

Le plus révoltant dans l’affaire est que la CIA n’aurait pas pu exécuter ces projets sans le concours délibéré des psychiatres, des médecins et des scientifiques. Aucun n’avait d’état d’âme, encore moins le sinistre Dr Ewen Cameron, reconnu unanimement comme la terreur de ceux dont il s’occupait. Ces scientifiques zélés justifièrent leurs actes exactement comme l’avaient fait les médecins nazis à Nuremberg. Des médecins criminels de guerre, dont certains avaient été exfiltrés dans le cadre de l’opération Paperclip. Tous invoquèrent l’intérêt national. Quand les responsables de la CIA seront convoqués devant une commission d’enquête pour s’expliquer, parmi eux leur directeur Richard Helms, ils mentiront, ils esquiveront les questions ou minimiseront les faits. Chez chacun de ces individus sanguinaires en blouse blanche, un déni de réalité et un cynisme à toute épreuve. Arrivé là, je précise que toute ressemblance avec le covid ne serait que fortuite !

Pensez-vous que depuis cinquante ans la CIA n’ait pas progressé dans l’abomination ? Il serait naïf de le croire. En tout cas, probablement pas dans la prise de conscience de ses atrocités.

Son domaine de prédilection a toujours été la manipulation de masse. Mais à notre époque elle est passée à la guerre cognitive, qui s’efforce de transformer l’esprit humain en un champ de bataille. Agir sur les esprits pour mieux enrégimenter les actes. Les technologies numériques, les réseaux sociaux, les GAFAM, qui sont, sinon une émanation, au moins de solides partenaires de la CIA, lui ont fourni les occasions de parvenir à ses fins.

La CIA a été impliquée dans les coups les plus tordus. Elle est devenue le gang le plus nanti et le plus corrompu des Etats-Unis. Elle est impliquée dans le Russiagate, ce complot ourdi par la campagne Clinton pour accréditer une trahison de Trump avec la Russie et pouvoir le destituer. Son directeur John Brennan l’a compromise dans tous les mauvais coups des Clinton, d’Obama et de Biden, en servant des objectifs illégaux. En marge, elle a assuré l’entraînement des nazis du bataillon Azov. Elle a trempé aussi dans la fraude électorale. A vrai dire, on ne sait plus où elle n’a pas trempé. Et tout cela avec des moyens illimités, non seulement par l’afflux des financements, mais aussi par les techniques qu’elle a développées.

Pour ne prendre qu’un cas emblématique, son implication dans l’assassinat de JFK apparait de plus en plus vraisemblable. Avec les années, l’étau s’est resserré autour d’elle. Petit clin d’œil à l’actualité, lorsque certains ont mis en doute les conclusions du rapport de la commission Warren mise en place après l’assassinat de JFK, la CIA a voulu neutraliser toutes les objections. Elle lança l’anathème de complotiste à tous ceux qui persistaient à chercher la vérité ailleurs que dans la présentation officielle. La CIA a inventé le mot pour porter préjudice aux investigateurs dès lors qu’ils approchaient trop près de la vérité. Henri Verneuil en a fait un film : I comme Icare. Le complotiste qui allait se brûler les ailes en approchant trop du soleil de la vérité n’était autre que le procureur incorruptible Henri Volney, joué par Yves Montant.

La CIA est l’homme de paille du Deep State, son exécuteur des basses œuvres. Elle s’autorise tout, ne se refuse rien. Elle intervient où et quand bon lui semble, et s’absout de ses crimes. Son intrusion en Ukraine depuis 2014 est bien documentée aujourd’hui. Dernière ingérence à sortir dans les médias, selon le Courrier des Stratèges, l’usine Azovstal de Marioupol pourrait cacher un laboratoire de la CIA. Autrement dit une base américaine aux portes de la Russie. Mais la CIA a dû faire bien pire que cela. Lorsqu’on dispose d’une telle puissance et qu’on n’est entravé par aucun garde-fou, on se laisse facilement aller à ses pires instincts. On connaitra l’étendue de ses crimes actuels, tôt ou tard, dans vingt, trente ou cinquante ans. ¾

 

Photo d'illustration : Sydney Gottlieb, initiateur du projet MK-Ultra

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