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L'air de rien

Le 09/07/2023

Dans Actualités

Croyez-moi, nous n’oublierons jamais notre sidération, il y a trois ans, en découvrant que nos gouvernants s’étaient retournés contre nous. La seule explication logique à ce qui nous arrivait était leur félonie. En cherchant à savoir comment nous en étions arrivés là, nous avons progressé dans nos connaissances et avons compris que leur funèbre dessein ne datait pas d’hier. Pour ma part, crédule comme je l’étais, je m’étais laissé abuser pendant des années. Mais aujourd’hui il ne se passe pas un jour sans que je découvre les crimes toujours plus monstrueux des états occidentaux, à commencer par les crimes d’état des Etats-Unis et de la France.

En l’occurrence, il s’agira dans cet article de donner un aperçu de la réalité du pouvoir durant les années Mitterrand. Ces années étaient censées représenter un progrès dans la vie des gens. C’est pourquoi j’ai été atterré, sans voix, après avoir écouté les interviews d’Hubert Marty de 2016. Hubert Marty est un ancien directeur des Renseignements Généraux, au temps où François Mitterrand résidait à l’Elysée. Il connait mieux que n’importe qui le milieu politique. C’est la raison pour laquelle son témoignage est convaincant. Sans langue de bois, il ressort certaines affaires qui ont émaillé les deux septennats du promeneur du Champ de Mars. Avec son récit, tout un monde de prédateurs et de prostitués refait surface et donne de la cour mitterrandienne une image dantesque. Dans ce milieu, on tue comme on respire, on truande et on soudoie à tire-larigot. Une haute société reprend vie, aux mœurs plus ignobles les unes que les autres, une société hideuse et pourrie jusqu’à l’os, un cloaque où sévit le vice, où la soif du pouvoir, l’absence de scrupules, l’immoralité la plus exacerbée, le recours au crime se justifient du moment qu’on arrive à ses fins. L’ex-commissaire évoque aussi, au vu des éléments qu’il possède, nombre de morts suspectes, de Coluche à Bérégovoy. Il évoque même les attentats du 11 septembre.

Une de ces affaires, pour laquelle la version officielle est largement contestée par Marty, est celle du « suicide » de Pierre Bérégovoy, le 1er mai 1993, un mois après avoir quitté Matignon. Marty, qui a bien connu l’intéressé, soulève tout un tas d’incohérences dans l’enquête qui s’ensuivit. Ayant eu accès aux photos du cadavre, selon lui, deux orifices d’entrée dans le crâne sont bien visibles, dont l’un au sommet, ce qui, vous en conviendrez, est peu compatible avec un suicide. Viennent ensuite des témoins sur les lieux, qui n’ont pas vu leur témoignage pris en compte. Une épouse, Gilberte, qui conteste formellement que son mari ait eu l’intention d’en finir avec la vie. En revanche, peu avant sa mort, Bérégovoy s’était senti traquer. Il déplora ainsi plusieurs vols, dont celui de son coffre fort à l’assemblée, rien que ça. Qui peut opérer un casse à l’Assemblée, sinon une barbouze ? Le propre notaire de Pierre Bérégovoy, que l’enquête a pris soin de ne pas interroger, s’est confié à Marty. Bérégovoy, la veille de sa mort, était dans un état d’inquiétude flagrant. Il savait qu’il s’était aliéné de puissants ennemis, lui qui avait déclaré quelques mois plus tôt sa volonté de combattre la corruption à grande échelle. « On soupçonne certains hommes publics, avait averti le premier ministre devant l’Assemblée Nationale, de s’être enrichi personnellement de manière illégale […] s’ils sont coupables, ils doivent être châtiés ; dans tous les cas la justice doit passer ». Rappelons que les affaires de corruption n’ont pas cessé de jalonner les années 80 et 90 : Crédit Lyonnais, Elf et l’affaire des frégates de Taïwan, pour n’en citer que trois. Dans chacune d’entre elles, seuls des lampistes écoperont. Les gros poissons s’en sortiront, que ce soit sur le plan politique ou financier, et ne paieront pas les pots cassés. Dans l’affaire du Crédit Lyonnais, ce seront les français qui les paieront avec la création du RDS. Juppé présentera la note lui-même aux français. Droite ou gauche au pouvoir, la victime à l’arrivée est toujours le peuple français, mis à contribution chaque fois pour éponger les dettes des gros bonnets.

Mais Bérégovoy, un homme du peuple qui ne venait pas du sérail, avait cru pouvoir nettoyer les écuries d’Augias. Il avait cependant sous-estimé la détermination de ses ennemis. On se souvient de ses paroles prononcées en brandissant une feuille comme avertissement : « J’ai ici une liste de personnalités dont je pourrais éventuellement vous parler. Je m’en garderai bien ! » Malgré cette précaution oratoire, le message constituait une trop grande menace pour ceux qu’il mettait au défi. Une fois ces mots lâchés devant la représentation nationale et l’ensemble des français, Il avait signé son arrêt de mort. Entre temps, on lui lâcha les chiens en le harcelant avec une affaire de prêt sans intérêt contracté auprès de Roger-Patrice Pelat, un ami de Mitterrand.

Hubert marty

L'ex des RG Hubert Marty

Ceci n’est qu’un cas parmi d’autres pour dire combien la corruption et les crimes d’état avaient déjà cours à l’époque et en quoi les pratiques de l’Etat profond français n’avaient rien à envier à celles de son tuteur américain. Et c’était il y a trente ans. Commanditer des meurtres pour se débarrasser des gêneurs, pour faire des affaires ou pour s’assurer des fortunes faisait déjà partie du train-train de nos dirigeants politiques et économiques. L’assassinat des Kennedy ne fut donc pas sans lendemain pour l’Etat profond cosmopolite. Même en France des passages à l’acte comme les « suicides » de Pierre Bérégovoy ou de François de Grossouvre, au cœur même de l’Elysée, sont là pour nous rappeler que tous les moyens, des plus violents aux plus abjects, ne constitueront jamais un obstacle moral à la mégalomanie de la caste. Devant une telle avalanche de révélations dans la bouche d’Hubert Marty, on reste interdit et en fin de compte écœuré.

Le tableau d’ensemble qu’il finit par brosser, quatre ans avant le covid je le rappelle, fait preuve d’un grand discernement. « Puisqu’on parle de corruption, lance-t-il, on sait que nos dirigeants, nos élites sont corrompus. Donc ils ne peuvent pas nous dire la vérité. On sait que les médias sont achetés, que les médias de masse sont là pour servir des intérêts qui ne sont pas ceux du peuple. Du tout, du tout.» Si maintenant vous entendez quelqu’un salir l’honneur d’Hubert Marty, dites-vous bien quel courage il lui a fallu pour braver ces assassins omnipotents. Etre sali est la première des flétrissures qu’ils feront subir à l’empêcheur de tourner en rond, avant de le poursuivre en justice et de lui donner la mort au bout de la route, s’il s’accroche et ne leur cède pas.

Marty évoque ensuite l’Etat profond et sa branche tricolore. « L’Etat profond qu’il y a aux Etats-Unis depuis un siècle, je vois des signes qu’il arrive en France, et c’est ça qui m’inquiète. C’est parce que je me dis : ces gens-là n’ont rien de démocratique, c’est une oligarchie obscure et un jour, petit à petit, ils prennent les manettes. » Que ce diagnostic sonne juste ! En France, déjà sous Mitterrand, l’Etat profond n’était plus un embryon et ses méthodes criminelles singeaient celles des américains. Quant aux peuples, les français se montrèrent aussi sceptiques sur le suicide de Bérégovoy que les américains l’avaient été sur l’assassinat de JFK par un homme isolé et détraqué. Néanmoins, en se taisant, ils donnèrent l’impression, l’un comme l’autre, d’avaliser la version officielle. Selon le cas, le sale boulot avait dû être fait par la CIA aux Etats-Unis ou par de quelconques barbouzes en France. Reste que chaque fois la caste avait dû être le donneur d’ordre. Elle avait dû commanditer l’exécution de ses opposants. Si Bérégovoy avait voulu porter un coup d’arrêt à ses affaires louches, JFK avait voulu, de son côté, se désengager du Vietnam, un motif de casus belli pour elle dont les griefs à son égard s’accumulaient depuis son entrée en fonction.

Dans sa toute dernière interview et au moment où Biden reclassifie des documents de l’époque au mépris du droit à savoir de son peuple, Robert Kennedy Jr affirme que les preuves que la CIA a tué son oncle sont « insurmontables et accablantes », « au-delà de tout doute raisonnable ». « Est-il temps pour le monde, ajoute-t-il, d’admettre que l’échelon supérieur de la CIA est corrompu au-delà de l’imagination ? » Tucker Carlson pose quant à lui la bonne question. Pourquoi refuser de divulguer la vérité en reclassifiant des documents vieux de plus de 60 ans ? Tous les protagonistes sont morts. Alors ? Ce n’est donc pas dorénavant pour protéger les décideurs des années 60. Selon Carlson, c’est évidemment pour protéger des institutions encore en activité. J’ai déjà eu l’occasion de dire combien il était avéré qu’Allen Dulles, ancien directeur de la CIA viré par JFK, était le plus à même d’avoir orchestré la machination destinée à éliminer Kennedy. Dulles avait encore un réseau de fidèles dans la place pour l’exécution du plan, des seconds comme Angleton et Helms, et, en tant qu’ancien du CFR, il faisait partie intégrante du complexe militaro-industriel. C’est d’ailleurs lui, avec son frère Foster, qui introduisit David Rockefeller au CFR. Le CFR n’étant rien d’autre qu’une création de la Fondation Rockefeller. Comme le dit David Talbot, « si le CFR était le cerveau de l’élite de pouvoir, la CIA était son poing ganté de noir ». Et Dulles était au confluent des intérêts de cette élite. Qu’il n’ait pas été le maître d’œuvre de cet assassinat me semble impensable. Quant à Bérégovoy, seule la chute de l’Etat profond en France permettra d’élucider sa mort.

Patton mcdonald

Ce cousin du général Patton, représentant démocrate et pourfendeur de l'Etat profond, est mort opportunément dans un accident d'avion

« C’est maintenant une question de survie, raconte l’ancien flic des RG. Si on ne fait pas attention à ce qu’on vit, à ce qu’ils vont nous faire accepter, un jour on va se retrouver en dictature sans en avoir l’air, pour nous protéger. On le sait très bien que c’est toujours pour nous protéger. » C’est précisément ce qui s’est passé en 2020, non ? Nous sommes allés de compromission en compromission, de lâcheté en lâcheté, et, quand ils ont lancé leur attaque au covid, nous avons, mois après mois, glissé en dictature. L’air de rien ! C’était soi-disant pour nous protéger. C’est toujours pour notre bien que l’on attente aux libertés. L’époustouflante prédiction d’Hubert Marty n’aura mis que quatre ans pour se réaliser.¾

Liens vers les vidéos d’Hubert Marty :

https://www.youtube.com/watch?v=0UJLIWl18mw

https://www.youtube.com/watch?v=A58CnRF1BkU

 

Photo d'illustration : Pierre Bérégovoy en 1984 © APESTEGUY/SIPA

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