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Coupables, levez-vous ! (seconde partie)

Le 27/09/2023

Dans Actualités

Si le rôle du CFR dans l’événement du 11 septembre a été clairement mis en évidence par l’enquête de Kla tv et les révélations explosives d’Aaron Russo vingt ans plus tôt, il en allait déjà de même en 1963, au moment où l’Etat profond décidait d’en finir avec JFK. L’historien David Talbot a écrit des pages fort explicites à ce sujet. J’en veux pour preuve l’extrait suivant de son ouvrage sorti en 2015 L’échiquier du diable.

« Au fil des années, les réunions, les groupes d'étude et les publications du CFR ont fourni des forums dans lesquels les principaux membres de l'organisation [...] ont élaboré l’essentiel des orientations politiques américaines, y compris la décision de larguer des bombes atomiques sur le Japon et la stratégie de maîtrise de la guerre froide visant l'Union Soviétique. Le coup d'État organisé par la CIA qui a renversé le gouvernement démocratique du Guatemala a été déclenché après qu'un groupe d'étude du CFR a appelé à une action ferme contre l'administration de gauche d'Arbenz. Si le CFR était le cerveau de l’élite de pouvoir, la CIA en était le poing ganté de noir. »

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Talbot, sur plusieurs exemples, brosse en quelques lignes le mode d’action de l’Etat profond dans les années soixante. Il était destiné à ne pas évoluer avec le temps. Le CFR débattait en privé, puis, si l’action décidée le nécessitait, faisait intervenir son relais, la CIA. C’était d’autant plus aisé pour les membres au sommet du CFR que la CIA était dirigée par l’un des leurs, Allen Dulles. Même lorsque ce dernier sera remercié par JFK suite à sa trahison dans l’affaire de l’invasion de la Baie des Cochons, il conservera avec James Angleton, son bras droit, et Richard Helms (plus tard promis directeur de la CIA sous Nixon, pour services rendus) et tant d’autres, toute latitude pour intriguer au sein de l’Agence.

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Dans un article intitulé Dissimulations, en date du 12 avril 2023, j’évoquais déjà le sujet en abordant comment avait été perpétré l’assassinat de JFK par l’Etat profond américain et comment ce dernier avait dissimulé son crime. En fait, avec la Commission Warren, nous avons une sérieuse piste pour l’incriminer. Tous ses membres, les sept qui la composèrent, furent des représentants du Deep State de l’époque, des amis de Lyndon Baines Johnson, et surtout le triumvirat formé par John McCloy, Gerald Ford et Allen Dulles. La commission fut nommée par LBJ (tout comme celle du 11 septembre le fut par Bush) et chargée de promouvoir la version officielle du tireur solitaire, Lee Harvey Oswald, en dépit de tous les éléments contradictoires qui allaient l’infirmer. Une commission que d’aucuns nommeront la Commission Dulles, tant l’ancien directeur de la CIA avait pouvoir sur elle (même après son licenciement) et des motifs de couvrir les auteurs du crime, sans parler de son ressentiment pour JFK qui venait de le limoger. Et l’écrivain James Douglass de renchérir : « la transcription de la réunion du 27 janvier 1964 révèle comment Allen Dulles, l’un des principaux instigateurs de la guerre froide et pour lequel les mobiles de l’assassinat de Kennedy ne manquaient pas, conduisit avec une déconcertante facilité, un tel cénacle de gens honorables et avisés vers le mensonge et la dissimulation ». Parmi les sept membres de la Commission Warren, on compta même Arlen Specter, l’inventeur de la fumeuse théorie de la balle magique, raisonnement alambiqué destiné à éliminer toute autre version que celle du tueur unique, posté au sixième niveau du Dépôt de livres scolaires du Texas et visant de l’arrière de la Lincoln présidentielle après son passage. Voilà bien une théorie rocambolesque, qui n’a pas manqué, à juste titre, de détracteurs et qui pourtant fut imposée au public. La similitude entre le recours à une balle magique et le fait qu’on ait soi-disant retrouvé intacts dans les décombres du World Trade Center les papiers d’identité des pirates de l’air du 11 septembre est frappante. Là encore, la théorie officielle est intenable et ses meilleures preuves sont invraisemblables. Et, gare à toute personne, qui le dénonce ! C’est lui le théoricien de la conspiration. Extraordinaire dialectique du renversement des valeurs !

Le public américain eut le grand tort de se résigner devant cette version cousue de fil. Il savait au fond que ce n’était qu’une histoire à dormir debout. Tout comme celle qu’on nous a racontée à propos des terroristes et de la chute des tours new-yorkaises qu’ils auraient provoquée.

Quant à Warren, le Chef de la Cour Suprême, il se fit tirer l’oreille pour accepter de présider la Commission. Il savait quelle farce ce serait. Et ce le fut. En l’acceptant, il serait la caution morale de ce ramassis de notables aux conflits d’intérêts longs comme le bras. C’est tout ce qu’on lui demandait. Et c’est tout ce qu’il fit.

En ce qui concerne les sept membres, cinq au moins avaient de sérieux liens avec le CFR. Allen Dulles l’avait dirigé juste après la guerre. John McCloy, diplomate et banquier, surnommé le président de l’establishment pour son alignement sur les Rockefeller, l’avait quant à lui présidé de 1954 à 1970, avant de laisser la place à David Rockefeller, l’héritier. Quant à Gerald Ford, il choisit Nelson Rockefeller comme vice-président lors de son accession à la Maison Blanche. Enfin Arlen Specter était un protégé de Gerald Ford, et John Cooper de Lyndon Johnson.

Le Deep State, au plus haut niveau, avait très probablement commandité le meurtre du Président. Seule la CIA, son bras armé, avait les capacités de l’organiser, sous la férule de son âme damnée et créateur, Allen Dulles. Dulles faisait la liaison. Ce n’était pas la première fois du reste qu’elle aurait la peau d’un dirigeant gênant pour elle. L’Agence avait déjà tant pratiqué l’assassinat sous sa direction. Une cellule secrète sous l’autorité d’Angleton existait, qui se chargeait des assassinats. « Lorsqu'il s'agissait d'entreprendre des missions secrètes, nous dit David Talbot, Allen Dulles était un acteur audacieux et décisif. Mais il n’agissait qu’après avoir estimé qu’un consensus s’était dégagé au sein de son réseau d’influence. L’un des principaux cénacles où ce consensus a pris forme a été le CFR. Les frères Dulles et leur cercle de Wall Street dominaient ce bastion privé de l’élaboration des politiques publiques depuis les années 1920. »

Dulles osa affirmer non sans un certain aplomb que ni les employés de la CIA ni ceux du FBI n’étaient tenus de dire la vérité devant la Commission Warren. Un comble et un aveu ! Etant juge et partie, ce n’était pas lui qui aurait mentionné que Lee Harvey Oswald, connu de la CIA pour être un des leurs, était suivi par plusieurs agents de la maison, dont un directement lié à Dulles. Au début des années soixante, après la mort de son frère Forster en 1959, Allen se retrouva seul avec ses griefs contre Kennedy, griefs qu’il partageait avec les grands pontes de l’industrie, de l’armée et de la finance. JFK avait trop contrarié les magnats de l’acier ou les huiles du Pentagone. Son rapprochement avec les régimes communistes et sa volonté de se désengager de la guerre du Vietnam avaient fait de lui leur ennemi juré. Ainsi des abîmes d’incompréhension s’étaient creusés entre les Rockefeller et Kennedy. La politique étrangère comme la politique intérieure du Président s’avérait au fil des mois une menace existentielle pour eux. Et l’on sait quel parti prit Allen Dulles. Très proche des Rockefeller, qui ne lui refusaient rien, Dulles les tenait informés en temps réel des dessous de la situation internationale. La décision a donc très bien pu se prendre au niveau du CFR et le consensus, dont parle Talbot, n’a pas dû être long à trouver pour décider d’abattre le Président, avant que Dulles n’offre ses services en tant que meilleur connaisseur des mauvais coups et des opérations secrètes. Et puis, on ne peut pas dire que Dulles ait jamais eu beaucoup de considération pour les présidents qu’il était censé servir, encore moins pour JFK. Il n’avait que mépris pour leurs directives comme pour celles du Congrès d’ailleurs. Pour le jeu démocratique en général. Il se sentait très au-dessus et prenait le personnel politique de haut. Dans le cas de JFK, il devait ressentir, au-delà du mépris, une vive animosité. Du reste, il le disait lui-même, les hommes politiques ne voulaient rien savoir des opérations clandestines que la CIA mettait sur pied au nom du gouvernement, comme les éliminations de figures politiques notoires. Indiquant combien il lui semblait que Dulles avait le profil du commanditaire, Talbot écrit : « Dulles était le seul homme à la stature, aux relations et à la trempe suffisante pour réaliser quelque chose d’aussi énorme ». Sous-entendu, que l’assassinat de JFK. «  Tout ce que ses collègues de l’establishment avait à faire était de regarder ailleurs. » On ne peut pas être plus clair. Dulles était le mieux placé pour être la cheville ouvrière aussi bien que le représentant des Rockefeller et consorts.

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Les membres de la Commission Warren remettant leur rapport au Président Lyndon Johnson

Le Rapport Warren, aussi volumineux et creux fut-il, n’eut qu’une fonction, celle de faire croire à une véritable enquête, pour ne présenter qu’une version bien arrangeante à offrir aux médias à sa botte, en l’occurrence déjà le Washington Post et le New York Times. Comme plus tard pour le 11 septembre, les médias seront bien dociles en ne fouillant pas au-delà des apparences et du narratif imposé. «  La commission Warren était en fait, lâche Talbot, si méticuleusement infiltrée et guidée par les services de sécurité qu’il n’y avait aucune chance pour que ses membres mènent l’enquête avec indépendance. Dulles était au centre de cette subversion. Durant les dix mois d’investigation de la Commission, il agit en agent double, s’entretenant en secret régulièrement avec ses ex-associés de la CIA pour discuter des opérations internes du groupe. » De facto, avec la Commission Warren, on avait donné au meurtrier la responsabilité d’enquêter sur son propre crime. Son objectif fut tout simplement d’occulter les faits gênants et les vraies culpabilités. Commission Warren, Commission du 11 septembre : même combat !

Dans son livre magistral, JFK et l’indicible, paru en 2008, James Douglass déplore le fait que selon lui, « nous ne connaîtrons jamais le nom des commanditaires de l’assassinat de JFK. Il ne fait guère de doute cependant, que l’exécution du projet fut confiée, pour l’essentiel à la CIA. Les empreintes de l’Agence parsèment la scène de crime… » Bien sûr il sera difficile de trouver dans les archives du CFR, par exemple, une preuve tangible des entretiens entourant la prise d’une décision aussi grave que celle d’assassiner un Président en exercice. Pourtant je ne suis pas aussi défaitiste que Douglass, car aujourd’hui un verrou a sauté. Le complexe militaro-industriel, si décrié par Eisenhower, perd en discrétion. S’il est malheureux que jusqu’à présent il n’ait rendu de comptes à quiconque, son intrusion dans les affaires du monde devient par trop voyante. L’époque est aux langues qui se délient, même soixante ans après, comme on va le voir.

Dès le 22 novembre 1963, jour de l’assassinat, des doutes n’avaient pas tardé à s’exprimer au plus haut niveau, que ce soit Truman ou De Gaulle. Beaucoup récusèrent l’idée d’un tueur solitaire et même la culpabilité d’Oswald en expliquant que la balle qui avait tué JFK venait de l’avant. Ainsi l’infirmier Dennis David qui eut l’occasion de voir trois jours après l’événement un film, dégoté par le chef du département audiovisuel et montrant le corps de Kennedy, assura qu’il y avait bien une plaie entrante au niveau du front. La large plaie à l’arrière du crâne ne pouvait quant à elle en aucun cas avoir été provoquée par un projectile entrant par l’arrière. Ce n’est qu’un exemple de témoignage allant dans ce sens. La Commission Warren le négligea volontairement. Et, comme souvent, le chef de Département fut retrouvé mort d’une balle de calibre 38, moins de trois ans plus tard. On fit passer ça pour un suicide. Un de plus. De toutes les façons, rappelle James Douglass, « sur les 22 personnes qui approchèrent le Président à l’hôpital, – pour la plupart médecins ou infirmiers, formés à l’observation médicale – 21 témoignèrent, dans leurs premières déclarations, que la large plaie se situait à l’arrière du crâne, preuve d’un impact mortel reçu à l’avant de la tête. »

De plus, dans la panique de la fusillade, un certain nombre de personnes se précipitèrent vers le sommet du monticule herbeux d’où leur semblait provenir les coups de feu, c’est-à-dire à l’avant de la limousine. La Commission se garda bien de convoquer tous ces témoins et encore moins d’investiguer en prenant en compte leurs dépositions. Souvent la police de Dallas et le FBI avaient fait le tri pour elle, dans le sens souhaité.

Même le Service Secret, la garde rapprochée du Président, a été incriminée pour sa négligence coupable, voire pour son implication. « Le Secret Service a donc, délibérément, créé les conditions idéales pour une embuscade, et donné aux assassins le maximum de chances de ne pas manquer leur cible. » Voilà ce que n’hésite pas à écrire Douglass.

Ainsi donc, un nouveau témoignage, celui de Paul Landis, est venu perturber la bonne conscience des adeptes de la thèse officielle. Mais laissons la parole à Robert Kennedy Jr : « La théorie de la balle magique est désormais morte. Cette construction absurde a servi de pilier à la théorie selon laquelle un seul tireur a assassiné le Président Kennedy depuis que la Commission Warren l’a avancé, il y a 60 ans, sous la direction de l’ancien directeur de la CIA Allen Dulles, que mon oncle a congédié. Les récentes révélations de Paul Landis, le protecteur du Secret Service de JFK, ont incité même le New York Times – l’un des derniers défenseurs solitaires du rapport Warren – à reconnaître enfin l’absurdité de cette théorie. » En conséquence, la première des choses est de constater la duplicité de ceux qui ont traité les honnêtes chercheurs de théoriciens du complot. Ces gens-là se sont mis au service des plus grands assassins et conspirateurs qu’il ait été donné de rencontrer dans toute l’histoire de l’humanité.

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Paul Landis

En effet, dans une interview donnée au New York Times, Landis cet ex-agent du Secret Service, âgé de 28 ans à l’époque, a rompu le silence 60 ans plus tard. Escortant la décapotable présidentielle le jour de l’attentat, il a déclaré avoir récupéré une balle dans la Lincoln de Kennedy, derrière l’endroit où celui-ci se tenait assis. Il l’a ramassée et l’a placée sur la civière du Président afin que les enquêteurs en disposent au moment de l’autopsie. Mais elle s’est retrouvée sur le brancard du gouverneur du Texas Connally. C’était la cartouche qui allait devenir célèbre sous le qualificatif de balle magique. Cette balle, à en croire Specter et le rapport Warren, aurait atteint les deux victimes, traversant d’abord la gorge de JFK par l’arrière puis en blessant Connally à l’épaule droite, à la poitrine, à la cuisse et enfin au poignet. Quelle trajectoire ! Elle défie toutes les lois de la Physique et celles des probabilités. Avec le témoignage de Landis, finie la théorie folle de la balle magique. Elle a du plomb dans l’aile. Les déclarations de Landis ruinent à tout jamais cette version. Après ça, qui sont les vrais théoriciens de la conspiration ?

Un an après que la Commission a rendu son rapport, Dulles accepta une invitation de l’Université de Los Angeles pour une conférence. Ce qu’il ignorait, c’est qu’il y aurait dans la salle un étudiant répondant au nom de David Lifton, très au fait du dossier et convaincu que la balle fatale avait atteint JFK de l’avant. La confrontation déstabilisa Dulles comme il ne l’avait jamais été. Il faut dire qu’il n’avait pas l’habitude d’être contesté. Il s’agita, nia mais, confronté aux clichés brandis par Lifton, des photos extraites du film tourné par Abraham Zapruder, il demeura coi. Il existait bien un autre et véritable tueur qui avait tiré depuis l’avant de la limousine. Sur les 121 témoins présents sur Dealey Plaza, des douzaines rapportèrent avoir entendu tirer depuis la butte herbeuse. Ils avaient vu et même senti l’odeur de la poudre. On peut imaginer un instant ce qu’aurait donné une enquête digne de ce nom, au cours de laquelle Dulles aurait été pressé de questions et confronté à ses mensonges. Quelles vérités seraient finalement sorties de sa bouche ? Acculé par la somme de preuves, quels aveux aurait-il pu faire ?

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Il y a quelques mois, un autre élément du dossier ressortait dans le New York Post. A l’occasion d’un procès en cours, on reparlait du fait que les autorités fédérales avaient entre leurs mains un autre film amateur. Ce film, elles l’avaient subtilisé et se gardaient bien de le divulguer au grand public. Il prouvait l’existence d’un second tueur. Ce film avait pu néanmoins être visionné en 1978 par le House Select Committee on Assassinations qui en était venu à la conclusion qu’un second tireur était bien posté sur la butte herbeuse et avait tiré la balle fatale. Donc, qu’il y avait bien eu complot pour éliminer Kennedy. Contrairement à la Commission Warren, le HSCA avait couru après la vérité et était en voie de la décrocher.

James Douglass pense que « l’assassinat de JFK fait partie de ces événements qui nous permettent d’entrevoir l’étendue de ce pouvoir [de l’ombre]. La liberté d’action et la totale impunité dont ont bénéficié les tueurs en constituent la preuve éclatante ». Les tueurs mais aussi leurs commanditaires, entre autres Allen Dulles et les Rockefeller, les mieux placés au Box Office des grands mafieux, sans lesquels rien n’aurait pu se faire. Et si le secret a été gardé jusque là, c’est bien que ce sont les mêmes tireurs de ficelles, les successeurs des Dulles et des Rockefeller, qui manipulent encore et toujours notre monde. L’air de rien, Talbot apporte son éclairage sur cette lignée de tireurs de ficelles, reliant ainsi les deux événements majeurs dont il a été question. Au détour d’une phrase, il écrit : « Bien que les deux hommes ne se soient jamais rencontrés, Dulles a aussi servi de modèle à Dick Cheney, le régent de Bush, dans sa conception absolutiste du pouvoir. »¾

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