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A quoi reconnaît-on le totalitarisme ?

Le 25/07/2022

Dans Actualités

Quand on se penche sur les agissements du totalitarisme, immanquablement on convoque l’Histoire. Et les deux exemplaires du genre se trouvent avoir pris leur essor au XXème siècle : le nazisme et le communisme. Leur étude a fourni bien des enseignements sur le fléau totalitaire. Mais les hommes en ont-ils tiré toutes les leçons ? Probablement pas.

Les défenseurs des libertés n’ont eu de cesse d’alerter les populations qu’une nouvelle calamité totalitaire était en train de s’abattre sur nous. Le plus souvent en vain. Ils s’entendaient répondre par leurs interlocuteurs : où voyez-vous du totalitarisme ? Allez en Corée du Nord, là vous verrez à quoi ressemble un totalitarisme. Ces sceptiques finissaient par passer leur chemin en haussant les épaules, non sans les avoir suspectés de complotisme. Ce fut le sort de bon nombre d’entre nous.

La question de la reconnaissance du totalitarisme s’est posée à nouveau dans un entretien qui a eu lieu entre trois grandes voix de la dissidence, Etienne Chouard, Slobodan Despot et Ariane Bilheran. Ce fut en quelque sorte le Yalta de la pensée antitotalitaire. Qu’en est-il ressorti ? A la question Quels sont les marqueurs du totalitarisme, à quels symptômes s’aperçoit-on que l’on bascule dans un régime totalitaire ?, les trois penseurs ont apporté des réponses que je me dois de consigner ici.

Tout d’abord, si le totalitarisme arborait un insigne spécifique, il serait reconnaissable. Ce serait bien trop facile, on s’en doute. Si tous les gouvernants affichaient ostensiblement une appartenance non équivoque au nouvel ordre mondial, comme cette rosette arc-en-ciel, même le plus obtus y verrait une preuve patente du complot qui se trame. Evidemment, en ce cas, nous n’en serions pas là. Encore que…

Rosette arc en ciel

La rosette arc-en-ciel du Nouvel Ordre Mondial

Bien qu’il ne se voie pas aussi clairement, l’écrivain d’origine serbe Slobodan Despot a relevé un marqueur on ne peut plus manifeste, l’entrave à la liberté de déplacement. Tous les systèmes totalitaires, dit-il, introduisent des passeports intérieurs et veulent savoir où l’on va. Pour ne prendre comme exemple que l’ex Union soviétique, les difficultés à se déplacer sur son territoire pour n’importe quel habitant, la surveillance des moindres mouvements participaient du contrôle par le pouvoir de la vie physique des citoyens. Pour moi, ce n’est pas de l’Histoire mais bien une réalité que j’ai vécue à Odessa, du temps de Brejnev. Une chape de plomb avait recouvert l’URSS depuis soixante ans. On pensait que le pays ne s’en sortirait jamais. En tous cas, pas avant plusieurs générations. Echappé du groupe supervisé par des accompagnateurs, en d’autres termes des mouchards, bredouillant des bribes de russe, je m’aventurai près du fameux escalier que le film Le Cuirassé Potemkine immortalisa. Le landau en dévalant ses marches reste dans les mémoires. Me promenant sur place, je réalisai un rêve de cinéphile. De manière machinale, j’engageai la conversation avec un habitué des lieux qui me raconta qu’il était l’objet d’une surveillance constante des autorités locales. Deux indicateurs de police, non loin de là, feignaient de ne pas nous remarquer. De parler à des oreilles compatissantes lui remonta le moral, ainsi que de voir que l’on prenait au sérieux son calvaire de réfractaire. Cela me fit bénir, en mon for intérieur, le régime démocratique.

Précisément, ne retrouve-t-on pas ce marqueur-là dans la dictature à visage sanitaire qui a démarré avec le covid ? N’avons-nous pas, en effet, été entravés dans nos allées et venues ? N’avons-nous pas été assignés à résidence, n’avons-nous pas dû nous écrire des autorisations de sortie, être nos propres geôliers, n’avons-nous pas été limités dans nos déplacements à un kilomètre, puis à 100 ? N’avons-nous pas eu à présenter des ausweis au restaurant, à l’hôpital, à l’entrée de la maison de retraite et de la bibliothèque ? Des passeports intérieurs nous ont bien été imposés, et d’autant plus que nous étions récalcitrants.

Le covidiste, qui ne se remet jamais en question, qui ignore les preuves rationnelles qu’on lui soumet et qui obtempère à l’injonction de l’autorité avec des réflexes pavloviens, car au fond le totalitarisme dans son expression actuelle sinon lui convient du moins sert ses intérêts, a tout intérêt à prolonger les mensonges. Il répondra à l’argument de l’entrave au déplacement par un : et ce n’est que cela votre enfer totalitaire ? Il en minimisera les conséquences.

Ce à quoi Slobodan Despot, dont le caractère a été forgé par le totalitarisme soviétique, répondrait : si vous voulez un autre marqueur, on pourrait citer les entraves à la culture. Avec ce marqueur, il est tout simplement question de restreindre la liberté de se cultiver et celle de penser. En 2017, nous rappelle Despot, le gouvernement français avait bien tenté de faire passer une loi imposant une taxe aux bibliothèques. On a voulu taxé la lecture de livres. Par bonheur, une levée de boucliers eut lieu qui a fait échouer le projet. Lorsque l’Etat, ajoute-t-il, se met à légiférer, à taxer surtout, parce que taxer ce n’est pas seulement vous prendre de l’argent, c’est aussi contrôler ce qui est fait […] ce que vous avez lu, une telle immixtion de l’Etat […] dans la vie quotidienne des gens, j’appelle cela une dérive totalitaire d’un Etat.

Pour notre covidiste de base, si l’état devait aller jusqu’à exécuter des autodafés, il détournerait le regard comme il l’a fait pour les effets secondaires des injections, les suspensions des soignants, les atteintes multiples au bon déroulement de la vie parlementaire, les mesures euthanasiques par le rivotril dans les maisons de retraite, etc. La liste est longue d’horreurs que le covidiste de la rue est prêt à passer sous silence. Toute sa bonne conscience, il l’a mise dans le port systématique de son masque et dans sa prétendue vaccination. Elle fait office pour lui de laisser passer et d’orthodoxie de la pensée. En outre, quant la vie est soi-disant en jeu, la culture et le savoir, déjà fortement démonétisés, ne pèsent pas lourd devant le chantage à la santé. Mais surveiller les lectures des individus est indiscutablement un marqueur du totalitarisme. Chez les communistes on vidait les bibliothèques des ouvrages sulfureux et chez les nazis on faisait de grands feux de joie avec les livres interdits. Le papier étant passé de mode, chez les covidistes on bannit des réseaux sociaux les auteurs qui ne sont pas en odeur de sainteté. S’il fallait à notre covidiste une piqûre de rappel, qu’il aille revoir le film de François Truffaut, Fahrenheit 451, à défaut de lire l’ouvrage de Ray Bradbury qui l’a inspiré. Tout l’objet du film réside dans le sort réservé au savoir émancipateur en période totalitaire.

Fahrenheit 451

Fahrenheit 451 de François Truffaut, une scène de destruction d'ouvrages interdits

L’Etat français est le champion de l’hyperintrusion de l’Etat dans la sphère privée, s’indigne à raison Slobodan Despot. Il le fait depuis longtemps avec ses taxes. Comme le dit Despot, elles n’ont pas seulement pour but de faire rentrer de l’argent dans les caisses. Leur principal objectif est de pister les citoyens et leurs activités. De s’introduire dans la vie privée de tout un chacun et de la régir. De contrôler nos moindres faits et gestes jusque dans l’intimité, les GAFAM leur facilitant la tâche. Depuis des années, l’état socialiste nous a habitués à des taxes de toutes sortes dans cette intention ultime et inavouée.

Un troisième marqueur est la suspension de la liberté de disposer de son corps, le non-respect de notre intégrité. Ariane Bilheran, interrogée au sujet de ces marqueurs, n’a pas hésité une seconde pour désigner celui-là. En effet, si la liberté de disposer de son corps semble un droit inaliénable quand il s’agit des femmes et de l’avortement, elle se trouve contestée avec une mauvaise foi consommée par les covidistes, dès lors qu’il s’agit des non-vaccinés et de leur refus de la pseudo-vaccination. La contradiction ne les frappe pas apparemment, ni leur incohérence. Rien ne les frappe d’ailleurs. Puisque ce sont eux qui frappent.

Soignants, pompiers, et tant d’autres se sont vus priver de toute ressource pour avoir exercé leur droit légitime et reconnu par la loi de disposer de leur corps comme ils l’entendaient en ne se faisant pas injecter. Même les plus élémentaires, dont les indemnités chômage, leur ont été refusées. Tout avait été calculé pour en faire des citoyens de seconde zone. Ils sont devenus les untermenschen du nouveau totalitarisme covidien. Des sous-hommes dans la société totalitaire post 2021. Leurs droits ont été bafoués par le système. A commencer par la montagne de lois interdisant les mesures vexatoires à leur encontre que le pouvoir a allègrement violées. Et puis n’avaient-ils pas cotisé pour avoir droit au moins à quelque subside, des indemnités de suspension ? Même les syndicats d’habitude les plus intransigeants ont applaudi à ce saccage social et à l’ignominie de sanctionner des travailleurs qui n’eurent de tort que celui de rejeter des produits potentiellement mortels et qui avaient le droit avec eux. Certains signent même leur forfait comme la CGT. Voyez le rapport qu’en dresse Franceinfo, et mesurez la trahison suprême d’une organisation qui s’est toujours positionnée très à gauche et qui bafoue ses propres valeurs. L’attitude de ses dirigeants comme de l’ensemble de ses membres me révulse. Ils sont tous passibles de haute trahison envers le peuple. Ils écrivent, le savent-ils en effet, l’histoire la plus sombre de la gauche, une histoire qui restera dans les annales marquée sous le sceau de l’infamie.

Franceinfo cgt

En fait, on n’a [tout simplement] pas le droit d’être différent dans un régime totalitaire, résume Etienne Chouard. Ne pas pouvoir marquer sa différence est encore un marqueur du totalitarisme.

Si l’on avait interrogé votre serviteur, en toute humilité j’aurais répondu qu’un totalitarisme se reconnait à trois attributs qui doivent cimenter l’édifice. Il s’agit de l’idéologie, de la force et du nombre. Cela ne présume en rien des mécanismes dont Ariane Bilheran a parlé dans d’autres interventions. L’idéologie fut raciste chez les nazis, marxiste-léniniste chez les communistes soviétiques, covidiste chez les mondialistes. La force fut paramilitaire dans le cadre du nazisme, un  embrigadement à tous les niveaux pour les communistes, et l’infiltration de toutes les forces de décision et de pouvoir, dont le quatrième, les médias, en ce qui concerne le mondialisme. Le nombre enfin est la masse qui est prête à se soulever pour faire vivre le delirium tremens politique.

Le monde colllabo

Quand Le Monde se vautre dans la collaboration...

Le phénomène de masse fut visible sous l’ère nazie avec ces foules suspendues  aux beuglements du Führer. Il fut démonstratif dans le cas des jeunesses communistes, les komsomols. Pour le mondialisme, et c’est son problème, ses troupes restent nombreuses mais tapies dans l’ombre, ne voulant pas s’exposer dans leur soutien au régime liberticide. De pareilles troupes aussi veules pourraient bien fondre comme neige au soleil, au premier coup de Trafalgar. Qui se réclamait encore du pétainisme, lorsque le débarquement eut lieu en juin 44 ? Les foules pétainistes avaient disparu comme par enchantement. C’est ce que risque de connaître le mondialisme. Alors, sans l’un de ces trois piliers, ce qu’il a échafaudé pourrait s’écrouler, à l’instar des Georgia Guidestones. Le nazisme a été vaincu par la force, le communisme soviétique par l’idéologie. Quant au mondialisme, reste à savoir lequel de ses piliers cèdera en premier. ¾

Covid Résistance Totalitarisme Slobodan Despot

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