Cette allégation pourrait surprendre, car nous avons tous en tête, en tout cas ceux qui l’ont vécu, l’épisode dévastateur du Watergate et la déconfiture qui s’ensuivit du président Nixon. Sous le poids des accusations, aux abois, il fut contraint de démissionner, laissant l’image d’un président aux pratiques plus que condamnables. Mais écoutons la suite.
Pourtant d’une manière ou d’une autre, l’affirme Carlson, sans que l’électeur américain ait voté, Richard Nixon a été chassé du pouvoir et remplacé par le seul président non élu de l’histoire américaine. Nous sommes donc passés du président le plus populaire à un président pour lequel personne n’a voté. Attendez une minute, vous pouvez me demander, mais pourquoi je ne le savais pas ? Richard Nixon n’était-il pas un criminel ? N’était-il pas méprisé par toutes les personnes honnêtes ? Non, il ne l’était pas. Si un président pouvait prétendre être le choix du peuple, c’était Richard Nixon. Richard Nixon a été réélu en 1972 avec la plus grande marge de votes populaires jamais enregistrés auparavant ni depuis. Nixon a obtenu 17 millions de voix de plus que son rival, [le démocrate McGovern]. Moins de deux ans plus tard, il était parti. Il a été forcé de démissionner. Et, à sa place, un serviteur obéissant des agences fédérales [CIA et FBI], appelé Gerald Ford, a pris la Maison Blanche. Comment cela est-il arrivé ?
Oui, comment ? Mais avant, il faut nous rafraîchir la mémoire en rappelant les événements tels que l’histoire les as retenus ? L’affaire débute en juin 1972. Nixon est déjà au pouvoir. Il mène campagne pour se faire réélire en novembre. Dans la nuit du 16 au 17 juin, cinq monte-en-l’air pénètrent par effraction à l’intérieur des locaux du Parti démocrate, situés au sixième étage du bâtiment du Watergate, à Washington. La police métropolitaine prévenue par la sécurité les coffre. Le lendemain de leur arrestation, un jeune journaliste du Washington Post, Bob Woodward, s’empare de l’affaire. Il est rejoint par son collègue Carl Bernstein. Les deux hommes flairent le coup et se mettent à enquêter d’arrache-pied. Leur premier article rapporte que les faux « plombiers », comme on les appellera, s’apprêtaient à placer des micros au plafond. Il note surtout que l’un des cambrioleurs, un certain McCord, est un ancien de la CIA et qu’il occupe au Comité pour la réélection du Président le poste de coordinateur pour la sécurité. En revanche, en dehors du deuxième prévenu Bernard Parker qui a travaillé par intermittence pour l’Agence, il ne précise pas que les trois autres appartiennent aussi à la CIA. Ces individus sont en liaison avec le milieu des exilés cubains de Miami, hostiles à Castro, souligne uniquement l’article. De plus, les inculpés étaient en relation avec un certain Howard Hunt du Comité pour la réélection du Président et avec Charles Colson, le conseiller juridique de la Maison Blanche. Guidé par un indic qu’il surnomme Deep Throat, Gorge profonde, que seul Woodward rencontrera, et, suivant la piste de l’argent, le binôme découvrira le pot aux roses, à savoir les manipulations et les malversations de l’administration Nixon, dont le financement d’opérations d’espionnage politique. Les articles, qui suivront, provoqueront l’ouverture d’une enquête sénatoriale qui aboutira à la condamnation des responsables, parmi lesquels Colson, Stans, le directeur financier du Comité de réélection, Mitchell, le chef de ce Comité et Haldeman, le chef de Cabinet de la Maison Blanche, ainsi qu’à la démission de Nixon, en août 1974.