Toutes les personnes éveillées se sont retrouvées un jour à tenter d’expliquer au premier venu que nous n’étions plus en démocratie mais en dictature, une dictature qui avait certes les apparences de la démocratie mais les apparences seulement, et qui plus est, une dictature qui virait au totalitarisme. Et le contradicteur outré de répondre : Allez en Corée du Nord pour savoir ce qu’est une vraie dictature ! Ici, nous avons voté en majorité pour Macron, et c’est ça la démocratie. Et nous nous devons de respecter le verdict du scrutin.
Or c’est là qu’est l’erreur fatale. Nous ne votons pas, nous n’avons jamais voté. Nous élisons. Nuance. Et encore pas toujours ceux que nous voudrions voir au pouvoir, en atteste un abstentionnisme exponentiel. Celui qui l’exprime le mieux là-dessus est Etienne Chouard. « Nous ne sommes ni des citoyens, ni en démocratie, explique-t-il, nous ne votons jamais […] on accepte de parler de voter alors qu’il ne s’agit que d’élire, qu’on ne nous propose que d’élire. Là aussi on n’arrive pas à penser que ce qu’il faudrait c’est que nous votions […] nous ne votons jamais. Voter, c’est décider. Elire, c’est précisément renoncer à voter. Quand j’élis, je désigne quelqu’un qui va voter à ma place. Jamais ni vous ni moi n’avons voté une loi. Un électeur […] subit la norme écrite par quelqu’un d’autre. Il ne décide pas des normes auxquelles il consent à obéir, alors qu’un citoyen, lui, […] il coproduit les normes auxquelles il consent à obéir. Donc, un électeur est un enfant politique, quelqu’un qui n’a pas voix au chapitre, alors qu’un citoyen est un adulte politique. »
Le problème à l’origine est que tout le processus d’élection est frelaté. Au moins on pourrait élire des représentants vertueux, des représentants qui représentent leurs électeurs, qui incarnent leurs idées. En réalité, on élit des acteurs politiques, triés sur le volet par le système, et qui lui sont entièrement acquis. Ecoutez en ce sens les récriminations d’Asselineau qui constate que le système n’a pas voulu de lui et l’a évincé de la course présidentielle en 2022 par son processus de sélection, le fameux parrainage de candidature. Cet homme avait lâché trop de vérités les années précédentes pour le laisser concourir.
Je me souviens de ce marronnier des médias, les 50 personnalités préférées des français. Même là il fallait que le système ne retienne que des figures serviles. Personnellement, j’aurais aimé choisir une figure iconoclaste, qui rue dans les brancards, mais le système se gardait bien de nous laisser le choix. Il imposait un panel parmi lequel extraire un nom. Eh bien le vote pour un député ou un président, cela revient au même, on a choisi pour vous des candidats, d’un bout à l’autre de l’échiquier politique, qui tous obtempèreront aux véritables maîtres du monde. Voyez combien même Poutou, le trotskiste, a rampé durant le covid. Pas un mot de sa part contre Macron ou Véran. Un vrai petit toutou, le Poutou.
Comme l’indique l’illustration ci-dessous, quoique vous votiez, ils ont déjà choisi pour vous. Dans le cas où vous vous y opposeriez par votre vote, ils l’annuleront. Le plus bel exemple, le dernier vote en date, a eu lieu en 2005. Entre temps il n’y a eu que des élections. Bien qu’une majorité ait choisi le non à l’Europe, on aura eu quand même l’Europe et en prime sa bureaucratie totalitaire. D’ailleurs, ils ont retenu la leçon. Ils ont mis à la poubelle nos votes et toute idée de référendum à l’avenir.