Au début du covid, j’y ai déjà fait allusion, le discours scientifique imposé dans les médias m’a sidéré. Cependant, ne m’en laissant pas conter, j’ai recherché des explications rationnelles à ce narratif délirant et oppressif. Une conclusion ne se fit pas attendre. La seule explication plausible était que nos gouvernants nous voulaient du mal. La malveillance des autorités était la réponse. Lorsqu’à partir d’un postulat, même s’il heurte nos a priori, on peut expliquer de long en large les faits et gestes des dirigeants, alors il faut bien se rendre à l’évidence et constater que nos postulats antérieurs étaient erronés puisqu’ils ne permettaient pas une lecture claire des événements. Dans notre cas, en 2020, il fallait bien admettre que nos dirigeants étaient des individus foncièrement malveillants, animés des pires intentions à notre égard. C’est à ce prix que le tableau de la situation apparaissait dans sa vérité crue.
Je pus convaincre certaines personnes non sans y laisser quelques plumes. Mais je m’aperçus, à cette occasion, que l’idée que nous étions en démocratie et que les hommes de pouvoir était, comme vous et moi, honnêtes et mus par des sentiments humanistes, cette idée était ancrée en nous si profondément que personne n’osait volontiers la remettre en question. Avec le temps, toutefois, et les manifestations contre le passe de la honte, nous avons pu nous compter et nous apercevoir que nous étions légion.
Revers de la médaille, nous avons pu aussi constater, au cours de nos déambulations à travers les rues des villes, que certains n’étaient pas sur la même longueur d’onde. Ils défendaient la position officielle avec la foi du charbonnier et une certaine véhémence. Nous avons vu aussi combien les mesures discriminatoires ont été faciles à instaurer à l’hôpital, à la médiathèque, au restaurant, que sais-je encore. Pour cela, il a fallu la pleine collaboration de la masse, son adhésion tacite, voire enthousiaste. Les gens qui pourtant avaient été éduqués jusqu’ici sur des principes démocratiques, humanistes, altruistes et généreux se mettaient d’un coup à les piétiner, à souhaiter même la mort de leurs prochains non-vaccinés.
J’ai voulu supposer que cette masse était sous hypnose, puis sous la peur, puis conformiste… Je lui ai cherché toutes les excuses. J’ai fait la même erreur que d’autres à propos de nos dirigeants. J’ai présupposé que sa nature était bonne et saine par essence. Je n’ai pas voulu imaginer qu’il en allait autrement, tout comme d’autres, avant moi, ne voulaient pas croire que le pouvoir ourdissait des projets meurtriers. Eh bien, de mon côté, je me leurrais à vouloir disculper cette population de toute mauvaise arrière-pensée. Elle avait basculé, ne m’en déplaise, dans une psychose contagieuse. Sa santé mentale n’avait pas résisté. Le recours au terme de contagion, on le doit à Ariane Bilheran, qui l’introduisit bien avant le covid. Le mal qui a atteint cette population fonctionne en effet sur le mode de la contamination. Hannah Arendt l’a appelé le virus du totalitarisme. Ironie de l’histoire, le véritable virus ne fut pas le covid19 mais le virus de la folie totalitaire qui s’est déversée sur les peuples par l’intermédiaire des gouvernants et des médias qui ont fait croire à un virus biologique dangereux. Les tyrans savent ce qu’ils font et ce qu’ils disent.
La participation de la masse au totalitarisme est une condition sine qua non de son instauration. En totalitarisme, le tyran a besoin de déléguer pour que la machine totalitaire tourne. Il a besoin que des millions de petits tyrans participent, chacun avec ses compétences, chacun à son poste. Il s’ensuit que beaucoup d’entre eux acquièrent de l’importance à leurs propres yeux en devenant un rouage de la machine. Certes, ils auront les mains sales d’avoir trempé dans un crime sans nom, mais cela compte-t-il pour eux ? Le régime est si amoral que leur propre perte de moralité leur semble dérisoire. Et comme le régime n’est pas critiquable, faites le compte. En dernier ressort, si un jour on leur demandait les raisons de leur comportement, ils diraient qu’ils n’ont fait qu’obéir. On a vu ainsi des individus promus vigiles du jour au lendemain à l’entrée des hôpitaux, de petites mains bombardées contrôleuses à l’entrée des médiathèques, des restaurateurs devenus flics, des grand-mères tirées de leur retraite pour apporter leur concours au flicage de gens qui n’avaient rien à se reprocher. Les têtes chenues ne seraient certainement pas allées contrôler dans une banlieue chaude. Mais, dans un lieu civilisé, où elles incarnent la loi, elles pouvaient brimer des innocents, et en retirer une certaine satisfaction.
Tous ont participé sans même un examen de conscience. Ils ne voyaient pas ou ne voulaient pas voir le sens de leur engagement. Après tout, vérifier un passe ou un permis de conduire, cela ne revient-il pas au même, comme je me le suis laissé dire ? Mais enfin qui autorisait mon interlocuteur à s’enquérir d’une information, que seul un médecin devrait être autorisé à savoir, à l’entrée d’une animation que nous organisions ? Ce qui m’a marqué c’est l’absence de tout conflit intérieur chez ces fayots du totalitarisme. Le prétendu bien public, au nom duquel on leur a fait croire qu’ils agissaient, leur permettait de transgresser les principes moraux les plus élémentaires de notre démocratie sans éprouver la moindre honte, au contraire avec la virulence du coupable qui se défend de l’être.
Que la psychose ait contaminé le collectif est un fait, mais sa santé mentale n’est pas tout. Force est de reconnaitre que beaucoup ont pu donner libre cours à leurs instincts les plus bas. Des instincts endémiques en temps normal. Beaucoup en ont profité pour lâcher la bride à leur désir de devenir de petits chefs, de petits kapos, de minables dictateurs à l’échelle d’un quartier, d’une entreprise, d’une manifestation. Peu ont cru sincèrement à la logique de l’idéologie. Se sont-ils seulement posé la question de son incohérence ? Non, ils ont obéi avec joie et ont honni ceux qui se sont rebellés. C’était ainsi et pas autrement, et nous, nous étions coupables à leurs yeux de mettre en doute les injonctions de l’autorité.
C’est bien l’adhésion de ces nombreuses personnes qui a rendu possible le basculement dans le totalitarisme que nous vivons depuis 2020. Evidemment cela a traversé les familles, les couples, les amitiés… Rappelez-vous la nouvelle de Kressmann Taylor, Inconnu à cette adresse, et l’amitié qu’elle relate et qui ne résista pas au nazisme.
Ceux qui ont activement participé à la mise en place du totalitarisme sont responsables de leurs actes. Ils devront, à minima, effectuer leur examen de conscience ou ne jamais retrouver leur place, à l’avenir, dans une société saine et démocratique. Leur passé les disqualifiera à tout jamais. ¾