Mais Sylvie Charles va découvrir une seconde structure encore moins connue. Ce sont des policiers, dont elle s’est rapprochée à la suite de la mort de son père qui l’aideront dans ses efforts de pénétrer les arcanes de la grande maison. La structure est le CNAPS, le Conseil National des Activités Privées de Sécurité. Un bel amalgame entre privé et public. Présenté faussement comme une entreprise de consulting par Alain Bauer, un franc-maçon aussi médiatique et machiavélique que peut l’être Attali, le CNAPS a été mis en place à la même époque qu’Eurogendfor, en 2010, et va vite prendre de l’ampleur. En 2018, on découvre par un rapport de la Cour des Comptes que des agents du CNAPS interviennent au sein de la police. Ils ont ainsi accès à tous les fichiers. Le ministère de l’Intérieur tombe carrément sous la domination de cette entreprise de sécurité privée, raconte Sylvie Charles. Mélange des genres, le CNAPS agit aussi en concertation avec la Cour de Cassation. Que vient faire le ministère de la Justice dans la sécurité du territoire ? On se le demande. Et comment une administration publique pourrait-elle gérer une entreprise privée ?
Ses agents ont par ailleurs un code de sécurité intérieur privé qui vient se substituer au code de sécurité public. Ils sont armés contrairement à ce qui était annoncé à sa création et reçoivent des missions identiques à celles de la police et de la gendarmerie. Ils prêtent même serment devant un tribunal. On trouve parmi eux des personnes qui ont un casier judiciaire, contrairement à ce qu’on exige des policiers et des gendarmes. Quant à leur serment, il fait totalement abstraction de la protection civile. Pour information, voici le serment que doit prononcer un agent du CNAPS : « Je jure et promets de bien et loyalement remplir mes fonctions et observer les devoirs qu’elles m’imposent. Je jure également de ne rien révéler ou utiliser de ce qui sera porté à ma connaissance à l’occasion de l’exercice de mes fonctions. » Outre un style ampoulé, aucune mention n’est faite de dévouement au bien public comme le comporte le serment d’un policier. On ne sait d’ailleurs pas à qui ces agents prêtent serment. Il est clair en revanche que la défense des citoyens n’entre pas dans le cadre de leurs missions.
Les modifications de nos institutions pour en arriver à cette situation remontent à l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand et à celle de son ombre damnée, Jacques Attali. Tout un réseau, à travers l’appareil du parti socialiste, s’est constitué qui est à la manœuvre. Dans le domaine de la santé, la bande de Marisol Touraine, tous socialistes, de Véran à Salomon, l’illustre parfaitement, qui s’est retrouvée aux commandes, au déclenchement du covid. En matière de sécurité civile, le si rebutant Préfet Lallement, un socialiste tendance chevènementiste, en est un autre exemple.
L’imbrication tortueuse de ses divers financements, le cloisonnement des décisions lors de sa création, le noyautage des donneurs d’ordre au plus haut niveau ont permis à cette police parallèle de voir le jour, police privée, s’il en est, à la solde de l’élite et qui n’a comme objectif que son service et non celui du peuple. Le flou juridique qui l’accompagne n’a été rendu possible que par la complicité de la Place Vendôme. De même que l’élite décide des plaintes auxquelles elle donne suite sur le plan judiciaire, elle se protège de troubles civils, pouvant compter le moment venu sur cet organe taillé à sa mesure pour faire barrage à toute insurrection, par le renseignement, par l’action préventive ou en dernier ressort par la force. Cette police pourra casser du manifestant, celui qu’on lui désignera comme tel, en toute impunité, en toute immunité, avec la violence dont elle sera capable sans le moindre scrupule. Loin d’un usage approprié de la force.
A l’opposé, une autre police, la nationale, se retrouve en crise non seulement à cause des problèmes de budget, des difficultés croissantes qu’elle rencontre sur le terrain mais aussi à cause de la réforme de la PJ qui a provoqué le renvoi de certaines fortes têtes, créant le malaise en son sein. La police nationale fait donc, après d’autres institutions, l’objet d’un affaiblissement qui la conduira à sa perte, tandis que se substituera à elle la police parallèle de l’Etat profond. Ce dernier déshabille Pierre pour habiller Paul et s’attacher une police à sa main. Pierre Jovanovic, dans l’un de ses ouvrages, rappelle le fait que la SA était devenue pour ainsi dire une milice parallèle, concurrente des services de Police de la République de Weimar. « Progressivement, dit-il, les SA d’Ernst Röhm […] remplaceront les unités de police du gouvernement de Weimar qui n’avait d’ailleurs plus les moyens de payer ses policiers. »
Mais tous les régimes dictatoriaux ont cru s’appuyer sur une telle police de régime, que ce soit l’Etat nazi avec la Gestapo ou l’Etat communiste avec la Stasi. L’Histoire a montré que ces polices, malgré leur efficacité, tôt ou tard, d’une façon ou d’une autre, sous le coup d’une force extérieure ou intérieure, ont très mal fini. Quand le peuple se met en mouvement, rien ne lui résiste, surtout pas une police qui focalisera la haine sur elle et sur ce qu’elle représente, un régime honni et sanguinaire.
Alors que l’Etat macronien rejette à l’extrême-droite toute velléité de milice de quartier suite à l’insécurité galopante dans le pays, soutenu en cela par une gauche bêlante et le plus souvent mondialiste, ce même Etat s’octroie le droit, dans le plus grand silence, de s’en constituer une qui soit dédiée à la protection de son élite. En attendant un soulèvement, il faut la dénoncer comme l’instrument qu’elle est, l’escadron de la mort en lequel elle ne manquera pas de se transformer, le bras armé du totalitarisme contre la population. Et comme les médias seront les derniers à le faire, les citoyens les mieux informés, comme Sylvie Charles envers laquelle nous sommes redevables pour les éléments qu’elle nous a apportés, doivent prendre les devants et instruire la population de ce qui se trame dans son dos.¾
Photo d'illustration : L'Eurogendfor