Nous avons affaire à des individus plus proches de soudards et de voyous que d’agents de police astreints à des règles de conduite. La provocation, l’intimidation, la menace, l’insulte, l’humiliation, le tabassage gratuit, notamment à terre, la fouille au corps de femmes par des flics aux mains baladeuses… tout respire l’ignoble dans ces comportements de soldatesque. A quoi il faut ajouter la surveillance algorithmique, les techniques illicites comme les nasses, les gazages intempestifs, les arrestations sur la voie publique sans motif recevable et l’absence de numéro de RIO sur l’uniforme. Bref, les infractions à la loi sont pléthore. Les images et les témoignages ont fait le tour du monde, soulevant une désapprobation unanime. Aurions-nous vu de telles images en provenance de Russie que personne n’aurait trouvé à redire si les médias avaient conspué le dictateur Poutine. Aussi l’étranger ne s’est-il pas gêné à traiter Macron de dictateur. Même le régime tant décrié des mollahs s’est fendu d’une condamnation cinglante. La chose serait presque comique, si des vies n’étaient pas en jeu ici comme là-bas. Le seul fait qu’un régime aussi tyrannique s’élève contre ce qui se passe en France est non seulement une gifle à Macron, mais un tocsin pour tous les partisans de la liberté et du respect du peuple.
L’interpellation de la frêle Salomé par la BRAV-M, qui porte si mal son nom, est édifiante. Elle fait le tour des réseaux sociaux. La jeune femme raconte. A sa camarade Noémie, une de ces brutes dit avec une jouissance malsaine : « Je vois la peur dans ton regard. J’aime ça. » Salomé raconte sa crainte de les voir charger à moto et se faire tabasser. Et c’est ce qui va arriver. Les coups pleuvent. Elle crie, elle pleure, elle panique. Elle fait mine de se rendre. Des passants, venus l’aider, sont écartés sans ménagement. Non content d’exercer une violence physique sans bornes, les voilà qui, après avoir rassemblé de nombreux interpelés, les alignent contre un mur et les laissent croire qu’ils seront déférés devant un tribunal en comparution immédiate. Les sévices mentaux après les coups physiques. L’anxiété après la violence. Le psychisme à l’épreuve après le corps. Un autre pandore se permet de la traumatiser par un : « Ta vie ne tient qu’à un fil. » Elle qui n’a rien à se reprocher. Quant à un jeune noir, il se voit la cible de plaisanteries racistes. Etonnant que leurs supérieurs toujours si prompts à traiter autrui de xénophobe tolèrent cela dans les rangs de leur milice, n’est-ce-pas ? Je vous passe la litanie des injures à caractère sexuel, pratique semble-t-il très répandue parmi ces handicapés du bulbe. La quasi-totalité des interpellations s’avèrera injustifiée et sans suite. Cependant ils auront fait passer le goût à tous ces jeunes et moins jeunes de battre le pavé les jours suivants. Mission accomplie pour le pouvoir qui ne rêve que d’étouffer la contestation dans l’œuf. Pense-t-il ensuite pouvoir redorer son blason ? J’en doute, vu qu’en France on a la mémoire longue sur ces flambées insurrectionnelles. C’est peut-être bien le seul exemple où le pays se retrouve à peu près uni et aime à en conserver le souvenir vivace.
Alors qu’est-ce qui expliquerait ce genre de conduite des forces de police ? D’abord elles tombent sous le coup de la loi. Dans un état dit démocratique, les coupables seraient sanctionnés illico et le ministre de l’intérieur déposerait sa démission séance tenante, ne pouvant cautionner de tels agissements. C’est d’ailleurs à l’acceptation de tels événements qu’on constate que la démocratie a fichu le camp. Sans vergogne, ces gens-là invoquent le droit à tout bout de champ et de manière inappropriée alors qu’ils le piétinent allègrement, eux et leur milice ivre d’agressivité. Rien donc ne justifie un pareil déferlement de coups. Seul l’expliquent la voie sans issue qu’a choisie le pouvoir et la peur qui semble le gagner, d’après des indiscrétions provenant de ses rangs.¾