La violence dans tout ce qu’elle a d’obscène

Le 28/03/2023

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Aujourd’hui, la violence d’Etat, parce qu’elle se déchaine dans les actes comme dans les paroles, a quelque chose d’obscène. De plus, lorsqu’elle transgresse ouvertement la loi comme c’est le cas, elle apparait pour ce qu’elle est, de la cruauté à l’état brut. Tous ceux qui pourraient encore chercher une justification à ces actes inhumains se rendent aussi coupables que les donneurs d’ordre. Ils forment l’ultime phalange d’un pouvoir à bout de souffle.

Avant que Macron ne parvienne à l’Elysée, une espèce de soft violence prévalait, qu’on mettait sur le compte de l’incapacité des puissants. Qu’il s’agisse de la violence des mots comme les sans-dents de Hollande, de la violence des décisions politiques comme l’annulation de facto du referendum de 2005 par Sarkozy ou de la violence du déni comme le mépris affiché contre la Manif pour tous... Six ans de Macron plus tard, nous sommes passés à la violence gratuite assumée. Ce fut la violence faite aux Gilets Jaunes. Une partie des français a cru alors que les débordements la justifiaient amplement et que l’Etat, qui avait après tout le monopole de la violence légitime, était dans son droit. Mais c’était sans compter avec des médias aveugles et sourds et des forces de l’ordre au bras leste. C’était faire fi d’un bilan humain inadmissible. Puis il y a eu la violence du mensonge institué, du mensonge comme moyen de gouvernance, du mensonge comme instrument de corruption, avec les contrevérités à répétition des Macron et autres Véran, qui déclenchèrent la violence faite aux soignants suspendus. Le plus dramatique est qu’elle s’est exercée dans le silence et avec l’accord tacite d’une partie de la population rendue complice de ces bourreaux. Enfin, et on le voit ces jours-ci, il y a la violence qui se déchaine contre les opposants à la réforme des retraites. Une violence qui a franchi les limites de la loi et qui n’a plus aucune légitimité face à l’écrasante majorité qui refuse cette réforme inique, adoptée au moyen d’un subterfuge, sans qu’aucun vote ne l’ait validée, ni du peuple ni de ses représentants. Et cela n’est-il pas une violence majeure faite à la démocratie et donc à soixante-sept millions de français ?

Ce passage à la hard violence a été prémédité. On a ici même alerté sur les commandes démesurées de matériels anti-émeute, des véhicules centaures aux LBD, ce malgré la dette. On aura remarqué que, pour se protéger, l’élite macronienne a su trouver les lignes budgétaires qu’elle n’a pas su dégager pour l’hôpital ou pour les retraites. L’Etat macronien a donc anticipé cette violence en toute connaissance de cause. Il savait devoir en arriver là. Il savait que sa violence à passer outre le refus du peuple lui vaudrait une réaction populaire dont il avait tout à craindre. Alors l’Etat a sorti les armes. Des armes lourdes dont ses forces dites de l’ordre usent à outrance. On évoque de plus la présence de certains éléments étrangers, par exemple des troupes ukrainiennes appelées en renfort. Il règne trop d’incertitude sur la nature de certains de ces éléments agressifs pour ne pas se poser de questions. L’affaire Benalla n’a-t-elle pas dévoilé dès le début l’existence d’une sorte de milice autour de Macron ? Comme si, dès son entrée en fonction, il avait anticipé l’exaspération populaire qu’il susciterait.

Scene2 violence policiere
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Nous avons affaire à des individus plus proches de soudards et de voyous que d’agents de police astreints à des règles de conduite. La provocation, l’intimidation, la menace, l’insulte, l’humiliation, le tabassage gratuit, notamment à terre, la fouille au corps de femmes par des flics aux mains baladeuses… tout respire l’ignoble dans ces comportements de soldatesque. A quoi il faut ajouter la surveillance algorithmique, les techniques illicites comme les nasses, les gazages intempestifs, les arrestations sur la voie publique sans motif recevable et l’absence de numéro de RIO sur l’uniforme. Bref, les infractions à la loi sont pléthore. Les images et les témoignages ont fait le tour du monde, soulevant une désapprobation unanime. Aurions-nous vu de telles images en provenance de Russie que personne n’aurait trouvé à redire si les médias avaient conspué le dictateur Poutine. Aussi l’étranger ne s’est-il pas gêné à traiter Macron de dictateur. Même le régime tant décrié des mollahs s’est fendu d’une condamnation cinglante. La chose serait presque comique, si des vies n’étaient pas en jeu ici comme là-bas. Le seul fait qu’un régime aussi tyrannique s’élève contre ce qui se passe en France est non seulement une gifle à Macron, mais un tocsin pour tous les partisans de la liberté et du respect du peuple.

L’interpellation de la frêle Salomé par la BRAV-M, qui porte si mal son nom, est édifiante. Elle fait le tour des réseaux sociaux. La jeune femme raconte. A sa camarade Noémie, une de ces brutes dit avec une jouissance malsaine : « Je vois la peur dans ton regard. J’aime ça. » Salomé raconte sa crainte de les voir charger à moto et se faire tabasser. Et c’est ce qui va arriver. Les coups pleuvent. Elle crie, elle pleure, elle panique. Elle fait mine de se rendre. Des passants, venus l’aider, sont écartés sans ménagement. Non content d’exercer une violence physique sans bornes, les voilà qui, après avoir rassemblé de nombreux interpelés, les alignent contre un mur et les laissent croire qu’ils seront déférés devant un tribunal en comparution immédiate. Les sévices mentaux après les coups physiques. L’anxiété après la violence. Le psychisme à l’épreuve après le corps. Un autre pandore se permet de la traumatiser par un : « Ta vie ne tient qu’à un fil. » Elle qui n’a rien à se reprocher. Quant à un jeune noir, il se voit la cible de plaisanteries racistes. Etonnant que leurs supérieurs toujours si prompts à traiter autrui de xénophobe tolèrent cela dans les rangs de leur milice, n’est-ce-pas ? Je vous passe la litanie des injures à caractère sexuel, pratique semble-t-il très répandue parmi ces handicapés du bulbe. La quasi-totalité des interpellations s’avèrera injustifiée et sans suite. Cependant ils auront fait passer le goût à tous ces jeunes et moins jeunes de battre le pavé les jours suivants. Mission accomplie pour le pouvoir qui ne rêve que d’étouffer la contestation dans l’œuf. Pense-t-il ensuite pouvoir redorer son blason ? J’en doute, vu qu’en France on a la mémoire longue sur ces flambées insurrectionnelles. C’est peut-être bien le seul exemple où le pays se retrouve à peu près uni et aime à en conserver le souvenir vivace.

Alors qu’est-ce qui expliquerait ce genre de conduite des forces de police ? D’abord elles tombent sous le coup de la loi. Dans un état dit démocratique, les coupables seraient sanctionnés illico et le ministre de l’intérieur déposerait sa démission séance tenante, ne pouvant cautionner de tels agissements. C’est d’ailleurs à l’acceptation de tels événements qu’on constate que la démocratie a fichu le camp. Sans vergogne, ces gens-là invoquent le droit à tout bout de champ et de manière inappropriée alors qu’ils le piétinent allègrement, eux et leur milice ivre d’agressivité. Rien donc ne justifie un pareil déferlement de coups. Seul l’expliquent la voie sans issue qu’a choisie le pouvoir et la peur qui semble le gagner, d’après des indiscrétions provenant de ses rangs.¾

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