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La trahison des intellectuels

Le 10/06/2022

Dans Actualités

Il est un fait, depuis deux ans et demi, les intellectuels ont été aux abonnés absents. Ils ont fait défection à la population traumatisée. Eux toujours si prompts à batailler en temps de paix, lorsqu’il n’y aucun danger de subversion de la démocratie, avaient pris l’habitude de parader sous les feux de la rampe, de discourir de tout et de rien et surtout d’admonester, en appelant à la vigilance anti-fasciste. Aujourd’hui que tous les feux clignotent pour signaler une alerte au totalitarisme le plus barbare, ils ont tourné la tête.

Peu coutumiers des joutes scientifiques et le plus souvent ignorants en ce domaine, ils s’en sont servis pour fuir le débat au moment de l’irruption du covid. Ils ont déserté l’agora comme de vulgaires délinquants déguerpissant du lieu de leur méfait.

Ainsi n’avons-nous pas eu l’occasion d’entendre le philosophe Alain Finkielkraut. Peut-être trop accaparé par l’effervescence qui règne sous la Coupole, il n’a pas trouvé le temps de ferrailler contre la dérive totalitaire actuelle, comme on aurait pu s’y attendre. En effet, l’homme a beaucoup étudié le phénomène totalitaire, son origine de juif ashkénaze l’y prédisposant. Il a lu avec assiduité Hannah Arendt. Il a été son exégète des années durant. A ce titre, on aurait pu croire qu’il avait été vacciné contre n’importe quel totalitarisme. On aurait supposé qu’il aurait reconnu sa version mondialiste sous sa fausse barbe et que l’opération covid ne l’aurait pas dupé. Eh bien non ! Je n’ai pas souvenir qu’il soit intervenu depuis 2020 pour nous alarmer du haut de toute sa science philosophale. Alors, à quoi lui auront servi toutes ces heures passées à étudier Arendt, à disséquer le mal s’il n’a pas vu qu’il revenait à peine travesti ? La seule intervention qu’il ait faite dans les médias, à ma connaissance, fut sa défense d’Olivier Duhamel lorsque sortit la sordide affaire de pédophilie et d’inceste dans laquelle était impliqué le politologue. Il a cru alors se donner le beau rôle en ne voulant pas hurler avec les loups. Comme si trouver des excuses à la pédophilie et à l’inceste valait la peine de s’exprimer. En revanche, l’éviction des soignants non-vaccinés l’a laissé sans réaction. Le cri de détresse des victimes de la vaccination n’a pas davantage ému notre philosophe. Qu’a-t-il fait de son savoir ? Rien. Il ne lui a pas permis de reconnaître à tous les coups le totalitarisme lorsqu’il sévit. Il ne lui a pas permis de constater qu’on avait ôté aux non-vaccinés d’aujourd’hui leurs droits inaliénables comme on l’avait fait aux juifs dans les années 40. Pourtant des rescapés des camps, telle Vera Sherav, ont fait ce rapprochement. Aussi, qu’on n’ajoute pas le sacrilège de parler d’antisémitisme avec ce parallèle ! Il est ô combien pertinent.

D’autres philosophes, tout aussi médiatiques, ont fait bien pire. Ils se sont vautrés dans la fange de la collaboration avec délectation, comme l’ignoble Raphaël Enthoven qui ne mérite pas un mot de plus.

Ariane bilheran

La philosophe Ariane Bilheran

Un esprit brillant a fort heureusement pris la relève. Il s’agit de la jeune philosophe Ariane Bilheran. Elle aussi a étudié l’œuvre d’Arendt, mais contrairement à Finkielkraut elle a aussitôt reconnu dans les événements récents la marque de la barbarie totalitariste. Elle a décrit avec justesse et concision sa perversité, son délire paranoïaque, sa méthode de harcèlement, la panoplie de ses moyens de persécution. Elle a montré pourquoi il lui était essentiel de se créer un ennemi intérieur afin de le jeter en  pâture. Tout cela, le grand philosophe ne l’a, semble-t-il, pas vu ou n’a-t-il pas jugé utile d’en avertir son public.

Beaucoup confesseront que, ne connaissant rien à la science, il leur était difficile de juger de la situation. Mais, devant les mensonges et les contradictions du pouvoir, ses mesures iniques, l’incohérence de certains de ses propos, n’était-il pas du ressort d’un intellectuel de s’élever contre les responsables de ce désastre ? Cela ne relevait plus de la science, mais du politique !

En réalité, grâce à ce détour par la science, on a réussi à faire plier l’échine de l’intelligentsia. L’idéologie mondialiste n’en était pas à son coup d’essai. Elle s’était déjà entraînée en soumettant les intellectuels à son dogme du réchauffement climatique. Des esprits pourtant éclairés, comme Etienne Klein, s’étaient laissé convaincre. Pourtant n’est-ce pas un signe de bonne santé mentale que de poser des questions en général et en science, tout particulièrement ? Face au covid, Klein réagit avec lenteur et prudence. Mais tellement de prudence que sa position en est devenue illisible. La folie persécutante du pouvoir n’a pas échappé à monsieur Klein mais pas au point de l’affronter dans un média de grand chemin

La plupart des historiens, des politologues, des philosophes, c’est attristant, ont approuvé le discours officiel avec parfois de la jouissance. En cela, ils ont imité leurs confrères de l’Allemagne nazie qui en grande majorité emboitèrent le pas à l’idéologie national-socialiste. Les uns l’ont fait sagement, d’autres ardemment. Mais, à quelque chose malheur est bon, une classe de nouveaux et courageux intellectuels est apparue. Aux côtés d’Ariane Bilheran, on a découvert le mathématicien Vincent Pavan qui a décortiqué la supercherie des chiffres fous du covidisme, ou encore l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel qui, de sa voix chaleureuse, a su remettre de la raison en matière sanitaire. J’en oublie forcément beaucoup. Qu’ils m’excusent d’avance.

Côté économistes, on a vu surgir de nombreux esprits clairs et avisés, comme Pierre Jovanovic, Olivier Delamarche, Charles Gave ou Philippe Murer, pendant que l’extraterrestre qui nous sert de ministre de l’Economie parlait de trente glorieuses pour l’économie française et autres billevesées. Encore un conte à dormir debout. Dans le domaine de l’Histoire, hormis Michel Maffesoli, personne n’est venu nous expliquer qu’il fallait réécrire des pans entiers de l’Histoire du XXème siècle pour comprendre ce qui nous arrivait. En fait, seuls des réinformateurs ont brisé la loi du silence en vigueur dans les médias et ont revisité les actions demeurées cachées du mondialisme. Mais évidemment les pires sont les historiens du présent, les journalistes, qui ont manqué à l’appel. Dans les mainstream, à l’exception de Richard Boutry, André Bercoff ou France Soir, tous ont évité de révéler la dérive totalitaire. Pire, ils l’ont accompagnée de tout leur poids. On cherche encore des journalistes à la dimension d’un Arthur Koestler ou d’un Lucien Bodard. Un grand reporter écrira-t-il un jour la chronique du mal des années 20 de ce siècle ?... Il ne fallait pas attendre davantage de lucidité et de courage de la part des écrivains. Aucun n’aura pris la plume avec la solennité nécessaire. Aucun Houellebecq n’aura défié l’Etat profond et son cynisme.

Les artistes auront quant à eux décroché la palme. Après guerre ils avaient constitué la réserve naturelle des intellectuels. Il faut dire que le danger était passé. Soixante dix ans plus tard, ils ont été à la hauteur de nos déceptions. Hormis un Lalanne au grand cœur, tous, je dis bien tous, ont été à Canossa. Réservés ou démonstratifs, politisés ou non, ils ont tous choisi de servir l’Etat tortionnaire, l’Etat persécuteur, l’Etat harceleur. Ils préservaient leur petite personne bien sûr. Jusqu’à Fabrice Luchini, tous sont rentrés dans le rang. Mais rien ne les obligeait à en rajouter. Beaucoup ont été en effet de zélés collabos, à la façon d’un Gallienne ou d’un Cluzet. Souvenez-vous comme ils se sont rué à la sauterie de l’Elysée, après la réélection de Macron pour faire allégeance au roitelet. D’autres, à la façon d’une Charlotte Gainsbourg, ont poussé la flagornerie jusqu’à se renier pour ne pas irriter le pouvoir. Cette dernière a ainsi récusé ses origines russes dans un tweet. Pour ne pas gâter la rhétorique otanienne, ses aïeux devinrent ukrainiens. J’irai cracher sur la tombe des miens, voilà à quoi s’est livrée la donzelle pour suivre la doxa, grande pourfendeuse de ce qui est russe. Le mieux qu’il puisse advenir de ces ordures est de se perdre à tout jamais des les oubliettes du temps. Sinon, la marque qu’ils laisseront sera des plus obscènes.

Cluzet

L'acteur François Cluzet à l'Elysée, le jour de l'investiture de Macron

Pour achever ce tour d’horizon du réservoir habituel des intellectuels, parlons des universitaires et des chercheurs. Le noyautage de l’université par le wokisme et la cancel culture ne fait plus mystère. Ce processus fut un excellent moyen d’embrigader professeurs et étudiants dans une démarche radicale. Une démarche qui les prédisposait à accepter les solutions extrêmes, surtout venant de leur bord politique. Mais on aurait cru la recherche scientifique épargnée. Cela n’a pas été le cas. L’enjeu était trop important. La découverte des labos d’armes biologiques en Ukraine et ailleurs en atteste. Les hommes en blouse blanche n’y travaillaient certainement pas pour le bonheur de l’humanité mais bien pour sa réduction. Sinon quel est l’intérêt de créer autant de virus ?

Je voudrais évoquer aussi l’aspect théorique. Françoise Combes, l’astronome française la plus titrée peut-être, donnait un jour une conférence sur la matière noire dont elle est une spécialiste. Suite à quoi, elle répondit aux traditionnelles questions. Un jeune homme l’interrogea alors sur le fait que d’autres théories s’offraient pour remplacer celle de la matière noire, si elle s’avérait déficiente. Je le rappelle, nous ne savons toujours pas en quoi cette matière hypothétique consisterait. On devrait d’ailleurs parler de la Théorie de la matière noire, car jusqu’à présent elle n’est pas confirmée par les observations. Mais non, on parle de matière noire comme si son existence ne faisait plus de doutes. On en montre même des images. Un comble ! Bref. A la question pourquoi peu de chercheurs se tournaient vers des théories alternatives, Françoise Combes eut l’air gêné avant de convenir que tout jeune chercheur qui s’y risquerait verrait sa carrière compromise. A son avis, il s’agissait à l’origine d’un fait plus sociologique que scientifique. Autrement dit, quitte à ce que la science soit dans une impasse, le système dans son conformisme dicte l’orientation des recherches. La quête scientifique est de ce fait reléguée au second plan. Des domaines aussi confidentiels que la matière noire sont eux aussi largement déterminés par une coterie qui fait passer en premier ses intérêts. Je vous le demande, à quel point sommes-nous libres dans tout cela ? Même notre imaginaire, celui qu’on sollicite pour appréhender l’Univers, se voit corseté par le champ étriqué que certains ont décidé de lui allouer. ¾

 

Photo d'illustration : Hannah Arendt

Ariane Bilheran Hannah Arendt Intellectuels

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