Un esprit brillant a fort heureusement pris la relève. Il s’agit de la jeune philosophe Ariane Bilheran. Elle aussi a étudié l’œuvre d’Arendt, mais contrairement à Finkielkraut elle a aussitôt reconnu dans les événements récents la marque de la barbarie totalitariste. Elle a décrit avec justesse et concision sa perversité, son délire paranoïaque, sa méthode de harcèlement, la panoplie de ses moyens de persécution. Elle a montré pourquoi il lui était essentiel de se créer un ennemi intérieur afin de le jeter en pâture. Tout cela, le grand philosophe ne l’a, semble-t-il, pas vu ou n’a-t-il pas jugé utile d’en avertir son public.
Beaucoup confesseront que, ne connaissant rien à la science, il leur était difficile de juger de la situation. Mais, devant les mensonges et les contradictions du pouvoir, ses mesures iniques, l’incohérence de certains de ses propos, n’était-il pas du ressort d’un intellectuel de s’élever contre les responsables de ce désastre ? Cela ne relevait plus de la science, mais du politique !
En réalité, grâce à ce détour par la science, on a réussi à faire plier l’échine de l’intelligentsia. L’idéologie mondialiste n’en était pas à son coup d’essai. Elle s’était déjà entraînée en soumettant les intellectuels à son dogme du réchauffement climatique. Des esprits pourtant éclairés, comme Etienne Klein, s’étaient laissé convaincre. Pourtant n’est-ce pas un signe de bonne santé mentale que de poser des questions en général et en science, tout particulièrement ? Face au covid, Klein réagit avec lenteur et prudence. Mais tellement de prudence que sa position en est devenue illisible. La folie persécutante du pouvoir n’a pas échappé à monsieur Klein mais pas au point de l’affronter dans un média de grand chemin
La plupart des historiens, des politologues, des philosophes, c’est attristant, ont approuvé le discours officiel avec parfois de la jouissance. En cela, ils ont imité leurs confrères de l’Allemagne nazie qui en grande majorité emboitèrent le pas à l’idéologie national-socialiste. Les uns l’ont fait sagement, d’autres ardemment. Mais, à quelque chose malheur est bon, une classe de nouveaux et courageux intellectuels est apparue. Aux côtés d’Ariane Bilheran, on a découvert le mathématicien Vincent Pavan qui a décortiqué la supercherie des chiffres fous du covidisme, ou encore l’anthropologue de la santé Jean-Dominique Michel qui, de sa voix chaleureuse, a su remettre de la raison en matière sanitaire. J’en oublie forcément beaucoup. Qu’ils m’excusent d’avance.
Côté économistes, on a vu surgir de nombreux esprits clairs et avisés, comme Pierre Jovanovic, Olivier Delamarche, Charles Gave ou Philippe Murer, pendant que l’extraterrestre qui nous sert de ministre de l’Economie parlait de trente glorieuses pour l’économie française et autres billevesées. Encore un conte à dormir debout. Dans le domaine de l’Histoire, hormis Michel Maffesoli, personne n’est venu nous expliquer qu’il fallait réécrire des pans entiers de l’Histoire du XXème siècle pour comprendre ce qui nous arrivait. En fait, seuls des réinformateurs ont brisé la loi du silence en vigueur dans les médias et ont revisité les actions demeurées cachées du mondialisme. Mais évidemment les pires sont les historiens du présent, les journalistes, qui ont manqué à l’appel. Dans les mainstream, à l’exception de Richard Boutry, André Bercoff ou France Soir, tous ont évité de révéler la dérive totalitaire. Pire, ils l’ont accompagnée de tout leur poids. On cherche encore des journalistes à la dimension d’un Arthur Koestler ou d’un Lucien Bodard. Un grand reporter écrira-t-il un jour la chronique du mal des années 20 de ce siècle ?... Il ne fallait pas attendre davantage de lucidité et de courage de la part des écrivains. Aucun n’aura pris la plume avec la solennité nécessaire. Aucun Houellebecq n’aura défié l’Etat profond et son cynisme.
Les artistes auront quant à eux décroché la palme. Après guerre ils avaient constitué la réserve naturelle des intellectuels. Il faut dire que le danger était passé. Soixante dix ans plus tard, ils ont été à la hauteur de nos déceptions. Hormis un Lalanne au grand cœur, tous, je dis bien tous, ont été à Canossa. Réservés ou démonstratifs, politisés ou non, ils ont tous choisi de servir l’Etat tortionnaire, l’Etat persécuteur, l’Etat harceleur. Ils préservaient leur petite personne bien sûr. Jusqu’à Fabrice Luchini, tous sont rentrés dans le rang. Mais rien ne les obligeait à en rajouter. Beaucoup ont été en effet de zélés collabos, à la façon d’un Gallienne ou d’un Cluzet. Souvenez-vous comme ils se sont rué à la sauterie de l’Elysée, après la réélection de Macron pour faire allégeance au roitelet. D’autres, à la façon d’une Charlotte Gainsbourg, ont poussé la flagornerie jusqu’à se renier pour ne pas irriter le pouvoir. Cette dernière a ainsi récusé ses origines russes dans un tweet. Pour ne pas gâter la rhétorique otanienne, ses aïeux devinrent ukrainiens. J’irai cracher sur la tombe des miens, voilà à quoi s’est livrée la donzelle pour suivre la doxa, grande pourfendeuse de ce qui est russe. Le mieux qu’il puisse advenir de ces ordures est de se perdre à tout jamais des les oubliettes du temps. Sinon, la marque qu’ils laisseront sera des plus obscènes.