Qu’est-ce qui fera que cette opinion dira stop aux monstruosités avant qu’il ne soit trop tard ? Le covid l’a laissée de marbre. Les Gilets Jaunes ne l’ont pas émue. Elle se fout de ses retraites. Elle se fout de ne plus se faire soigner dignement dans les hôpitaux et d’y mourir aux urgences. Elle se fout de son économie en lambeaux. Probablement qu’elle se fout aussi de sa progéniture, puisque son sang est appelé à être sacrifié pour le bon plaisir d’un général d’opérette et qu’elle ne s’en scandalise pas. Ira-t-elle à l’abattoir sans broncher ? Natacha Polony, qui n’a pas brillé pendant le covid, s’est néanmoins rattrapée : « Il ne s’agit même plus de la France, s’irrite-t-elle, ni de son affaiblissement par des élites aveugles et irresponsables, il s’agit de savoir si nous allons collectivement accepter de marcher comme des somnambules jusqu’à la guerre… Il s’agit de savoir si nous acceptons d’envoyer nos enfants mourir, parce que les Etats-Unis ont voulu à toute force implanter des bases aux frontières de la Russie. » Dira-t-on plus tard que nous avons vécu des temps déraisonnables où les hommes se foutaient de tout ? Et d’abord de la ribambelle de squelettes que leurs gouvernants planquent dans les placards ?
Du temps des Gilets Jaunes, je m’étais dit qu’il serait sage, qu’il serait temps de prendre du recul avec les événements du monde, d’autant plus que mon action sur eux était de l’ordre de l’infinitésimal. Je voulais aller cultiver mon jardin, au sens propre comme au figuré. Je voulais choisir de diriger mes pensées vers des contrées souriantes, des horizons prometteurs. Vous savez, ces soleils couchants qui sont annonciateurs de grandes choses, de voyages initiatiques qui débutent à minuit… Bref, de nombreux thèmes m’attiraient et j’avais décidé d’en faire mon univers. Et puis merde à Vauban !
Seulement, le mouvement des Gilets Jaunes m’a montré assez vite que ce serait difficile désormais de s’enfermer en haut de sa tour d’ivoire. Lorsqu’ensuite le covid a débarqué avec sa cohorte de bobards, d’aberrations et d’insanités, alors j’ai su qu’il me serait impossible de regarder le navire sombrer sans dire un mot. Je n’avais pas été élevé pour rester fermé au malheur du monde. Je ne verrai pas le Titanic couler en dansant la mazurka au son de son orchestre. Et puis ma formation scientifique ne m’aurait pas laissé gober l’imposture covid. C’était une offense au peu d’intelligence que j’ai. Alors, mes rêves de partir pour des ailleurs plus radieux se sont envolés. J’ai même arrêté mes travaux astronomiques au grand dépit de mon entourage. Toutefois d’autres que moi se sont retrouvés devant semblable situation. Ce fut le cas d’une femme dont j’ai gardé le souvenir.
Il y a une trentaine d’années, en villégiature près de Bormes-les-Mimosas, alors que je flânais, je suis entré dans une galerie de peinture du vieux bourg. La dame qui me reçut était fort avenante et avait d’indéniables talents d’artiste. A tel point que je repartis, une de ses toiles sous le bras. Ce tableau, un portrait, orne toujours mon salon. Auparavant, j’eus tout loisir de converser avec elle. En compagnie de son époux, elle vivait l’hiver à Saint-Germain-en-Laye et l’été sur la Côte d’Azur. Manifestement elle faisait partie d’une certaine bourgeoisie. Autant dire que je n’étais pas de son monde, moi qui n’avais jamais un sou devant moi. La conversation à bâtons rompus finit par dériver sur le contexte politique. Malgré nos divergences, nous convînmes que le pays filait un mauvais coton, encouragé en cela par des élites incompétentes qui n’avaient pas le sens du bien commun. La preuve en était que l’insécurité grandissante était un jouet entre leurs mains contre les français eux-mêmes. Or, je me fis la réflexion, en sortant de cette rencontre, qu’une personne comme elle aurait très bien pu se dire : après moi le déluge. Sa vie était privilégiée à coup sûr. Deux domiciles de grande valeur dans des lieux prisés auraient dû suffire à faire son bonheur. Mais elle ne voyait qu’une chose, que le pays allait sombrer. Nous le voyions tous les deux, nous l’anticipions et nous ne pensions qu’à cela. Cela occupait notre esprit, l’empêchant, elle, de jouir de sa bonne situation et, moi, de profiter de mon premier enfant en toute sérénité. Lorsqu’on a une certaine éthique dans l’existence, on ne pense pas après soi le déluge. On ne se détourne pas de ses devoirs envers les générations qui suivent. Avant de se quitter, elle me fit découvrir le jardin des délices, un minuscule jardin communal ignoré des touristes. Quelques instants passés en ce lieu enchanteur et j’étais enivré du parfum entêtant des daturas qui exhalaient sous un soleil de plomb. J’oubliais alors, pour quelques minutes, la puanteur de l’atmosphère qui n’a cessé de croître depuis.
Ce qui est difficile à vivre, c’est de continuer comme avant, comme si de rien n’était, comme si nous ne savions pas ce que nous savons désormais sur les ploutocrates et leur projet criminel. Ce qui est difficile, c’est de vivre dorénavant dans le mensonge institutionnalisé, dans la gouvernance maligne des décideurs, bref dans la peur de se réveiller un matin et de voir que nous n’habitons qu’une prison de haute sécurité à ciel ouvert.
Alors il faut repartir au combat, malgré ces moments d’épuisement bien naturels. Notre sens moral nous l’enjoint. L’avenir de nos enfants nous y oblige. L’espoir, après tout pas si fou, d’assister un jour à l’écroulement de Babylone nous y exhorte. Et si les informateurs de Morad El Hattab disent vrai, Macron aura quitté la présidence avant la fin 2024. Inch Allah !¾
Photo d'illustration : © Keila Maria de Pixabay