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La chute d’un symbole

Le 11/07/2022

Dans Actualités

Il y a quelques mois, des citoyens russes avaient pris l’initiative de construire une immense structure de 23 mètres de hauteur, faite de paille et de bois, et représentant la Tour de Babel. Ils y avaient ensuite mis le feu, non sans une certaine joie. Ce prodigieux brasier, allumé dans les champs de la région de Kalouga, à plus de deux cents kilomètres de Moscou, était chargé de symbole, au regard de la situation actuelle dans le monde.

Les organisateurs de ce rituel déclarèrent qu’ils souhaitaient que «  cela devienne un événement qui unira les gens et les aidera à survivre à ce qui se passe dans le monde ». Si les diverses déclarations ont été œcuméniques en appelant à la fin de la discorde entre les hommes et à la charité, il n’en reste pas moins que le choix de Babel était hautement symbolique.

Tour babel guy boulianne

Une Tour de Babel éphémère en Russie en mars 2022 (photo : Guy Boulianne)

Il fait en effet référence à l’épisode biblique au cours duquel les hommes voulurent construire une « tour vers le ciel ». Pour châtier leur orgueil, Jéhovah altéra leur langue. Ne pouvant plus se comprendre, ils se dispersèrent sur toute la Terre. L’épisode fut, selon la Bible, à l’origine de la diversité des langues. Mais ce projet de reconstitution d’une Babel éphémère n’avait pas de vue politique. On aurait pu penser que la Tour symbolisait le nouvel ordre mondial et son orgueil démesuré d’atteindre le ciel, son gouvernement et sa langue uniques. Que la discorde qui avait enrayé la finalisation de la Tour était ici symbolisée par la résistance des nations. Et, au final, que l’incendie de cette Tour de Babel improvisée signifiait l’effondrement de ce projet antihumaniste. Au moins dans les intentions cachées des organisateurs. Mais je crois qu’une pareille interprétation allait beaucoup plus loin qu’ils ne le voulaient. Les patriotes ont surinterprété le message qu’ils voulaient voir venant de la Russie de Poutine, quelques jours après le début du conflit Russie-OTAN sur le sol ukrainien, un symbole de la lutte contre le mondialisme.

Il s’agit en fait d’une fête folklorique qui a pour habitude de s’achever par un grand feu de joie où une œuvre d’art spécialement conçue pour l’occasion est vouée au bûcher. Il n’y avait donc là qu’un faux symbole. Pas un quelconque fondement idéologique à y chercher.

En revanche, en ce qui concerne l’effondrement des Georgia Guidestones, il en va autrement. Le 6 juillet 2022, une personne s’est introduite probablement sur le site de ces mégalithes en Géorgie, pour y déposer une bombe. Une vidéo fait état de la venue et du départ d’une silhouette sur les lieux. L’explosion, qui a été filmée, a fait voler en éclats un des blocs verticaux et a endommagé la dalle horizontale supérieure. Le souffle a pris une direction bien spécifique. Quelques heures plus tard, et bien que les autorités locales aient ouvert une enquête, une pelleteuse arrivait pour détruire l’ensemble de l’édifice, eu égard aux mesures de sécurité. C’est du moins la justification qui en a été donnée. Est-ce qu’on saura un jour pour quelle raison on a si vite décidé d’abattre l’ensemble des dalles, détruisant par la même occasion des indices importants ? Personne n’en a encore la moindre idée.

Georgia guidestones 1

Les Georgia Guidestones avant leur démolition

L’ensemble de ces pierres gravées qu’on appelle Georgia Guidestones, les pierres guides de Georgie, hautes de six mètres, est souvent présenté comme mystérieux par les mainstream. Cela pour mieux déconsidérer tous ceux qui s’y réfèrent en montrant le monument comme une preuve gravée dans le granit des objectifs de l’élite mondiale. On l’a appelé le Stonehenge américain, à tort à mon avis. Cet ensemble de 7 blocs a été conçu par un ou plusieurs anonymes sous le pseudonyme de RC Christian et construit par un artisan dans le comté d’Elberton, Joe Fendley, puis érigé et inaugurée le 22 mars 1980. Les fonds s’élevant à plusieurs millions de dollars, donc certainement pas en provenance d’une obscure officine complotiste, mais bien plutôt d’un agent provocateur et fortuné du Deep State, auraient transité par le banquier Wyatt Martin, le seul apparemment à connaître le ou les commanditaires. Elle comporte un message traduit en huit langues (remarquez que le français n’y figure pas) à l’adresse de l’humanité et pour un « âge de raison ». La pierre faîtière recèle même des inscriptions dans des écritures anciennes.

Il est d’usage de dire que les détracteurs du mondialisme abhorrent ce monument parce qu’ils le considèrent dédié au nouvel ordre mondial. Et pour cause, on va le voir. En dehors d’indications astronomiques, qui pourraient présenter un caractère occulte, selon certains, en raison de l’appartenance probable de ses concepteurs à des sociétés secrètes, les stèles délivrent leur message sous la forme de dix préceptes. Le premier consiste bille en tête à ramener la population mondiale à 500 millions d’êtres humains en perpétuel équilibre avec la nature. Et cela est asséné le plus tranquillement du monde. Déjà l’écologie était utilisée de manière abusive comme moyen de faire passer un malthusianisme qui ne passerait pas autrement. Quelle est cette obsession de vouloir faire des coupes sombres dans l’effectif humain ! Le deuxième impératif est de guider la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité. Ce charabia sous-entend, à moins d’être sourd, la réglementation du nombre d’enfants par foyer, la reproduction sélective ou la stérilisation des nuisibles, autrement dit l’eugénisme le plus obscène. Le troisième rêve d’unir l’humanité sous une seule langue, un quatrième de régler les conflits entre nations par un tribunal mondial. A ce stade, nous ne sommes plus très loin d’un gouvernement mondial. Un autre veut équilibrer les droits personnels et les devoirs sociaux. Le crédit social pointe ici le bout de son nez. Quand ce n’est pas pour gérer les passions, la foi et les traditions avec la raison. Là, on devine en termes pudiques qu’il s’agit de contrôle mental. Et ce ne sont pas des extrapolations exagérées. Leur cumul annonce le plan à longue échéance du Nouvel Ordre Mondial. Si cette prose ne fleure pas bon le mondialisme dans toute sa splendeur, j’arrête aussitôt mes chroniques.

Stele en anglais georgia guidestones

La partie supérieure de la face écrite en anglais d'une des quatre stèles verticales

Du temps de ma jeunesse, il était de bon ton d’afficher de l’intérêt pour un certain mondialisme, mais du genre nous sommes tous des citoyens du monde. Le bon vieux Baden-Powell était en vogue avec ses principes pacifistes et sa camaraderie internationale. Quant à l’esperanto, elle faisait figure de langue d’avenir pour les hommes de bonne volonté sur les cinq continents. Mais cette perspective d’un futur radieux n’excluait pas 95% de l’humanité ! Elle n’envisageait pas de nous faire tous bouffer des insectes. Au contraire, ces idées étaient altruistes. Nous aspirions, par exemple, à faire disparaître la faim de la surface du globe, mais pas en alimentant les peuples à coup de cafards et de sauterelles. Nourrir l’humanité avec l’une des dix plaies d’Egypte ne nous serait pas venu à l’idée. Depuis, une élite toute puissante s’est emparée du débat, l’a confisqué, l’a dévoyé à son seul profit, en prêchant un mondialisme tout en perversités et en morbidités.

S’il s’avère que l’effondrement des Guidestones est un signe avant-coureur d’une autre chute, celle du mondialisme ainsi symbolisé depuis quarante ans, il restera gravé dans l’histoire comme l’allégorie du totalitarisme démoli par les objecteurs de conscience du monde entier. Il prendra place dans la galerie des symboles historiques juste après la chute d’autres pierres célèbres, celles du mur de Berlin. ¾

 

Photo d'illustration : les Georgia Guidestones après leur endommagement le 6 juillet 2022

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