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De très chers dictateurs

Le 16/11/2023

Dans Actualités

Le risque avec le mondialisme, c’est d’abord le mondialisme mais aussi le danger de voir réhabilités tant de régimes oppressifs de par le monde : dictatures communistes, républiques islamiques… J’ai ainsi entendu un commentateur, plutôt suivi sur la toile, faire le panégyrique de Kadhafi, celui de Saddam Hussein dans une moindre mesure, celui de Kim Jong-un et même celui du vénézuélien Nicolás Maduro ! Je l’ai entendu vanter le régime chaviste, qui a tant affamé et opprimé son peuple, uniquement parce qu’il s’élevait contre les occidentaux. Il n’a pas osé aller jusqu’à soutenir clairement le régime des mollahs ; cependant je ne désespère pas ! Sur un réseau social affilié à sa chaine, j’ai eu l’occasion de lire les mêmes louanges de dictateurs, qui ont eu pourtant du sang français sur les mains. Drôle de patriotisme ! Drôle d’époque !

Je veux parler en effet de Kadhafi. Il aurait protégé son peuple, à écouter ces groupies de dictateurs, par une politique innovante d’état providence. Un welfare state à la mode cyrénaïque, en quelque sorte. Je ne connais pas assez l’histoire récente de la Libye, mais ce que je sais c’est l’implication du colonel Kadhafi dans le terrorisme international au cours de sa sinistre carrière. Ainsi a-t-il dû faire face aux accusations d’avoir fomenté l’attentat à la bombe de Lockerbie en 1988 et un autre contre le vol UTA772 à destination de Paris en 1989. Deux attentats qui provoquèrent la mort de 429 passagers et membres d’équipage. Certains ont la mémoire courte, voire pas de mémoire du tout. Kadhafi protecteur des peuples ?... laissez-moi rire. Qu’il ait voulu émanciper son pays sur le plan monétaire en le soustrayant à l’influence du dollar, comme certains commentaires l’affirment, pourquoi pas. Et que ce geste lui ait valu une exécution en règle par l’oligarchie, c’est possible. Toutefois il faudra en apporter les preuves circonstanciées. Et quoiqu’il en soit, cela ne le classera jamais à mes yeux au rang de bienfaiteur du genre humain.

Voilà le danger. A force de détester, à juste titre, les dirigeants aux ordres du système mondialiste, beaucoup en viennent à blanchir les régimes les plus corrompus, les plus sanguinaires et les plus totalitaires de la planète. Dans un immense fourre-tout, ils rangent tyrans communistes, potentats théocratiques liberticides et dictateurs en tous genres, et pensent pouvoir les exonérer de leurs crimes pour mieux accuser les mondialistes des leurs, au seul fait que ces despotes s’opposent à l’occident. Ainsi les BRICS et les pays, qui vont s’y agréger, représentent tellement pour eux cette alliance, qui va nous sauver en mettant à bas le système financier sous contrôle globaliste, qu’ils sont prêts à fermer les yeux sur les torts, la cruauté et la menace réelle de ces régimes politiques, de la Russie à l’Iran en passant par l’Arabie Saoudite et la Chine.

Nous nous sommes alliés à l’URSS de Staline durant la seconde guerre mondiale. Il le fallait, mais fallait-il pour autant lui tresser des couronnes ? A aucun moment. C’est le peuple russe qu’il fallait louer parce qu’il se sacrifiait à coup de millions d’êtres humains. Pas Staline le boucher.

Pour tous les amnésiques de gauche ou de droite, qui, au prétexte de combattre le totalitarisme de Davos, sont prêts à diner avec le diable, qu’il soit communiste ou islamiste, examinons le cas de deux dictateurs qui ont eu leur heure de gloire et ont réussi à conserver leur auréole malgré leurs actes.

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Allende, ce terne héros de la gauche

Prenez pour commencer l’icône de la gauche, Salvador Allende. Quel flot de louanges ne s’est-il pas déversé sur celui qui est tombé sous les coups du général Pinochet et de la CIA. Président de 1970 à 1973, il était pourtant déterminé à transformer son pays en une dictature communiste. En deux ans à peine, il avait mis son pays en faillite. Les produits alimentaires étaient rationnés, les salaires chutaient, l’inflation grimpait à des hauteurs stratosphériques, plus de 600 % la dernière année... Les grèves paralysaient le pays et les ménagères manifestaient leur mécontentement à coup de concerts de casseroles, comme on l’a fait en France contre Macron et sa casse sociale. De plus, et c’est là où la comparaison devient encore plus pertinente, la crise économique se doublait d’un volant politique. En effet, les mesures d’Allende étaient toutes prises par décret. Le parangon de la gauche se dispensait ainsi de passer par la Chambre, où ses députés étaient minoritaires. Troublant parallèle, n’est-ce pas ? Car que fait d’autre Borne avec son 49.3 sinon court-circuiter le Parlement où elle n’a pas la majorité absolue ? A la fin du mois d’août 1973, une résolution sera adoptée au Parlement chilien pour dénoncer « la grave violation de l’ordre constitutionnel et juridique de la République » et l’intention d’Allende d’instaurer « un système totalitaire absolument opposé au régime démocratique ». C’est ensuite à l’appel de cette majorité parlementaire que l’armée interviendra. Hélas pour le peuple chilien, un dictateur ne fit qu’en chasser un autre. Mais l’historiographie n’a reconnu comme dictateur que le seul Pinochet. Jamais l’image d’Allende ne fut dégradée ni même écornée. Plus encore que Castro, Allende est resté dans l’imaginaire collectif comme un démocrate exemplaire et certainement pas comme l’apprenti dictateur qu’il était dans son exercice du pouvoir. Il faut dire qu’il n’eut pas le temps, comme Castro, de laisser un bilan marqué par « la haine, le peloton d’exécution, la dissimulation, le vol, la corruption, le mensonge, la faim, les barbelés » et les massacres. Pour cette raison, son personnage est toujours adulé et ses actes condamnables passés sous silence.

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Ahmed Ben Bella devant le drapeau algérien aux emblèmes islamiques (le vert, le croissant et l'étoile rouge à cinq branches)

Second exemple, la guerre d’Algérie. Le FLN la gagna entre autres parce qu’il avait acquis le soutien des forces dites de progrès. Mais, nous prévient le journaliste Bruno Larebière, «  loin d’être populaire et démocratique, la rébellion anti-Algérie française visait d’abord à l’instauration de l’islamisme. Idem pour ses chefs, dont ben Bella, le premier président dictateur algérien. » Croyant soutenir la juste cause de l’indépendance algérienne, les hommes de progrès ont été dupés et n’ont fait que préparer le terrain à une autre prise de pouvoir. Le FLN a misé sur le nationalisme panarabe pour ne pas s’aliéner la sympathie et l’appui de la gauche française. Surtout pour ne pas en effrayer ses composantes loin d’être acquises, à l’époque, au ferment islamiste. Son objectif dépassait donc la simple aspiration nationaliste. Le philosophe Pierre Maillot, en quête de vérité, raconte : « une autre guerre avait été menée par le FLN, intérieure à l’Algérie et au monde arabe, non déclarée, non médiatique, une guerre secrète. Dans cette guerre-là, il n’était pas question de combattre pour le socialisme, la réforme agraire, la libération de la femme, les libertés démocratiques. Il s’agissait de libérer la terre d’Islam de la présence de l’infidèle, de reprendre la reconquête qui remonte aux croisades. Il s’agissait de djihad. » La gauche en chœur n’a surtout rien voulu voir. Par complicité, par ignorance ou par volonté de ne pas être taxée de racisme, elle a fait le jeu de l’islamisme. Trente ans après l’indépendance de l’Algérie, des centaines de milliers d’algériens étaient trucidés parce qu’un islamisme encore plus radical (avec le FIS) le disputait à la dictature en place. Ben Bella, ancien chef du FLN et premier président algérien, reconnaitra lui-même qu’afficher son nationalisme n’avait pour vocation que de complaire à la communauté internationale qui y était sensible. En réalité, le nationalisme est une notion étrangère au monde islamique, concède Ben Bella. Son véritable objectif aura été de paver la voie à l’islamisme. Le concept d’« islamisme doit commander tout le reste », lâchera-t-il. D’ailleurs, dès 63, l’Islam sera proclamé religion d’état, sans que cela émeuve les belles consciences anticléricales. Les femmes seront écartées de la vie politique, là encore sans qu’aucune Simone de Beauvoir ne s’en préoccupe. Sans que personne ne sourcille, l’islamisme relégua le nationalisme aux oubliettes. Il lui avait seulement permis, tel un cheval de Troie, d’expulser la France d’Algérie avec l’assistance des « autorités morales » parisiennes. Même aujourd’hui il reste difficile de présenter les événements dans une juste perspective historique, tant la nomenklatura a pris le parti inconditionnel de l’ancien colonisé.¾

 

Photo d'illustration : Mouammar Kadhafi

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