Etre incapable de convaincre du bien fondé de ses avertissements est arrivé à un intellectuel réputé en son temps, Raymond Aron. De retour d’Allemagne en 1933, où il avait passé quelques mois, l’auteur du Spectateur engagé raconte avoir évoqué avec son entourage d’esprits brillants toute l’inquiétude que lui inspirait le pays dirigé par Hitler. Mais là aussi, Aron demeura désarmé devant leur réaction. Son entourage fit preuve de la plus grande incompréhension. Malgré toute sa force de conviction, et l’homme en avait, il ne réussit pas à éveiller le cénacle de penseurs qu’il fréquentait. Par-dessus tout, le fait qu’il soit juif fut considéré par ses interlocuteurs comme du parti pris contre le führer, un biais irrémédiable pour envisager avec clairvoyance la réalité, selon eux. Pour me consoler, je me dis souvent que, si j’ai échoué là où a échoué Raymond Aron, il n’y a pas à battre sa coulpe. Même Aron n’aurait pas fait mieux que moi pour aider les personnes, auxquelles je tiens, à y voir clair.
Nous avons tous été victimes du syndrome de Cassandre. Apollon, parce que Cassandre se refusa à lui, lui jeta un sort, celui de ne pas être crue, même par les siens, lorsqu’elle les avertirait des dangers qu’ils encouraient. Quelle que soit la pertinence de nos arguments, nous avons parlé dans le vide. Comme Cassandre, nos paroles ne pouvaient atteindre nos proches. Nos mots ne résonnaient plus dans leur esprit.
Un alerteur de premier plan, l’Aile à stick, a fort bien résumé la situation dans laquelle nous avons été quasiment tous à nous retrouver. « La grande majorité des inoculés, écrit-il, souffre du syndrome de Stockholm. On aura beau leur démontrer que les labos sont des criminels en puissance, ils chercheront inexorablement à les excuser et à les laver de toutes leurs fautes, même les plus ignobles, s’ils peuvent bénéficier du Saint Graal : le vaccin anti-covid. »
A cette heure où les effets secondaires explosent, où les témoignages abondent d’anonymes qui n’ont plus le moindre doute sur l’origine de la brusque détérioration de leur santé et où tant de monde fait la sourde oreille autour d’eux, préférant ignorer le crime plutôt que de constater qu’ils y ont participé par leur passivité et leur acceptation, il existe une autre façon de voir les choses, il apparait une nouvelle raison pour laquelle maintenant ces personnes se voilent la face. Après avoir corrompu la médecine, la politique et les médias, le système a rendu l’humanité toute entière complice de son crime contre… elle-même ! C’est là le prodige que le système a su réaliser. Faire de ses victimes des complices. Une fois complices, les victimes allaient-elles se rebeller et intenter des actions en justice, quitte à se voir elles-mêmes inculper ? Bien sûr que non, hélas. L’Etat profond et ses officines, comme la CIA, ont eu des décennies pour concocter un plan si machiavélique. Le seul qui les assurait d’une réussite totale, à pareille échelle.
Le syndrome de Stockholm est dépassé à ce stade. Communément, en effet, il consiste pour un otage à trouver des excuses au preneur d’otage, voire à prendre fait et cause pour lui. Mais là, le preneur d’otage a fait de son otage un complice de son crime. Ce n’est plus seulement que l’otage veuille amadouer son geôlier pour, un jour, monnayer sa libération, ce n’est plus qu’il prend son parti pour résoudre le dilemme auquel il est confronté, la dignité ou la vie, c’est qu’il a de son plein gré secondé le criminel dans son forfait, se rendant complice du criminel à un niveau égal de culpabilité.
Si nous avons été neutralisés de notre côté par un syndrome de Cassandre et si notre entourage a quant à lui cédé au syndrome de Stockholm, le résultat diabolique de notre affrontement aura été de voir les moutons aller d’eux-mêmes à l’abattoir.¾
Photo d'illustration tirée de la Rose Blanche