Proxima du chorizo

Peut-être s’est-il fait cette réflexion au hasard d’une belle soirée, à l’heure de l’apéritif, en scrutant une tranche de chorizo qu’on lui servait. A l’examen, l’allure de ce morceau de charcuterie a dû rappeler à ce féru d’astronomie la surface d’une étoile rouge. Mais un néophyte, lui, aurait pu s’y méprendre, pour peu qu’on le lui présente de manière trompeuse.

De là à passer à l’acte, à faire une photo de cette tranche de chorizo, la présenter sur un fond noir et la faire passer pour le dernier cliché de la Rolls Royce des satellites d’observation, le tout neuf télescope spatial James Webb  (JWST), c’était un peu osé. Le pas n’a pas dû être si facile à franchir. Surtout pour un physicien orthodoxe comme lui, qui ne s’est jamais fait remarquer par ses traits d’humour ou par de quelconques facéties.

Mais, un temps, il oublia le directeur de recherche qu’il était pour l’animateur radio qu’il est devenu. Et ce dernier n’a pas résisté, semble-t-il, à l’idée de rouler son public. Il a tweeté : Photo de Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche du Soleil, située à 4,2 années-lumière de la Terre. Elle a été prise par le JWST. Ce niveau de détails… Un nouveau monde se dévoile jour après jour. Suite à quoi il a publié sa truculente image d’une rondelle de chorizo. Et la toile de s’embraser ! Compte tenu du pedigree de l’auteur, le profane fut loin d’y voir une farce. Au contraire.

Seulement l’emballement dépassa ses espérances, et Klein ne put le maitriser. Alors il décida de révéler le pot aux roses : Je me sens obligé de préciser, avoua-t-il, que ce tweet montrant un prétendu cliché de Proxima du Centaure relevait d’une forme d’amusement. Apprenons à nous méfier des arguments d’autorité autant que de l’éloquence spontanée de certaines images […] Il finit par une touche d’humour un rien méprisante : Selon la cosmologie contemporaine, nul objet relevant de la charcuterie espagnole n’existe ailleurs que sur Terre.

Contacté par la presse, l’homme de science reconverti en amuseur publique consentit à s’expliquer. C’est la première fois que je fais une blague, moi qui fais figure d’autorité scientifique. Le fait de dire aussi que la photo provient du JWST était une caution.

Moi je crois plutôt, dans cette affaire, que la véritable caution ce fut lui. Ce fut sa personne. Mais le pire réside dans la conclusion : ça illustre aussi le fait que sur ce type de réseaux sociaux les fake news ont toujours plus de succès que les vraies infos. Comme si les médias mainstream, où il aime paraître, ne propageaient pas sciemment des fake news bien plus graves encore. Bien plus manipulatrices. La dernière en date : cette cheminée que les journalistes de France 2 et ceux d’autres médias ont fait passer pour un missile russe. Voilà qui est aussi tordant que de prendre du saucisson pour un astre stellaire, non ? Que je sache, l’humoriste des étoiles n’a pas jugé bon de tweeter à cette occasion sa désapprobation des médias du système. Dommage.

Allons plus loin. Si monsieur Klein tient à démonter les mystifications, qu’il ne se gêne pas pour mettre à mal les pseudo-études des charlatans du climat et les fake des médias traditionnels qui prétendent détenir la vérité et jouent les perroquets. A-t-il jamais cherché à vérifier la robustesse de leurs thèses ? En réalité, non. Il a même participé, de mémoire, à la stigmatisation des courageux climatosceptiques. Comme s’il considérait que le débat était clos avant même d’avoir été ouvert. Etrange pour un homme de science. Personnellement c’est en ce sens que je crois qu’il l’a trahie. Il a dénié aux contestataires du prétendu réchauffement climatique imputable à l’homme tout droit au débat.

Mais, sachant tout cela et notamment sa sortie sur Proxima du Chorizo, le pire aura été son silence sur les inepties scientifiques de la doxa pendant l’opération covid. Il s’est tu quand d’autres comme Jean-Pierre Luminet sont bravement montés au créneau pour défaire la fausse science. Etienne Klein lui s’est tu, semblant ainsi acquiescer. A aucun moment il n’a soulevé les montagnes d’incohérences et de contre-vérités des scientifiques de plateau. Pourtant il avait des compétences en matière de science et de surcroît des talents indéniables de communicant. Il n’en a rien fait. Il m’est hélas douloureux de dire qu’au contraire il a collaboré. Oui, monsieur Klein a collaboré !

Aujourd’hui il vient faire la leçon aux réseaux sociaux et les mettre en garde. Que n’a-t-il mis en garde ses auditeurs contre les dangers de ladite vaccination anticovid !  Là il aurait fait œuvre de salubrité publique. Que n’a-t-il mis en garde les médias contre leurs aberrations sur le plan scientifique. Deux ans et demi de foutaises propagées par les médias, ce n’est pas cela qui manque à mettre sous le nez des candides !

Alors, monsieur Klein, malgré tout le plaisir que j’ai eu, par le passé, à vous écouter parler du Temps, je vous le dis : vous m’avez profondément déçu. Est-ce votre capacité à énoncer la science ou votre courage qui vous a manqué ? Je l’ignore. Un vrai, un dur ne s’en serait pas laissé compter et aurait engagé la bataille en pourfendeur des fakes scientifiques.

Conclusion. Dans la mémoire collective, Etienne Klein restera comme le découvreur de Proxima du Chorizo. Toute une carrière dans les clous pour finir comme l’inventeur d’une belle… supercherie. ¾

Photo d'illustration : Proxima du chorizo, la fameuse image du tweet d'Etienne Klein