Créer un site internet

L'enfermement des cerveaux

Le 06/03/2022

Dans Actualités

Au cours de sa dernière intervention, Eric Verhaege s’est penché sur la passivité des français depuis deux ans. Il est remonté à la notion de stratégie du choc telle qu’elle avait été introduite par Naomi Klein. Sans adhérer à toutes les positions de l’altermondialiste, Verhaege n’en déduit pas moins que nous avons été l’objet, à grande échelle, d’une manipulation mentale. Il mentionne alors le travail des psychologues qui travaillèrent pour la CIA, à l’occasion du projet MK-Ultra.

Ces bienfaiteurs de l’humanité parvinrent à s’emparer du psychisme d’un individu, comme un prisonnier de guerre pour ne citer que cet exemple. La privation sensorielle et la diffusion de messages en boucle furent expérimentées pour déstructurer l’esprit des cobayes et en prendre le contrôle. Verhaege fait alors le rapprochement avec les procédés de l’opération covid. L’isolement imposé à chacun d’entre nous par les confinements et autres couvre-feux, la répétition de messages anxiogènes comme l’électrochoc quotidien du nombre de morts, censés l’avoir été à cause du covid, par le croquemort Salomon font étrangement penser aux méthodes de la CIA. Ce reformatage n’est pour Verhaege que la transposée, à l’échelle d’une population, de l’expérience de contrôle mental d’un sujet. Pour reprendre les mots du chroniqueur, l’obéissance, la passivité, et j’ajouterais la docilité, qui s’en sont suivies en deux ans de covid, ne pourraient se reproduire à l’identique sous l’opération ukrainienne.

Un premier indice semble lui donner raison. Ce ne sont que des faits anecdotiques. Ils apportent toutefois de l’eau à son moulin. A la question, « Faut-il s’inquiéter de ces Français qui ne soutiennent pas l’Ukraine ? », une question déjà très orientée et méprisable de TPMP, car elle officialise d’emblée la distinction, comme pour la vaccination, entre les bons français et ces français qui ne penseraient comme il faut, on découvre un résultat sans appel de 90% de NON sur 35444 votes exprimés. Il faudra que le bouffon de service Hanouna en tienne compte, car les Français réfractaires qu’il semble considérer comme minoritaires sont loin de l’être et sont de moins en moins perméables au discours matraqué par la totalité des médias, du Figaro à Libé, de LCI à RTL. En parlant de RTL, un autre tweet sondage a été publié par la station à propos de l’élection présidentielle avec la formulation suivante : « souhaitez-vous la réélection d’Emmanuel Macron ? ». Le résultat du sondage a tellement médusé ses commanditaires, 84% de NON sur 41058 votes exprimés, que ces aficionados de la liberté d’expression n’ont rien trouvé de mieux à faire que de supprimer le tweet, puis de le remettre en ligne, les compteurs à zéro naturellement. Quelques heures plus tard s’affichait un bon 95% de NON pour 62269 votants. Une vraie gifle ! Mais des sondages dont le résultat constitue un camouflet pour le pouvoir et ses valets de médias, ça ne date pas d’aujourd’hui. Pourquoi avec l’affaire ukrainienne, qui est basée elle aussi sur la peur, le pays ne réagirait-il pas conformément à sa réaction au covid, c’est-à-dire par la passivité ?

Sondage1
Sondage2
Sondage4

Je me suis donc interrogé, après que la question a été livrée à notre sagacité par Eric Verhaege. Les français feront-ils preuve de la même obéissance une fois encore ? Pour ma part, le principe que ce qui vaut pour l’un vaut pour l’ensemble, autrement dit que l’on puisse transposer l’expérience de contrôle psychique d’un individu à une population toute entière en appliquant des méthodes similaires, ne me semble pas complètement pertinent. L’ingénierie sociale n’est pas un copier-coller de la psychologie de barbouze pour conditionner ses victimes. Ce serait considérer une foule comme une unité pensante et vivante au même titre qu’un seul de ses membres. C’est pourquoi l’explication d’hypnose collective ne peut être, à mon sens, qu’une image. Toute analogie a ses limites. Les ressorts doivent différer sensiblement selon l’échelle.

J’ai suffisamment été frappé par la soumission de mes contemporains aux règles stupides et vexatoires que leurs dirigeants leur ont fait subir, j’ai été assez exaspéré de les voir se plier à toutes sortes d’injonctions sans le plus petit recul, pour ne pas avoir inlassablement recherché la raison pour laquelle des gens civilisés sombrent dans l’hystérie, manifestent si peu de jugement et, au final, ne montrent aucun courage dans l’adversité. C’est peut-être là le pire, au point d’accepter de laisser mourir ses vieux dans l’indifférence, d’amener ses enfants à l’école pour qu’ils étouffent derrière des muselières quand les décideurs s’en affranchissent allègrement et de demander à des non-injectés, à l’exception de leurs députés comme de bien entendu, de s’injecter comme eux, malgré les alertes réitérées sur la nocivité des produits et les preuves qu’ils ne veulent surtout pas voir, là encore par peur. Comment tous ces arguments factuels ne réveillent-ils pas nos compatriotes, au nom de la raison ou au nom de la compassion, valeur humaniste s’il en est. J’ai été assez furieux de faire ce constat pour ne pas chercher l’origine profonde de ces comportements. La peur, je l’ai dit dans un article précédent. L’obéissance, j’approuve l’idée. En effet, la fameuse expérience de Milgram n’est plus à présenter, dont chacun sait qu’elle illustre la subordination à l’autorité jusqu’à la caricature. Mais alors, si c’était la principale raison, pourquoi en irait-il différemment aujourd’hui ? Ces causes me paraissent sans doute nécessaires mais peut-être pas suffisantes.

Dietrich Bonhoeffer, un jeune pasteur, fut emprisonné pour sa participation à un complot contre Hitler. En prison, il se mit à réfléchir à la façon dont un pays de poètes et d’intellectuels comme l’Allemagne avait pu se transformer en une communauté de lâches, de crapules et de criminels. Il a finalement conclu que la racine du mal n’était pas la méchanceté mais la stupidité. Pour lui, la stupidité était l’ennemi. En effet, raisonner un être stupide revenait à parler à un sourd. Vous ne feriez que l’irriter. Bonhoeffer voyait en la bêtise non pas une carence d’ordre intellectuel mais d’ordre moral. A ses yeux, il semblait que certaines conditions une fois réunies pouvaient rendre certains stupides, tout spécialement lorsqu’ils étaient en groupe. Il voyait là un problème d’ordre sociologique et non pas tant psychologique. De plus, s’il prenait l’envie à l’autorité d’aggraver son emprise, cela ne ferait qu’encourager cette stupidité, qui elle-même renforcerait le pouvoir. Ce n’est donc pas le manque d’intelligence de certains qu’il faut incriminer, mais l’abandon plus ou moins conscient de leur autonomie intérieure, la perte de leur indépendance. Personnellement c’est ce qui me fait dire que le terme de stupidité est mal choisi, voire qu’il ne reflète pas la nature exacte de la raison de leurs agissements. Ou bien il faudrait parler de stupidité sociale, une expression qui me semble encore trop floue pour recouvrer le sens que Bonhoeffer voulait lui donner. Le discours de ces êtres est une resucée des slogans officiels. Dépossédés de leurs facultés à juger par eux-mêmes, ils en deviennent incapables de différentier le bien du mal. A la question de savoir ce qui pourrait les désenvoûter, songe Bonhoeffer, et compte tenu du diagnostic, il faudrait un acte de libération et non point un acte de rééducation. Or cet acte de libération intérieure ne peut précéder, nous dit-il, celui de la libération effective, c’est-à-dire de la chute de l’autorité tyrannique. Avant l’acte historique de libération, aucune chance de perturber le citoyen devenu complice du bourreau. Bonhoeffer n’aura pas eu le bonheur de connaître la libération de son pays. Il sera pendu quelques jours avant que son camp soit libéré. Pour résumer, un acte de résistance ne découlerait donc pas d’une pensée cartésienne, mûrement élaborée, mais d’une volonté qui s’exprime. Peu importe que l’appellation soit inopportune, la thèse est à méditer. En outre la notion d’autonomie intérieure me semble un filon à creuser. Elle atteste aussi du fait que nous avons été nombreux, dès le début 2020, à refuser d’abdiquer devant l’absurde, et que nous le sommes de plus en plus, et de plus en plus ouvertement.

Nous ne sommes pas encore arrivés au temps de l’introspection. Il viendra quand nous serons libérés concrètement de nos oppresseurs. Mais si le diagnostic s’avère bon, inutile de vouloir convaincre les zélateurs du système, ces capitulards de la première heure. Il faut œuvrer pour que le système s’effondre avant toute chose. Mais le problème reste entier, car comme dirait Lénine, encore un qui s’y connaissait en matière de totalitarisme pour l’avoir exercé, que faire ?

Bonhoeffer rejetait l’excuse de l’ignorance comme explication du consentement. Pour autant depuis deux ans nous ne cessons de la combattre en informant, car nous sommes persuadés que l’ignorance est hautement préjudiciable. D’ailleurs Julian Assange n’en démord pas. Ecoutons-le : « Une des choses que j’ai découverte est que presque chaque guerre qui a débuté au cours des cinquante dernières années a été le résultat de mensonges médiatisés. Les médias auraient pu les arrêter s’ils avaient fait assez de recherche, au lieu de relayer la propagande gouvernementale. Qu’est-ce que cela signifie fondamentalement ? Ça veut dire que les populations n’aiment pas les guerres, et qu’elles doivent être manipulées pour les accepter. Elles n’acceptent pas la guerre aveuglément. Donc si nous avions un bon environnement médiatique, nous aurions un environnement pacifique. L’ennemi numéro un est l’ignorance. »

Les médias, voilà le terreau sur lequel prospère le totalitarisme. C’est un podium pour enfumer la foule et s’assurer de son adhésion. Au mépris de la raison, en affirmant les pires stupidités, le despote continue à avoir la main, grâce à leur concours. Partout on y ment, on y raconte des fables, on triche avec des photos anciennes qu’on fait passer pour de récentes, on donne la parole aux mêmes bonimenteurs, et le tout dans un emballage qui dégouline en apparence de bons sentiments. Tout cela pour prêter main-forte au despote. Et monsieur tout le monde arrive à se satisfaire du cirque médiatique. Mais pourquoi ? On a dit à cause de la peur, ou de l’obéissance, ou encore de la stupidité, mais peut-être aussi à cause du manque de compréhension de ce qui lui arrive lorsqu’il est exposé, sans défense psychique, à la violence d’état. Il perd du coup tout moyen de combattre son ignorance. Il reste tétanisé au point de refuser de saisir quelle est l’agression dont il fait l’objet, ni même qu’il est l’objet d’une agression. En conséquence, il n’a d’autre choix que le déni de cette violence. Ainsi il vous dira qu’on est encore en démocratie en dépit des faits qui lui auraient crevé les yeux en d’autres temps. Cela aussi on le lui aura ôté, le discernement entre la réalité et la mise en scène. Si nous avons tous l’opportunité d’aller sur des réseaux sociaux qui opèrent un travail de ré-information, et nous sommes maintenant une majorité à aller nous y informer, en revanche l’individu tétanisé ne pourra pas faire l’effort. Ses barrières psychiques ayant cédé lui interdisent toute recherche personnelle du sens des choses. De plus, pour lui, les médias alternatifs n’ont pas la valeur normative et patentée d’une chaine de télévision. Il s’abreuvera de ce fait aux seuls grands médias comme on s’en remet à la providence.

Accélérer la dégénérescence des médias reste, à mon humble avis, le moyen le plus sûr de déconstruire le discours totalitaire. L’incohérence, qui ne manquera pas de résulter du télescopage des discours successifs dans les médias suite aux chocs traumatiques rapprochés d’une pandémie, d’une guerre et de je ne sais quoi d’autre encore, aura raison de la névrose officielle. Il n’y a pas lieu d’attendre. Il faut pilonner sans relâche leur philosophie du chaos. Les médias doivent être à leur tour manipulés de sorte que leurs propos finissent par creuser leur tombeau.