Le cas du Venezuela, traversé par une grande agitation suite à une nouvelle élection présidentielle, très suspecte, le 28 juillet dernier, de laquelle le dictateur Maduro serait soi-disant sorti vainqueur avec 51% des voix, est symptomatique de la désorientation de ces antimondialistes. Voyons où va se nicher leur manque de discernement.
Au début, on a évoqué à Punta Cardon, dans l’Etat de Falcon, l’irruption de miliciens chavistes armés et masqués dans un bureau de vote afin d’emporter les urnes. Puis les premières nouvelles d’après-scrutin en provenance de Caracas faisaient mention d’émeutes et d’une possible fuite de Maduro de son Palais de Miraflores. Certains se réjouissaient déjà d’une révolution qui renverserait le dictateur. Des rumeurs faisaient état de policiers refusant de réprimer le peuple mécontent et d’unités de la police et de la Garde nationale de la province d’Anzoategui se joignant au soulèvement. Cependant, très vite, d’autres rumeurs arrivèrent qui laissaient entendre que ce début de révolution avait été fomenté par Washington. Pourtant avisé la plupart du temps, Silvano Trotta écrivait décontenancé : « Loin de moi l’idée de défendre Maduro, dictateur gauchiste qui ruine le pays. Mais ces émeutes et son opposant principal sont financés par la CIA […] Il est hors de question pour les Etats-Unis de voir un pays si riche en pétrole, gaz, or tomber dans le giron des BRICS. » Quand ce ne furent pas des informations diffamant carrément les émeutiers en signalant leur encadrement par des gangs criminels, eux-mêmes instrumentalisés par une opposition vendue à l’Amérique. Or, rappelons d’abord qu’Edmundo Gonzalez, l’adversaire de Maduro, avait déclaré ne pas appeler ses partisans à descendre dans la rue. Ce qui laisse sans voix, c’est que les propagateurs de ces informations partisanes, en faveur du régime, n’hésitent pas à prendre pour argent comptant les paroles d’un Maduro, c’est qu’ils relayent sa rhétorique, qu’ils affirment sans preuve que nous avons affaire à une tentative de révolution colorée et surtout qu’ils nient que le peuple vénézuélien aspire à se débarrasser de ses tyrans. Certes, il est possible qu’en sous-main des agents mondialistes soufflent sur les braises. Je n’en exclus pas l’éventualité. Cependant, permettez-moi de n’accorder aucun crédit à la logorrhée usuelle des marxistes purs et durs à la Chavez. Critiquer les mondialistes pour se jeter aussitôt dans les bras des chavistes, c’est tomber de Charybde en Scylla. Ce régime inique ne survit que grâce à l’armée. Vous parlez d’une adhésion populaire ! Chavez puis Maduro ont fait de ce pays un crève-la-faim et de sa capitale un coupe-gorge. Quant à l’antisémitisme entretenu depuis Chavez, il est inscrit dans leurs gênes. J’en veux pour preuve l’alliance de longue date du régime chaviste avec l’Iran des Mollahs. Entre la gauche internationaliste et l’Islam, c’est une longue histoire d’amour vache, qui se termine toujours au détriment de la première. A la fin c’est toujours l’Islam qui l’emporte par la violence. Ce qu’a l’air d’ignorer Réseau International qui prend fait et cause pour Maduro en écrivant que finalement « grâce à un déploiement militaire permanent, les autorités vénézuéliennes ont contrôlé les foyers de violence organisés à Caracas par l’extrême-droite dirigée par Maria Corina Machado et Edmundo Gonzalez ». Manifestement, pour les tenants du mondialisme comme pour ceux du marxisme et pour Réseau International, ce qui n’est pas à gauche est à l’extrême-droite. Même dialectique de l’intolérance, même ostracisme, même hémiplégie. Appréciez encore le maniement de l’euphémisme : le fait d’écrire un déploiement militaire permanent évite d’avoir à parler d’une répression par la force armée, le fait d’écrire encore les foyers de violence plutôt que l’insurrection populaire permet à l’auteur de reprendre à son compte la phraséologie du pouvoir arbitraire, enfin le fait de qualifier par principe toute opposition d’extrême-droite est devenu le réflexe de Pavlov des intolérants. Pour Réseau International et d’autres, il ne peut y avoir d’insurrection populaire contre le petit père des peuples Maduro. Ce ne sont pourtant pas les raisons qui manquent. Mais eux verront dans tout soulèvement la pâte de Soros ou de la CIA et jamais un peuple qui brise les chaînes d’une autre dictature, la dictature communiste. Pour ces idéologues, c’est impensable. N’est-ce pas pratique pour une dictature de se cacher derrière une autre, déclinant ainsi toute responsabilité !
Des milliers de partisans de l’opposition sont descendus dans la rue au lendemain de l’annonce des premiers résultats, exigeant la publication des chiffres officiels au niveau des circonscriptions. En retour, ils ont compté onze cadavres dans leurs rangs. Pour certains antimondialistes donc, peu importe les réclamations de l’opposition et peu importe qu’on tue certains de ses manifestants, du moment qu’on la suppose contrôlée par l’Etat Profond. En revanche, quand les gauchistes descendent dans les rues de Paris contre un parti légaliste comme le RN, sauvant une fois de plus la mise à Macron le totalitaire, et ce sans craindre la moindre violence policière, ces mêmes antimondialistes n’y voient jamais la main de l’ennemi. Il faut dire qu’on a tendance à tout passer à la gauche.