De Hama au Hamas

A-t-on délégitimé l’Etat allemand, une fois la boucherie nazie passée ? Y-a-t-il eu un seul esprit troublé pour demander la dissolution de la nation teutonne ? Ou encore les vainqueurs de la seconde guerre mondiale ont-ils pensé démanteler l’Etat italien, après la chute de Mussolini ? Les faucons américains quant à eux ont-ils seulement pensé à découper l’Irak après Saddam Hussein, lui qui avait gaiment passé par le fil de l’épée chiites du sud et kurdes du nord ? Arrêtons là, la liste serait trop longue. Aucun de ces pays n’a disparu malgré les exactions dont leurs dirigeants ont pu se rendre coupables. Mieux encore, personne ne l’a jamais exigé. Personne n’y a même songé. Et certains voudraient faire d’Israël une exception ?

Rappelons que les israéliens ont, tout comme les américains et les européens, subi les attaques de leur propre gouvernement, obéissant ainsi au plan mondialiste. Ils en ont été les premières victimes. En effet, n’a-t-on pas dit qu’Israël avait été le laboratoire du monde sur la question des vaccins covid ? D’ailleurs les effets secondaires y sont apparus en premier, et avec quelle virulence. Alors si le gouvernement israélien prend des décisions qui déplaisent à certains, ce que je conçois encore une fois, que leurs critiques s’abattent sur ledit gouvernement et non sur le pays lui-même. Quand ils s’émeuvent des mesures haïssables prises par nos dirigeants depuis le covid, que je sache, ils ne demandent pas la disparition des Etats-Unis ni de la France !

Pour pouvoir délégitimer Israël, un certain nombre d’historiens de comptoir de bistrot avancent que l’Etat hébreu a été fondé par les Rothschild. Voilà un raccourci facile qui ne traduit en rien la réalité. Si les Rothschild y ont contribué, ce sont les pionniers, avec à leur tête Theodor Herzl, qui ont insufflé l’esprit de création d’un foyer national juif. De là est né le projet d’une patrie pour les juifs sur la terre de leurs ancêtres. Je rappelle également que c’est l’ONU qui établit fin 47 le partage de la Palestine, jusque-là sous mandat britannique, entre les juifs et les arabes. L’Etat d’Israël est créé le 14 mai 1948 et, dès le 15, de concert les états arabes limitrophes lui déclarent la guerre. Dès le début, Israël n’a jamais été accepté de ses voisins, et pourtant il n’y avait encore ni prétendus colons, ni territoires soi-disant occupés.

Si les défenseurs de la cause palestinienne appellent à demi-mots à l’abolition de l’Etat d’Israël, c’est davantage par antisémitisme que par amour de cette cause. Sinon ils défendraient celle aussi noble de bien des peuples à travers le monde. Mais ils n’en disent rien. Ces peuples asservis ne les concernent pas. Ce qu’ils veulent ce n’est pas tant un Etat palestinien vivant en bonne intelligence avec un voisin israélien. Non. Ce qu’ils veulent c’est qu’il n’y ait pas de voisin israélien.

Je voudrais retranscrire ici le témoignage d’un observateur yéménite qui me parait fort pertinent : « A ceux qui brandissent le drapeau palestinien, s’indigne-t-il, où étiez-vous lorsque l’Etat islamique a été lancé au nom de l’Islam et a décapité des dizaines de milliers d’arabes en Libye, en Syrie et en Irak ? Pourquoi n’êtes-vous pas descendus dans la rue, n’avez-vous pas hissé leurs drapeaux et condamné la terreur ? Et appeler à un cessez-le-feu ? Où étiez-vous lorsque les dictateurs et terroristes arabes ont tué des centaines de milliers d’arabes en Syrie ? Pourquoi n’êtes-vous pas descendus dans la rue à ce moment-là pour brandir les drapeaux syrien et libyen et condamner la terreur et appeler à un cessez-le-feu ? Où étiez-vous au cours de la dernière décennie, lorsque l’Arabie Saoudite, soutenue par d’autres pays arabes, a tué et affamé plus de 400 000 yéménites, mon pays ? Je n’ai vu aucun d’entre vous descendre dans la rue, hisser le drapeau yéménite ou condamner le terrorisme ou appeler à un cessez-le-feu. Cela appelle une certaine réflexion personnelle. Quand des millions d’arabes sont massacrés par d’autres arabes, vous ne dites absolument rien. Mais quand 7 000 arabes sont tués par des juifs défendant leur droit à l’existence, vous vous révoltez. Vous vous mettez en colère. Vous hissez le drapeau. Vous condamnez la terreur. Vous appelez à un cessez-le-feu. Vous bouleversez le monde. Pourquoi donc ? Pourquoi étiez-vous alors si silencieux, mais si bruyants maintenant ? Se pourrait-il que vous leviez enfin un drapeau et vous créiez le chaos parce que vous détestez seulement le fait que les auteurs soient juifs ? Parce que cela ne vous intéresse visiblement pas lorsque des millions d’arabes sont tués par des arabes. Se pourrait-il que vos manifestations dans les rues ne soient que le simple fait d’exprimer votre haine envers les juifs ? La même haine que nous avons apprise dans nos mosquées et nos écoles ?... » D’une génération à l’autre, une telle haine du juif fait en effet partie de la propagande que ce soit à la mosquée, à l’école coranique ou à la télévision. Elle façonne l’opinion arabe partout en terre d’Islam, le Dar-al-Islam. Et ce racisme anti-juif diffuse forcément en terre Dar-al-Harb, l’Europe par exemple. Là, les manifestations récurrentes d’hostilité envers Israël et les juifs en sont l’expression la plus tangible.

Rien de plus éloquent que les paroles prononcées par des personnalités en vue du monde arabo-musulman. En voici un florilège. Par exemple, le 20 octobre dernier, à la mosquée des Omeyyades à Damas, le cheikh Tawfiq Muhammad Sa’id Ramadhan Al-Bouti prononçait son sermon du vendredi : « Les juifs se caractérisent principalement par la trahison, la criminalité et le meurtre. Ils sont connus comme les tueurs des prophètes […] Le moment est venu pour le déluge de noyer l’existence sioniste au moyen de ce Jihad sans précédent qui a étonné le monde. » Quelles belles paroles d’amour et de paix de la part d’un religieux ! Dommage que nos aficionados de la cause palestinienne et grands humanistes ne les aient pas entendues. Nouvel exemple, Ghazi Hamad, un responsable du Hamas s’exprime : « Nous répéterons l’attaque du 7 octobre, encore et encore, jusqu’à ce qu’Israël soit anéanti. » Voilà qui a le mérite de la clarté. Quand on dit que ces fanatiques n’ont qu’un but, celui d’anéantir leur ennemi ! Pas de le vaincre, mais bien de l’anéantir. Allez ensuite parlementer avec eux. Autre exemple encore, le commandant en chef du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique déclare : « Le Jihad a toujours été une partie inévitable de l’histoire de l’Islam ; le régime sioniste est comme un poignard planté dans le corps du monde islamique. » Voilà la véritable raison de vouloir détruire l’Etat hébreu. Je n’en finirais pas si je devais tout énumérer. Mais finissons avec ces mots de Suleyman Sezen, un homme politique turc du parti d’Erdoğan. Après avoir demandé qu’Allah bénisse Hitler, il termine avec cette sentence : « Une fois que le monde sera purifié des juifs, il y aura la paix. » Et puis un tout dernier, de la part cette fois du leader du Hamas et milliardaire le reste du temps, Ismail Haniyeh. « Les femmes, les enfants et les personnes âgées, a-t-il dit, doivent mourir à Gaza pour nous aider dans notre lutte contre Israël ». On voit quel prix ce débonnaire personnage attache à la vie de ses propres concitoyens. Je défie quiconque de trouver une solution en faveur d’une coexistence pacifiste avec de tels sectaires, qu’ils soient politiciens, religieux, militaires ou intellectuels. Pour ceux qui souhaiteraient avoir un aperçu plus détaillé, je conseillerais de visiter le site de MEMRI, un observatoire des médias du Moyen-Orient. Visite édifiante garantie !

Un double traitement asymétrique permet la diabolisation d’Israël par ses innombrables détracteurs. D’un côté, l’amalgame est vite fait entre le gouvernement, l’Etat et le peuple. Pourtant le peuple manifeste depuis des mois contre Netanyahu, même maintenant en période de guerre, mais rien n’y fait. Tous sont mis dans le même sac. D’un autre côté, l’amalgame n’est jamais opéré entre le Hamas et le peuple palestinien, en particulier de Gaza. On prend bien soin de distinguer l’un de l’autre. Mais je pose la question. A-t-on jamais vu de manifestations du peuple gazaoui contre les islamistes ? Cela prouverait au moins que le peuple palestinien les désapprouve. La réponse à cette question, tout le monde la connait, c’est non. Aussi est-ce que je trouve mal à propos le dessin ci-dessous. Il se veut impartial certes, mais si un peuple réagit contre ses dirigeants, en revanche l’autre pas. La réalité est là aussi. Ce dessin ne représente donc que ce que certains voudraient voir, et qui n’est qu’un leurre.

Ce que je remarque, hélas, c’est la grande solitude du peuple israélien, seul contre son Etat profond prêt à l’éradiquer de l’intérieur, seul face à l’indifférence voire la lâcheté des peuples occidentaux et seul devant l’animosité d’une grande partie du monde musulman. Le peuple hébreu se retrouve ainsi au carrefour de deux totalitarismes. Nous y serons nous-mêmes, en France, lorsque la submersion migratoire, voulue par le mondialisme et amplement travaillée par l’islamisme, aura fini de faire son œuvre. Si j’ai longtemps été aveugle aux manipulations de l’oligarchie occidentale, parmi ceux qui la combattent aujourd’hui un certain nombre d’entre eux restent étrangers aux dangers de l’islamisme, soit par méconnaissance, soit par volonté de ne pas diviser, soit par une peur inavouée. Eux qui s’opposent au Nouvel Ordre Mondial, n’ont-ils rien à reprocher à l’islamisme dont le but final est un Califat Mondial, autrement dit un Nouvel Ordre Mondial à la sauce coranique ? Alexandre Del Valle tient le même discours lorsqu’il affirme que « l’Islam est un universalisme concurrent de l’universalisme occidental. » C’est d’ailleurs à cela qu’on reconnait que ce sont deux totalitarismes, cette aspiration à assujettir la surface du globe.

Chez nous, qui soutient implicitement la fin d’Israël ? La gauche dans son écrasante majorité, des Verts à LFI, hormis certains socialistes, peut-être parce qu’ils sont juifs eux-mêmes. Quant au milieu patriote, il tient un discours prudent et mesuré, mais certains de ses sites s’emportent sur la question et sont envahis d’arguments piochés dans le vieux fond anti-juif du monde musulman. Il est consternant d’y retrouver mauvaise foi et contre-vérités : raccourcis historiques, biais idéologiques, interprétations erronées, balancées sans la moindre preuve à l’appui, etc. Cela valait bien la peine de réclamer la vérité à corps et à cris à propos du covid et des exactions de nos gouvernants, si c’est pour retomber aujourd’hui dans les poncifs les plus éculés concernant Israël et le monde islamique. D’ailleurs, vous n’y lirez pas la moindre critique de l’Iran qui brime son peuple depuis 44 ans, de l’Arabie Saoudite qui bombarde la population yéménite dans un silence assourdissant ou encore de la Syrie où sévit le clan El-Assad depuis un demi-siècle. Qui a manifesté contre les bombardements et les vingt mille morts provoqués par Hafez El-Assad en décrétant en 1982 le massacre de la ville de Hama par son frère Rifaat, afin de réprimer la rébellion islamiste ? La ville fut alors coupée du monde pour que le bain de sang se déroule à l’abri des regards indiscrets. Des exemples comme celui-là, qui ont laissé le monde indifférent, j’en ai à la pelle. Serait-ce que ces sites sont, pour le coup, atteints eux aussi par un antisémitisme rampant ?

Dans le conflit proche-oriental également, l’attitude à avoir n’a rien de simple. Se retrouver sur la même longueur d’onde que des mondialistes ne signifie en rien que l’on fait fausse route. Si Biden, le plus grand président de l’histoire américaine, à en croire le fin connaisseur qu’est François Hollande, a fait mine de soutenir de manière inconditionnelle Netanyahu, on apprend que Soros, autre mondialiste de la bande, a versé plus de 15 millions de dollars à des organisations pro-Hamas. Voyez, que l’on penche pour un camp ou pour un autre, on se retrouve quoiqu’on fasse avec des mondialistes dont on sait qu’ils excellent à miser sur tous les tableaux à la fois. Quant à Trump et Robert Kennedy Jr, leur engagement auprès de l’Etat israélien n’a pas fait défaut. Ce qui navrera bien des patriotes égarés par leur vision de l’histoire à géométrie variable.

Dans de précédents articles, j’ai eu à constater les implications criminelles de bien des juifs qui ont trempé dans le mondialisme jusqu’au cou. Je l’ai déploré amèrement. J’ai dénoncé ces traitres et ces vendus de la pire espèce. Mais ce n’est pas pour verser dans la détestation d’une communauté toute entière et encore moins pour lui dénier le droit de disposer d’une patrie dans laquelle elle pourra se reconnaitre.¾

Photo d'illustration : Hama 1982 après le massacre